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Helika n'ayant reçu aucune nouvelle de toi, malgré les informations toujours infructueuses que nous apprîmes de toutes parts, que se trouvant seule, isolée et sans protection sur la terre, te croyant mort, Angeline consentit à épouser l'unique homme qu'elle eut jamais aimé après toi.

Publié le 11/04/2014

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Helika n'ayant reçu aucune nouvelle de toi, malgré les informations toujours infructueuses que nous apprîmes de toutes parts, que se trouvant seule, isolée et sans protection sur la terre, te croyant mort, Angeline consentit à épouser l'unique homme qu'elle eut jamais aimé après toi. Cet homme c'est Attenousse." Puis, comme s'il eût craint d'exciter ma colère, Anakoui ajouta: "remarque que c'est la seule chose qu'elle ait fait sans ta permission et c'était pour se débarrasser des persécutions de l'infâme Paulo qui la tourmentait sans cesse dans les moments où Attenousse et sa mère s'absentaient." "Tout alla pour le mieux dans le jeune ménage. Deux ans et demi après leur union, une petite fille est venue prendre place auprès d'eux. Cette enfant est une fleur que les femmes se passaient tour à tour pour l'embrasser. La mère, la grand'mère, la pressaient à tous moments dans leurs bras. Ils étaient alors heureux et rien ne venait troubler leur bonheur, Paulo étant disparu; mais le génie du mal dont il était l'instrument planait sur la demeure de nos amis." "Il y a, comme tu le sais, à une quinzaine de lieues du campement, une rivière qu'on appelle la Rivière aux Castor. Ses bords sont très giboyeux. La marte, le vison, le pékan et le loup-cervier s'y trouvent en abondance. Parfois aussi, l'ours et l'orignal viennent se désaltérer dans le cristal de ses eaux. Tu connais d'ailleurs tout cela." "Un jour Attenousse, avec un de ses amis, résolut d'aller y chasser pendant quelque temps. Ces deux hommes s'aimaient réciproquement et sans arrière-pensées." "Ils tendirent des pièges aussitôt arrivés dans cet endroit. La journée du lendemain se passa à choisir les places les plus avantageuses pour parcourir la forêt et à dresser un camp. Attenousse à bonne heure le surlendemain s'était levé pour aller examiner leurs trappes. Il lui fallait pour cela, parcourir une grande distance et son compagnon qui n'avait pas sa vigueur, dormait encore lorsqu'il partit." "Le couteau qu'il portait ordinairement, lui avait servi à dépecer à son déjeuner quelques pièces de venaison; sur le manche était sa marque comme c'est l'habitude de tout sauvage de l'y ciseler, il oublia de le remettre dans sa gaine." "Lorsqu'il revint vers cinq heures du soir, un désordre affreux existait dans la cabane. Une lutte désespérée et sanglante avait dû avoir lieu, car le sang avait jailli et on en voyait les traces toutes fraîches." Son malheureux compagnon, étendu par terre, râlait les derniers soupirs de l'agonie. Un couteau était enfoncé dans sa poitrine. Attenousse s'élança aussitôt, arracha l'arme de la blessure et vit avec stupeur que c'était le sien. Au moment où il le rejetait avec horreur, des éclats de rire se firent entendre, en se retournant, il aperçut la figure de l'odieux Paulo avec deux autres figures également patibulaires qui le contemplaient en poussant des ricanements d'enfer. Ils portaient eux aussi sur leurs habits et leurs figures des traces du sang de leur victime. Ils en avaient mêmes les mains rougies. Attenousse demeurait anéanti. Pendant ce temps, un des scélérats s'avança, saisit le couteau, le retourna en tous sens, le montra à ses deux associés et tous trois sortirent du camp en continuant leurs ricanements sataniques, proférant des paroles de menace et emportant avec eux l'arme fatale. Mais dans des natures fortes et énergiques comme était celle du mari d'Angeline, la réaction se fait vite. LE MEURTRE. 39 Helika Il se mit à leur poursuite, après avoir suspendu toutefois le cadavre de son ami pour le mettre à l'abri des bêtes fauves en attendant que quelqu'un de la tribu vint le chercher pour le déposer dans le cimetière de la bourgade; ce qui donna aux meurtriers le temps de mettre une bonne distance entre eux et lui. Grand fut l'émoi à la nouvelle qu'apporta Attenousse parmi ces bons sauvages, car la victime était très estimée par tout le monde. On assembla un conseil, et il y fut décidé qu'un parti de chasseurs irait immédiatement chercher le corps du malheureux, tandis qu'Attenousse, accompagné de tout ce qu'il y avait de plus respectable dans la tribu, se rendrait faire sa déposition devant un juge de paix. LE JUGE DE PAIX. Était-ce une superstition ou y a-t-il, comme beaucoup le croient quelquefois, prescience chez l'homme? Voilà la question que je me suis posée depuis en pensant au récit, de mon ami Anakoui. Attenousse, continua-t-il, fit le lendemain matin ses adieux à sa vieille mère, à sa femme et à son enfant, comme s'il eut pressenti qu'il ne les reverrait plus, il les tint longtemps fortement embrassées, des larmes même coulaient de ses yeux. Il semblait triste et préoccupé en parlant. Ils arrivèrent vers cinq heures de l'après-midi et se rendirent immédiatement à la maison du juge qu'on leur indiqua. Là ils furent reçus par un homme d'une taille élevée, aux yeux hors de tête, avec une bouche édentée et des manières grossières et impérieuses. --Que me voulez-vous; demanda-t-il d'un ton altier et arrogant. --Vous parler d'une affaire de meurtre qui vient d'avoir lieu sur le bord de la Rivière aux Castors. --Quel est votre nom, dit-il en s'adressant directement à Attenousse? Celui-ci se nomma sans défiance. --Alors votre déposition est toute faite, ajouta-t-il d'un ton sinistre, puisque tel est votre nom. Ce juge de paix s'appelait Justitia Bélandré. C'était un homme stupide et grossier comme nous l'avons dit, ignorant et fanatique au suprême degré et par là même bouffi d'orgueil. Le mensonge et la calomnie ne lui coûtaient nullement dès qu'il s'agissait de faire du tort à quelqu'un qu'il n'aimait pas. Dans ses élucubrations mensongères et calomniatrices, il signait Justifia. Comme aide-de-camp et huissier se trouvait un autre être aussi vil et méprisable que lui. C'était son rapporteur: son nom était José. Leur secrétaire à tous deux était un nommé Vergette. Ainsi se composait le tribunal devant lequel devait comparaître Attenousse. Sur un ordre qu'il donna tout bas, Vergette disparut et revint au bout de quelque temps, escorté de sept à huit hommes. C'était ce qu'attendait le juge, car, aussitôt qu'ils furent entrés et qu'il fut certain qu'il n'existait pour lui aucun danger, il était si lâche le misérable, que, se levant du haut de sa grandeur, il prononça lentement,: "Attenousse, d'après des dépositions qui m'ont été faites ce matin, par trois hommes respectables de votre LE JUGE DE PAIX. 40

« Il se mit à leur poursuite, après avoir suspendu toutefois le cadavre de son ami pour le mettre à l'abri des bêtes fauves en attendant que quelqu'un de la tribu vint le chercher pour le déposer dans le cimetière de la bourgade; ce qui donna aux meurtriers le temps de mettre une bonne distance entre eux et lui. Grand fut l'émoi à la nouvelle qu'apporta Attenousse parmi ces bons sauvages, car la victime était très estimée par tout le monde. On assembla un conseil, et il y fut décidé qu'un parti de chasseurs irait immédiatement chercher le corps du malheureux, tandis qu'Attenousse, accompagné de tout ce qu'il y avait de plus respectable dans la tribu, se rendrait faire sa déposition devant un juge de paix. LE JUGE DE PAIX. Était-ce une superstition ou y a-t-il, comme beaucoup le croient quelquefois, prescience chez l'homme? Voilà la question que je me suis posée depuis en pensant au récit, de mon ami Anakoui. Attenousse, continua-t-il, fit le lendemain matin ses adieux à sa vieille mère, à sa femme et à son enfant, comme s'il eut pressenti qu'il ne les reverrait plus, il les tint longtemps fortement embrassées, des larmes même coulaient de ses yeux.

Il semblait triste et préoccupé en parlant. Ils arrivèrent vers cinq heures de l'après-midi et se rendirent immédiatement à la maison du juge qu'on leur indiqua.

Là ils furent reçus par un homme d'une taille élevée, aux yeux hors de tête, avec une bouche édentée et des manières grossières et impérieuses. —Que me voulez-vous; demanda-t-il d'un ton altier et arrogant. —Vous parler d'une affaire de meurtre qui vient d'avoir lieu sur le bord de la Rivière aux Castors. —Quel est votre nom, dit-il en s'adressant directement à Attenousse? Celui-ci se nomma sans défiance. —Alors votre déposition est toute faite, ajouta-t-il d'un ton sinistre, puisque tel est votre nom. Ce juge de paix s'appelait Justitia Bélandré.

C'était un homme stupide et grossier comme nous l'avons dit, ignorant et fanatique au suprême degré et par là même bouffi d'orgueil. Le mensonge et la calomnie ne lui coûtaient nullement dès qu'il s'agissait de faire du tort à quelqu'un qu'il n'aimait pas.

Dans ses élucubrations mensongères et calomniatrices, il signait Justifia.

Comme aide-de-camp et huissier se trouvait un autre être aussi vil et méprisable que lui.

C'était son rapporteur: son nom était José. Leur secrétaire à tous deux était un nommé Vergette. Ainsi se composait le tribunal devant lequel devait comparaître Attenousse. Sur un ordre qu'il donna tout bas, Vergette disparut et revint au bout de quelque temps, escorté de sept à huit hommes. C'était ce qu'attendait le juge, car, aussitôt qu'ils furent entrés et qu'il fut certain qu'il n'existait pour lui aucun danger, il était si lâche le misérable, que, se levant du haut de sa grandeur, il prononça lentement,: “Attenousse, d'après des dépositions qui m'ont été faites ce matin, par trois hommes respectables de votre Helika LE JUGE DE PAIX.

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