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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 les serra dans ses bras, en les nommant ses enfans.

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, tome 1 les serra dans ses bras, en les nommant ses enfans. On arriva a l'eglise, on celebra la ceremonie, et chacun se repandit ensuite dans la cite, ou une joie delirante avait succede a la terreur de la veille. Dans ce moment, le peuple venait visiter l'antre, si long-temps redoute, dont l'entree etait maintenant ouverte. On parcourait la Bastille avec une avide curiosite et une sorte de terreur. On y cherchait des instrumens de supplice, des cachots profonds. On y venait voir surtout une enorme pierre placee au milieu d'une prison obscure et marecageuse, et au centre de laquelle etait fixee une pesante chaine. La cour, aussi aveugle dans ses craintes qu'elle l'avait ete dans sa confiance, redoutait si fort le peuple, qu'a chaque instant elle s'imaginait qu'une armee parisienne marchait sur Versailles. Le comte d'Artois, la famille de Polignac, si chere a la reine, quitterent alors la France, et furent les premiers emigres. Bailly vint rassurer le roi, et l'engagea au voyage de Paris, qui fut resolu malgre la resistance de la reine et de la cour. Le roi se disposa a partir. Deux cents deputes furent charges de l'accompagner. La reine lui fit ses adieux avec une profonde douleur. Les gardes-du-corps l'escorterent jusqu'a Sevres, ou ils s'arreterent pour l'attendre. Bailly, a la tete de la municipalite, le recut aux portes de Paris, et lui presenta les cles, offertes jadis a Henri IV. Ce bon roi, lui dit Bailly, avait conquis son peuple; c'est aujourd'hui le peuple qui a reconquis son roi. La nation, legislatrice a Versailles, etait armee a Paris. Louis XVI, en entrant, se vit entoure d'une multitude silencieuse et enregimentee. Il arriva a l'Hotel-de-Ville[7], en passant sous une voute d'epees croisees sur sa tete en signe d'honneur. Son discours fut simple et touchant. Le peuple, qui ne pouvait plus se contenir, eclata enfin, et prodigua au roi ses applaudissemens accoutumes. Ces acclamations soulagerent un peu le coeur du prince; il ne put neanmoins dissimuler un mouvement de joie en apercevant les gardes-du-corps places sur les hauteurs de Sevres; et a son retour la reine, se jetant a son cou, l'embrassa comme si elle avait craint de ne plus le revoir. Louis XVI, pour satisfaire en entier le voeu public, ordonna le retour de Necker et le renvoi des nouveaux ministres. M. de Liancourt, ami du roi, et son conseiller si utile, fut elu president de l'assemblee. Les deputes nobles, qui, tout en assistant aux deliberations, refusaient encore d'y prendre part, cederent enfin, et donnerent leur vote. Ainsi s'acheva la confusion des ordres. Des cet instant on pouvait considerer la revolution comme accomplie. La nation, maitresse du pouvoir legislatif par l'assemblee, de la force publique par elle-meme, pouvait desormais realiser tout ce qui etait utile a ses interets. C'est en refusant l'egalite de l'impot qu'on avait rendu les etats-generaux necessaires; c'est en refusant un juste partage d'autorite dans ces etats qu'on y avait perdu toute influence; c'est enfin en voulant recouvrer cette influence qu'on avait souleve Paris, et provoque la nation tout entiere a s'emparer de la force publique. NOTES: [1] Voyez la note 1 a la fin du volume. [2] Voyez la note 2 a la fin du volume. [3] Seance du 10 juin. [4] Voyez Ferrieres. [5] Voyez la note 3 a la fin du volume. [6] Note 4 a la fin du volume. [7] 17 juillet. CHAPITRE III. TRAVAUX DE LA MUNICIPALITE DE PARIS.LAFAYETTE COMMANDANT DE LA GARDE NATIONALE; SON CARACTERE ET SON ROLE DANS LA REVOLUTION.MASSACRE DE FOULON ET DE BERTHIER.RETOUR DE NECKER.SITUATION ET DIVISION DES PARTIS ET DE LEURS CHEFS.MIRABEAU; SON CARACTERE, SON PROJET ET SON GENIE. LES BRIGANDS.TROUBLES DANS LES PROVINCES ET LES CAMPAGNES.NUIT DU 4 AOUT.ABOLITION DES DROITS FEODAUX ET DE TOUS LES PRIVILEGES. DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME.DISCUSSION SUR LA CONSTITUTION ET SUR LE veto.AGITATION A PARIS. RASSEMBLEMENT TUMULTUEUX AU CHAPITRE III. TRAVAUX DE LA MUNICIPALITE DE PARIS.LAFAYETTE COMMANDANT DE LA GARDE 38 Histoire de la Revolution francaise, tome 1 PALAIS-ROYAL. Cependant tout s'agitait dans le sein de la capitale, ou une nouvelle autorite venait de s'etablir. Le meme mouvement qui avait porte les electeurs a se mettre en action, poussait toutes les classes a en faire autant. L'assemblee avait ete imitee par l'Hotel-de-Ville, l'Hotel-de-Ville par les districts, et les districts par toutes les corporations. Tailleurs, cordonniers, boulangers, domestiques, reunis au Louvre, a la place Louis XV, aux Champs-Elysees, deliberaient en forme, malgre les defenses reiterees de la municipalite. Au milieu de ces mouvemens contraires, l'Hotel-de-Ville, combattu par les districts, inquiete par le Palais-Royal, etait entoure d'obstacles, et pouvait a peine suffire aux soins de son immense administration. Il reunissait a lui seul l'autorite civile, judiciaire et militaire. Le quartier-general de la milice y etait fixe. Les juges, dans le premier moment, incertains sur leurs attributions, lui adressaient les accuses. Il avait meme la puissance legislative, car il etait charge de se faire une constitution. Bailly avait pour cet objet demande a chaque district deux commissaires qui, sous le nom de representans de la commune, devaient en regler la constitution. Pour suffire a tant de soins, les electeurs s'etaient partages en divers comites: l'un, nomme comite des recherches, s'occupait de la police; l'autre, nomme comite des subsistances, s'occupait des approvisionnemens, tache la plus difficile et la plus dangereuse de toutes. Bailly fut oblige de s'en occuper jour et nuit. Il fallait operer des achats continuels de ble, le faire moudre ensuite, et puis le porter a Paris a travers les campagnes affamees. Les convois etaient souvent arretes, et on avait besoin de detachemens nombreux pour empecher les pillages sur la route et dans les marches. Quoique l'etat vendit les bles a perte, afin que les boulangers pussent rabaisser le prix du pain, la multitude n'etait pas satisfaite: il fallait toujours diminuer ce prix, et la disette de Paris augmentait par cette diminution meme, parce que les campagnes couraient s'y approvisionner. La crainte du lendemain portait chacun a se pourvoir abondamment, et ce qui s'accumulait dans les mains des uns manquait aux autres. C'est la confiance qui hate les travaux du commerce, qui fait arriver les denrees, et qui rend leur distribution egale et facile; mais Quand la confiance disparait, l'activite commerciale cesse; les objets n'arrivant plus au-devant des besoins, ces besoins s'irritent, ajoutent la confusion a la disette, et empechent la bonne distribution du peu qui reste. Le soin des subsistances etait donc le plus penible de tous. De cruels soucis devoraient Bailly et le comite. Tout le travail du jour suffisait a peine au besoin du jour, et il fallait recommencer le lendemain avec les memes inquietudes. Lafayette, commandant de la milice bourgeoise[1], n'avait pas moins de peines. Il avait incorpore dans cette milice les gardes-francaises devoues a la revolution, un certain nombre de Suisses, et une grande quantite de soldats qui desertaient les regimens dans l'espoir d'une solde plus forte. Le roi en avait lui-meme donne l'autorisation. Ces troupes reunies composerent ce qu'on appela les compagnies du centre. La milice prit le nom de garde nationale, revetit l'uniforme, et ajouta aux deux couleurs rouge et bleue de la cocarde parisienne la couleur blanche, qui etait celle du roi. C'est la cette cocarde tricolore dont Lafayette predit les destinees en annoncant qu'elle ferait le tour du monde. C'est a la tete de cette troupe que Lafayette s'efforca pendant deux annees consecutives de maintenir la tranquillite publique, et de faire executer les lois que l'assemblee decretait chaque jour. Lafayette, issu d'une famille ancienne et demeuree pure au milieu de la corruption des grands, doue d'un esprit droit, d'une ame ferme, amoureux de la vraie gloire, s'etait ennuye des frivolites de la cour et de la discipline pedantesque de nos armees. Sa patrie ne lui offrant rien de noble a tenter, il se decida pour l'entreprise la plus genereuse du siecle, et il partit pour l'Amerique le lendemain du jour ou l'on repandait en Europe qu'elle etait soumise. Il y combattit a cote de Washington, et decida l'affranchissement du Nouveau-Monde par l'alliance dans la France. Revenu dans son pays avec un nom europeen, accueilli a la cour comme une nouveaute, il s'y montra simple et libre comme un Americain. Lorsque la philosophie, qui n'avait ete pour des nobles oisifs qu'un jeu d'esprit, exigea de leur part des sacrifices, Lafayette presque seul persista dans ses opinions, demanda les etats-generaux, contribua puissamment a la reunion des ordres, et fut nomme, en recompense, commandant-general de la garde nationale. Lafayette n'avait pas les passions et le genie qui font souvent abuser de la puissance: avec une ame egale, un esprit fin, un systeme de desinteressement invariable, il etait surtout propre au role que les circonstances lui avaient assigne, celui de faire executer les lois. Adore de ses CHAPITRE III. TRAVAUX DE LA MUNICIPALITE DE PARIS.LAFAYETTE COMMANDANT DE LA GARDE 39
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« PALAIS-ROYAL. Cependant tout s'agitait dans le sein de la capitale, ou une nouvelle autorite venait de s'etablir.

Le meme mouvement qui avait porte les electeurs a se mettre en action, poussait toutes les classes a en faire autant. L'assemblee avait ete imitee par l'Hotel-de-Ville, l'Hotel-de-Ville par les districts, et les districts par toutes les corporations.

Tailleurs, cordonniers, boulangers, domestiques, reunis au Louvre, a la place Louis XV, aux Champs-Elysees, deliberaient en forme, malgre les defenses reiterees de la municipalite.

Au milieu de ces mouvemens contraires, l'Hotel-de-Ville, combattu par les districts, inquiete par le Palais-Royal, etait entoure d'obstacles, et pouvait a peine suffire aux soins de son immense administration.

Il reunissait a lui seul l'autorite civile, judiciaire et militaire.

Le quartier-general de la milice y etait fixe.

Les juges, dans le premier moment, incertains sur leurs attributions, lui adressaient les accuses.

Il avait meme la puissance legislative, car il etait charge de se faire une constitution.

Bailly avait pour cet objet demande a chaque district deux commissaires qui, sous le nom de representans de la commune, devaient en regler la constitution.

Pour suffire a tant de soins, les electeurs s'etaient partages en divers comites: l'un, nomme comite des recherches, s'occupait de la police; l'autre, nomme comite des subsistances, s'occupait des approvisionnemens, tache la plus difficile et la plus dangereuse de toutes.

Bailly fut oblige de s'en occuper jour et nuit.

Il fallait operer des achats continuels de ble, le faire moudre ensuite, et puis le porter a Paris a travers les campagnes affamees. Les convois etaient souvent arretes, et on avait besoin de detachemens nombreux pour empecher les pillages sur la route et dans les marches.

Quoique l'etat vendit les bles a perte, afin que les boulangers pussent rabaisser le prix du pain, la multitude n'etait pas satisfaite: il fallait toujours diminuer ce prix, et la disette de Paris augmentait par cette diminution meme, parce que les campagnes couraient s'y approvisionner.

La crainte du lendemain portait chacun a se pourvoir abondamment, et ce qui s'accumulait dans les mains des uns manquait aux autres.

C'est la confiance qui hate les travaux du commerce, qui fait arriver les denrees, et qui rend leur distribution egale et facile; mais Quand la confiance disparait, l'activite commerciale cesse; les objets n'arrivant plus au-devant des besoins, ces besoins s'irritent, ajoutent la confusion a la disette, et empechent la bonne distribution du peu qui reste.

Le soin des subsistances etait donc le plus penible de tous. De cruels soucis devoraient Bailly et le comite.

Tout le travail du jour suffisait a peine au besoin du jour, et il fallait recommencer le lendemain avec les memes inquietudes. Lafayette, commandant de la milice bourgeoise[1], n'avait pas moins de peines.

Il avait incorpore dans cette milice les gardes-francaises devoues a la revolution, un certain nombre de Suisses, et une grande quantite de soldats qui desertaient les regimens dans l'espoir d'une solde plus forte.

Le roi en avait lui-meme donne l'autorisation.

Ces troupes reunies composerent ce qu'on appela les compagnies du centre.

La milice prit le nom de garde nationale, revetit l'uniforme, et ajouta aux deux couleurs rouge et bleue de la cocarde parisienne la couleur blanche, qui etait celle du roi.

C'est la cette cocarde tricolore dont Lafayette predit les destinees en annoncant qu'elle ferait le tour du monde. C'est a la tete de cette troupe que Lafayette s'efforca pendant deux annees consecutives de maintenir la tranquillite publique, et de faire executer les lois que l'assemblee decretait chaque jour.

Lafayette, issu d'une famille ancienne et demeuree pure au milieu de la corruption des grands, doue d'un esprit droit, d'une ame ferme, amoureux de la vraie gloire, s'etait ennuye des frivolites de la cour et de la discipline pedantesque de nos armees.

Sa patrie ne lui offrant rien de noble a tenter, il se decida pour l'entreprise la plus genereuse du siecle, et il partit pour l'Amerique le lendemain du jour ou l'on repandait en Europe qu'elle etait soumise.

Il y combattit a cote de Washington, et decida l'affranchissement du Nouveau-Monde par l'alliance dans la France.

Revenu dans son pays avec un nom europeen, accueilli a la cour comme une nouveaute, il s'y montra simple et libre comme un Americain.

Lorsque la philosophie, qui n'avait ete pour des nobles oisifs qu'un jeu d'esprit, exigea de leur part des sacrifices, Lafayette presque seul persista dans ses opinions, demanda les etats-generaux, contribua puissamment a la reunion des ordres, et fut nomme, en recompense, commandant-general de la garde nationale.

Lafayette n'avait pas les passions et le genie qui font souvent abuser de la puissance: avec une ame egale, un esprit fin, un systeme de desinteressement invariable, il etait surtout propre au role que les circonstances lui avaient assigne, celui de faire executer les lois.

Adore de ses Histoire de la Revolution francaise, tome 1 CHAPITRE III.

TRAVAUX DE LA MUNICIPALITE DE PARIS.\24LAFAYETTE COMMANDANT DE LA GARDE NATIONALE; SON CARACTERE ET SON ROLE DANS LA REVOLUTION.\24MASSACRE DE FOULON ET DE BERTHIER.\24RETOUR DE NECKER.\24SITUATION ET DIVISION DES PARTIS ET DE LEURS CHEFS.\24MIRABEAU; SON CARACTERE, SON PROJET ET SON GENIE.

\24LES BRIGANDS.\24TROUBLES DANS LES PROVINCES ET LES CAMPAGNES.\24NUIT DU 4 AOUT.\24ABOLITION DES DROITS FEODAUX ET DE TOUS LES PRIVILEGES.

\24DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME.\24DISCUSSION SUR LA CONSTITUTION ET SUR LE veto.\24AGITATION A PARIS.

RASSEMBLEMENT TUMULTUEUX AU PALAIS-ROYAL.

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