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Instinct et raisonnement, degrés d'une même nature.

Publié le 11/05/2011

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L'homme serait à plaindre si les connaissances nécessaires pour subvenir à ses besoins lui étaient trop profondément cachées. La nature l'a traité plus favorablement, et la plupart de ces inventions se présentent sans raisonnement, ou plutôt à l'aide d'un certain instinct qui n'est qu'un raisonnement moins développé.... II ne faut donc point s'étonner de rencontrer dans la plus haute antiquité des traces d'une mécanique fort développée Sans aller en Egypte, il y eut chez tous les peuples policés des édifices considérables, des arts qui demandèrent à tout instant les secours de la mécanique, comme de cette géométrie naturelle à tous les hommes.... On dut s'apercevoir de l'efficacité du levier, dès les premiers efforts qu'on fit pour soulever et ébranler des masses considérables. Imaginons un bloc de pierre qui repose sur le terrain, et qu'on veuille le déplacer. Un instinct naturel portera d'abord à tâcher de glisser par-dessous le bout de quelque long instrument, afin de dégager la base. Cela fait, le même instinct indiquera ou de lever l'autre extrémité, ou bien d'appliquer sous cet instrument, le plus près qu'il est possible du fardeau à lever, quelque corps formant un appui, sur lequel il tournera pendant qu'on abaissera cette autre extrémité. Les premiers qui firent cette opération durent voir avec étonnement que les masses les plus énormes ne résistaient pas à ce moyen, et que plus l'instrument était long, plus l'appui qu'ils lui avaient donné était près du fardeau, moins il fallait de force pour l'enlever. Une pareille observation ne pouvait rester stérile ; on l'étendit aussitôt autant qu'il fut possible à tous les cas où il fallait surmonter de grandes résistances, et telle fut l'origine du levier. L'observation du plan incliné ne saurait être moins ancienne. Lorsqu'on eut dans les commencements de l'Architecture des masses considérables à élever à des hauteurs médiocres, on s'avisa sans doute de les y mener par un échafaudage, ou une aire de terre en pente. Or on dut aussi remarquer qu'on les conduisait avec d'autant moins de difficulté que cette pente était plus douce, et prise de plus loin. Tout cela est presque indiqué par la nature. Des hommes plus ingénieux que les autres imaginèrent ensuite de faire couler dans certains cas le plan incliné sous le fardeau à élever, ou à ébranler. De là naquit la vis, qui n'est qu'un plan incliné, roulé autour d'un cylindre.

MONTUCLA.

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