Devoir de Philosophie

intérêt.

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

intérêt. -- Je vois. Vous avez pu assister à la toute dernière apparition de l'image de Seldon. N'avez-vous pas trouvé ue son analyse - élaborée il y a cinq cents ans - correspondait très précisément à la situation présente ? -- Au contraire, dit Trevize avec un entrain soudain. Elle y correspondait très précisément. » Kodell parut ne pas relever l'émotion de son interlocuteur. « Et pourtant, conseiller, après l'apparition de eldon, vous persistez à maintenir que le Plan Seldon n'existe pas. -- Bien entendu : je maintiens qu'il n'existe pas, précisément à cause de la perfection avec laquelle son analyse correspond aux... » Mais Kodell avait déjà coupé l'enregistrement. « Conseiller, dit-il avec un hochement de tête, vous m'obligez encore à effacer. Je vous demande si vous persistez dans vos idées bizarres et vous commencez à me donner des raisons. Laissez-moi vous répéter ma question. » Il reprit : « Et pourtant, conseiller, après l'apparition de Seldon, vous persistez à maintenir que le Plan Seldon n'existe pas. -- Comment le savez-vous ? Personne n'a eu l'occasion de parler avec mon délateur et néanmoins ami Compor, après cette dernière apparition. -- Disons que nous avons fait nos déductions, conseiller, et ajoutons que vous y avez déjà répondu par l'affirmative : " Bien entendu " avez-vous dit à l'instant. Si vous voulez bien vous donner la peine de le répéter sans ajouter d'autres mentions, nous pourrons enchaîner. -- Bien entendu, répéta Trevize, ironique. -- Bon, dit Kodell, on verra lequel de ces " bien entendu " sonne le plus naturel. Merci conseiller », et il coupa de nouveau l'enregistreur. « C'est tout ? demanda Trevize. -- Pour ce dont j'ai besoin, oui. -- Manifestement, ce dont vous avez besoin, c'est d'un jeu de questions et de réponses que vous puissiez présenter devant Terminus et toute la Fédération qu'elle dirige, destiné à accréditer l'idée que j'admets intégralement la légende du Plan Seldon. De telle sorte que toute dénégation ultérieure de ma part ne puisse apparaître que comme du donquichottisme ou de la folie pure et simple. -- ... voire de la trahison, aux yeux d'une multitude excitée qui voit dans le plan un rouage essentiel à la sécurité de la Fondation. Il ne sera peut-être pas nécessaire de rendre public tout ceci, conseiller Trevize, si nous pouvons arriver à nous entendre mais si jamais il fallait en arriver là, croyez bien que nous veillerions à ce que la Fondation l'apprenne. -- Êtes-vous assez stupide, monsieur », dit Trevize en fronçant les sourcils, « pour vous désintéresser totalement de ce que j'ai réellement à vous révéler ? -- En tant qu'être humain, je suis vivement intéressé et je vous garantis que si l'occasion se présente, je vous écouterai - non sans quelque scepticisme - mais avec intérêt. En tant que directeur de la sécurité, toutefois, j'ai recueilli pour l'heure exactement tout ce qu'il me faut. -- J'espère que vous êtes conscient que cela ne vous vaudra, à vous pas plus qu'au Maire, rien de bon. -- Comme c'est curieux : je suis précisément de l'avis contraire. Cela dit, vous pouvez sortir. Sous bonne garde, bien entendu. -- Et où doit-on m'emmener ? » Kodell se contenta de sourire. « Au revoir, conseiller. Vous n'avez pas été parfaitement coopératif mais il eût été irréaliste d'espérer le contraire. » Il lui tendit la main. Trevize, qui s'était levé, l'ignora. Il défroissa sa tunique et dit : « Vous ne faites que retarder l'inévitable. D'autres doivent penser comme moi en ce moment, ou en tout cas, ils y viendront plus tard. M'emprisonner ou me tuer ne servira qu'à provoquer la surprise et, au bout du compte, à accélérer le processus. Mais à la fin, la vérité et moi, nous vaincrons. » Kodell retira sa main et hocha lentement la tête : « Décidément, Trevize, vous êtes vraiment un idiot. » 4. Ce ne fut pas avant minuit que deux gardes vinrent rechercher Trevize dans ce qui était - il devait bien l'admettre - une chambre fort luxueuse, au quartier général de la sécurité. Luxueuse mais verrouillée. En d'autres termes, une cellule. Trevize avait eu plus de quatre heures pour faire un douloureux examen de conscience, tout en arpentant la pièce de long en large. Pourquoi avoir fait confiance à Compor ? Et pourquoi pas ? Il avait tellement semblé convaincu. Non, pas exactement : il avait semblé tellement prêt à se laisser convaincre. Non. Pas ça non plus. Il avait semblé si stupide, si facile à dominer, si clairement dénué d'opinion personnelle que Trevize avait pris un malin plaisir à l'utiliser comme une bien confortable chambre de résonance. Compor avait aidé Trevize à améliorer et à peaufiner ses opinions. Il lui avait été utile et Trevize lui avait fait confiance pour la simple et bonne raison que c'était plus pratique ainsi. Mais pour l'heure, il lui était bien inutile de savoir s'il aurait ou non dû voir clair en lui. Il aurait mieux fait de suivre ce simple précepte : ne se fier à personne. Oui, mais peut-on passer toute sa vie à ne se fier à personne ? Évidemment non. Et puis, qui aurait songé que Branno aurait l'audace de virer en pleine séance un membre du Conseil - et sans qu'un conseiller bouge le petit doigt pour défendre l'un de ses pairs ! Même si dans leur intime conviction, ils n'étaient pas d'accord avec Trevize, même s'ils étaient prêts à parier sur chaque goutte de leur sang que Branno avait raison, ils auraient quand même dû, par principe, s'élever devant cette violation de leurs prérogatives. Branno de Bronze, la surnommait-on parfois et certes, elle agissait avec l'inflexibilité du métal. A moins qu'elle ne fût elle aussi entre les mains de... Non ! C'était tomber dans la paranoïa. Et pourtant... Son esprit tournait en rond et n'était toujours pas sorti de ces ornières répétitives lorsqu'entrèrent les deux gardes. « Vous allez devoir nous suivre, conseiller », dit le supérieur hiérarchique sur un ton de froide gravité. Son insigne indiquait le grade de lieutenant. Il avait une petite cicatrice sur la joue droite et semblait fatigué, comme s'il était à la tâche depuis bien trop longtemps, sans avoir eu l'occasion de faire grand-chose - ainsi qu'il est prévisible dans le cas d'un soldat dont le pays est en paix depuis plus d'un siècle. Trevize ne bougea pas : « Votre nom, lieutenant. -- Je suis le lieutenant Evander Sopellor, conseiller. -- Vous vous rendez compte que vous enfreignez la loi, lieutenant Sopellor ? Vous n'avez pas le droit d'arrêter un conseiller. -- Nous avons reçu des ordres, monsieur. -- Peu importe. On ne peut pas vous avoir ordonné d'arrêter un conseiller. Vous devez être bien conscient que vous risquez la cour martiale. -- Vous n'êtes pas arrêté, conseiller, remarqua le lieutenant. -- Dans ce cas, je n'ai pas à vous suivre, n'est-ce pas ? -- Nous avons reçu l'ordre de vous escorter jusque chez vous. -- Je connais le chemin. -- ... et de vous protéger durant le trajet. -- De quoi ?... ou de qui ? -- D'un éventuel rassemblement. -- A minuit ? -- C'est bien pourquoi nous avons attendu jusqu'à minuit, monsieur. Et à présent, dans l'intérêt même de votre protection, nous devons vous demander de nous suivre. Puis-je ajouter (non pas à titre de menace mais simplement d'information) que nous avons l'autorisation d'user de la force, si nécessaire. » Trevize avait certes remarqué les fouets neuroniques dont ils étaient armés. Il se leva, avec dignité, du moins l'espérait-il. « Eh bien, allons chez moi - à moins que je ne découvre au bout du compte que vous m'amenez en prison ? -- Nous n'avons pas reçu instruction de vous mentir, monsieur », dit le lieutenant, dans un sursaut d'amourpropre. Trevize comprit qu'il était en face d'un vrai professionnel qui ne mentirait qu'après en avoir explicitement reçu l'ordre - et que même alors, son expression comme son intonation le trahiraient. Trevize se reprit : « Je vous prie de m'excuser, lieutenant. Je n'avais certes pas l'intention de mettre votre parole en doute. » Une voiture les attendait dehors. La rue était vide et il n'y avait pas la moindre trace d'être humain - encore oins d'un rassemblement. Mais le lieutenant n'avait pas menti : il n'avait jamais dit qu'il y aurait un assemblement ou qu'il s'en formerait un. Il avait tout au plus fait référence à « un éventuel rassemblement ». ne simple « éventualité ». Le lieutenant avait pris soin de s'interposer entre Trevize et le véhicule. Il lui aurait été impossible de s'enfuir. e lieutenant pénétra dans la voiture sur ses talons et s'assit à côté de lui sur la banquette arrière. L'engin démarra. « Une fois rentré chez moi, dit Trevize, je suppose que je pourrai librement vaquer à mes affaires - et, par xemple, sortir, éventuellement. -- Nous n'avons pas reçu instruction d'entraver votre liberté de mouvement, conseiller, dans le cadre toutefois de notre mission de protection. -- Dans le cadre de votre mission... Et qu'entendez-vous par là ? -- J'ai l'ordre de vous prévenir qu'une fois chez vous, vous êtes avisé de ne plus en sortir. Les rues ne sont pas ûres et je suis responsable de votre sécurité. -- Vous voulez dire que je suis assigné à résidence. -- Je ne suis pas juriste, conseiller. J'ignore ce que cela veut dire. » Il regardait droit devant lui mais son coude effleurait Trevize : ce dernier n'aurait pu faire un geste, si minime fût-il, sans que le lieutenant ne le remarquât aussitôt. Le véhicule s'immobilisa devant la petite maison qu'habitait Trevize, dans le faubourg de Flexner. En ce moment, il n'avait pas de compagne - Flavella s'étant lassée de l'existence erratique que lui imposait sa fonction au Conseil - aussi ne comptait-il pas être attendu. « Est-ce que je sors tout de suite ? -- Je vais sortir en premier, conseiller. Nous vous escorterons à l'intérieur. -- Toujours pour ma sécurité. -- Oui, monsieur. » Il y avait deux gardes en faction derrière sa porte. On avait allumé une veilleuse mais les fenêtres ayant été bturées, elle demeurait invisible de l'extérieur. Un bref instant, il se sentit outré par cette invasion de son domicile puis rapidement écarta le problème en haussant mentalement les épaules. Si le Conseil était incapable de le protéger dans son enceinte même, ce n'était sûrement pas son domicile qui pourrait lui servir de forteresse. « Combien de vos hommes en tout avez-vous ici ? Un régiment ? -- Non, conseiller », lui répondit une voix sèche mais posée. « Il n'y a qu'une seule personne ici en dehors de elles que vous voyez. Et je crois vous avoir assez attendu. » Harlan Branno, Maire de Terminus, s'encadra dans la porte du séjour. « Il serait temps, ne trouvez-vous pas, ue nous ayons enfin une conversation ? » Trevize la regarda, éberlué : « Toute cette comédie pour... » Mais Branno l'interrompit d'une voix basse et ferme : « Du calme, conseiller - et vous quatre, dehors ! ehors ! Il n'y a rien à craindre. » Les quatre gardes saluèrent et tournèrent les talons. Trevize et Branno étaient seuls.

« 4. Ce nefut pas avant minuit quedeux gardes vinrent rechercher Trevizedanscequi était – il devaitbien l’admettre – une chambrefortluxueuse, auquartier généraldelasécurité.

Luxueuse maisverrouillée.

En d’autres termes,unecellule. Trevize avaiteuplus dequatre heures pourfaireundouloureux examendeconscience, toutenarpentant la pièce delong enlarge. Pourquoi avoirfaitconfiance àCompor ? Et pourquoi pas ?Ilavait tellement sembléconvaincu.

Non,pasexactement : ilavait semblé tellement prêtà se laisser convaincre.

Non.Pasçanon plus.

Ilavait semblé sistupide, sifacile àdominer, siclairement dénué d’opinion personnelle queTrevize avaitprisunmalin plaisir àl’utiliser commeunebien confortable chambrede résonance.

ComporavaitaidéTrevize àaméliorer etàpeaufiner sesopinions.

Illui avait étéutile etTrevize lui avait faitconfiance pourlasimple etbonne raison quec’était pluspratique ainsi. Mais pourl’heure, illui était bieninutile desavoir s’ilaurait ounon dûvoir clair enlui.

Ilaurait mieux faitde suivre cesimple précepte : nesefier àpersonne. Oui, mais peut-on passertoutesavie àne sefier àpersonne ? Évidemment non. Et puis, quiaurait songéqueBranno auraitl’audace devirer enpleine séance unmembre duConseil – et sans qu’un conseiller bougelepetit doigt pourdéfendre l’undeses pairs ! Mêmesidans leurintime conviction, ils n’étaient pasd’accord avecTrevize, mêmes’ilsétaient prêtsàparier surchaque gouttedeleur sang queBranno avait raison, ilsauraient quandmêmedû,par principe, s’éleverdevantcetteviolation deleurs prérogatives. Branno deBronze, lasurnommait-on parfoisetcertes, elleagissait avecl’inflexibilité dumétal. A moins qu’elle nefût elle aussi entre lesmains de... Non ! C’était tomber danslaparanoïa. Et pourtant... Son esprit tournait enrond etn’était toujours passorti deces ornières répétitives lorsqu’entrèrent lesdeux gardes. « Vous allezdevoir noussuivre, conseiller », ditlesupérieur hiérarchique surunton defroide gravité.

Son insigne indiquait legrade delieutenant.

Ilavait unepetite cicatrice surlajoue droite etsemblait fatigué,comme s’il était àla tâche depuis bientroplongtemps, sansavoir eul’occasion defaire grand-chose – ainsi qu’ilest prévisible danslecas d’un soldat dontlepays estenpaix depuis plusd’un siècle. Trevize nebougea pas :« Votre nom,lieutenant. — Je suislelieutenant EvanderSopellor, conseiller. — Vous vousrendez compte quevous enfreignez laloi, lieutenant Sopellor ?Vousn’avez pasledroit d’arrêter un conseiller. — Nous avonsreçudesordres, monsieur. — Peu importe.

Onnepeut pasvous avoir ordonné d’arrêter unconseiller.

Vousdevez êtrebien conscient que vous risquez lacour martiale. — Vous n’êtespasarrêté, conseiller, remarqualelieutenant. — Dans cecas, jen’ai pasàvous suivre, n’est-ce pas ? — Nous avonsreçul’ordre devous escorter jusquechezvous. — Je connais lechemin. — ...

etde vous protéger durantletrajet. — De quoi ?...

oudequi ? — D’un éventuel rassemblement. — A minuit ? — C’est bienpourquoi nousavons attendu jusqu’àminuit, monsieur.

Etàprésent, dansl’intérêt mêmede votre protection, nousdevons vousdemander denous suivre.

Puis-je ajouter (nonpasàtitre demenace mais simplement d’information) quenous avons l’autorisation d’userdelaforce, sinécessaire. » Trevize avaitcertes remarqué lesfouets neuroniques dontilsétaient armés.Ilse leva, avecdignité, dumoins l’espérait-il.

« Ehbien, allons chezmoi – à moinsquejene découvre aubout ducompte quevous m’amenez en prison ? — Nous n’avonspasreçu instruction devous mentir, monsieur », ditlelieutenant, dansunsursaut d’amour- propre.

Trevizecomprit qu’ilétait enface d’un vraiprofessionnel quinementirait qu’aprèsenavoir explicitement reçul’ordre – et quemême alors,sonexpression commesonintonation letrahiraient. Trevize sereprit : « Jevous priedem’excuser, lieutenant.

Jen’avais certespasl’intention demettre votre parole endoute. ». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles