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« Je le savais, pensa-t-elle.

Publié le 30/10/2013

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« Je le savais, pensa-t-elle. Le moment est venu. « Elle chercha rapidement si elle n'avait rien oublié : le testament, les lettres brûlées, les dessous neufs et les provisions pour le dîner. Elle se demanda si elle avait éteint la lumière dans la remise. Tout cela l'espace d'une seconde. Puis elle se dit qu'il restait peut-être une mince chance de survie. Ce jeune soldat avait peur, sans aucun doute. S'il s'apercevait que sa passagère était prise de panique, sa frayeur ne ferait qu'augmenter et il ne serait plus maître de la situation. Elle décida donc de l'encourager. Elle lui fit un sourire ravissant et acquiesça de la tête pour lui donner courage. Et c'est à ce moment-là qu'elle se retrouva la tète en bas. Lorsqu'elle revint à une position normale, le pilote se retourna et demanda : « Encore ? « Olive n'était plus en état d'entendre quoi que ce fût. Mais elle gardait la tête haute et était bien décidée à aider le pilote pour qu'il fît bonne figure avant de s'écraser au sol. Elle sourit donc et hocha la tête de nouveau. Après chaque acrobatie, il se retourna et, à chaque fois, elle l'encouragea. Beaucoup plus tard, il répétait encore : « C'est vraiment la plus sacrée bonne femme que j'aie jamais rencontrée. Je lui ai fait tout ce que j'avais appris à l'école et elle en demandait encore. Seigneur ! Quel pilote elle aurait fait. « Chapitre XV Adam était chez lui comme un chat satisfait. De l'entrée de sa petite vallée, marquée par un chêne gigantesque qui plongeait ses racines dans une humidité souterraine, Adam voyait les terrains alluvionnaires le long de la rivière et les contreforts arrondis des collines. C'était une terre agréable même sous le soleil d'été. Une rangée d'yeuses et de sycomores la traversait en son milieu et les collines de l'Ouest avaient la couleur jaune brun du foin séché. Pour une raison inconnue, la couche d'humus de ce côté-ci de la Vallée est plus épaisse qu'à l'Est et l'herbe y est plus dense. Peut-être les glaciers distribuent-ils l'eau plus également et peut-être cette partie de la montagne, plus boisée, est-elle un centre de précipitations. Seule une petite partie de la terre des Sanchez, désormais Trask, était cultivée. Mais Adam voyait déjà les champs d'avoine et les grands carrés de luzerne près de la rivière. Derrière lui cognaient et sciaient les charpentiers venus spécialement de Salinas pour remettre en état la vieille maison, car Adam avait décidé d'y fonder son foyer. On racla le fumier, on arracha les vieux planchers et les vieilles fenêtres où les vaches avaient passé la tête. Le vieux bois serait remplacé par du sapin sentant bon la résine et du séquoia au toucher de velours. Un toit neuf remplacerait l'ancien. Les vieux murs épais s'imprégnèrent de plusieurs couches d'un enduit blanc, à base de chaux et d'eau salée, qui, en séchant, semblait phosphorescent. Un jardinier avait taillé les rosiers, planté des géraniums, déterminé l'emplacement du potager et canalisé l'eau du ruisseau pour irriguer le jardin. Adam songeait à lui-même et à ses descendants. Dans une grange, sous des bâches reposaient de beaux meubles envoyés de San Francisco et apportés en charrette de King City. Adam prévoyait tout. Lee, son cuisinier chinois, avait fait un voyage spécial à Pajaro pour acheter casseroles, pots, jarres, marmites et bassines. Une nouvelle porcherie était en cours de construction « sous le vent «, loin de la maison, ainsi qu'un poulailler et un chenil pour les chiens qui protégeraient la maison des coyotes. Adam ne voulait pas se presser. Il avait le temps. « Lentement mais sûrement «, avait-il dit à ses ouvriers. Il inspectait chaque assemblage et perdait des heures à examiner des échantillons de peinture. Dans un coin de sa chambre, des catalogues de machines, de meubles, de graines, d'arbres fruitiers s'amoncelaient. Il ne regrettait plus que son père eût fait de lui un homme riche. Le Connecticut s'estompait. Peut-être la lumière crue de l'Ouest effaçait-elle les souvenirs de son pays natal ? Lorsqu'il repensait à la maison de son père, à la ferme, au village, au visage de son frère, une ombre couvrait les images. Ce passé l'importunait. Il s'en débarrassait. Il avait fait repeindre la maison de bois des Bordini et y avait installé Cathy pour qu'elle pût y attendre la naissance de son enfant et l'achèvement des travaux. Mais il n'y avait aucun doute : l'enfant naîtrait bien avant que son foyer fût prêt. Adam n'était pas pressé. « Je veux qu'elle soit solide. Je veux qu'elle dure. Des clous de cuivre et du bois résistant. Rien qui rouille ou pourrisse. « Il n'était pas le seul à se préoccuper du futur. Il en était de même dans toute la Vallée, dans tout l'Ouest. Le passé n'était plus le bon vieux temps. On aurait pu parcourir bien du pays avant de trouver un homme qui regrettât sa jeunesse. Aussi dur et stérile fût-il, on était a l'aise dans le présent car c'était le seuil d'un futur fantastique. Il était rare que deux hommes se rencontrassent, que trois hommes discutassent dans un bar, qu'une douzaine d'hommes mangeassent du chevreuil autour d'un feu de camp, si ce n'était

« C hapitre XV Adam étaitchezluicomme unchat satisfait.

Del’entrée desapetite vallée, marquée par un chêne gigantesque quiplongeait sesracines dansunehumidité souterraine, Adam voyait lesterrains alluvionnaires lelong delarivière etles contreforts arrondisdes collines.

C’étaituneterre agréable mêmesouslesoleil d’été.

Unerangée d’yeuses etde sycomores latraversait enson milieu etles collines del’Ouest avaient lacouleur jaune brun dufoin séché.

Pouruneraison inconnue, lacouche d’humus dececôté-ci dela Vallée estplus épaisse qu’àl’Est etl’herbe yest plus dense.

Peut-être lesglaciers distribuent-ils l’eaupluségalement etpeut-être cettepartie delamontagne, plusboisée, est-elle uncentre deprécipitations. Seule unepetite partie delaterre desSanchez, désormais Trask,étaitcultivée.

Mais Adam voyait déjàleschamps d’avoine etles grands carrésdeluzerne prèsdelarivière. Derrière luicognaient etsciaient lescharpentiers venusspécialement deSalinas pour remettre enétat lavieille maison, carAdam avaitdécidé d’yfonder sonfoyer.

Onracla le fumier, onarracha lesvieux planchers etles vieilles fenêtres oùles vaches avaient passé la tête.

Levieux boisserait remplacé pardusapin sentant bonlarésine etdu séquoia au toucher develours.

Untoit neuf remplacerait l’ancien.Lesvieux mursépais s’imprégnèrent deplusieurs couchesd’unenduit blanc,àbase dechaux etd’eau salée, qui, enséchant, semblait phosphorescent. Un jardinier avaittaillé lesrosiers, plantédesgéraniums, déterminél’emplacement du potager etcanalisé l’eauduruisseau pourirriguer lejardin.

Adamsongeait àlui-même et àses descendants.

Dansunegrange, sousdesbâches reposaient debeaux meubles envoyés deSan Francisco etapportés encharrette deKing City. Adam prévoyait tout.Lee,soncuisinier chinois,avaitfaitunvoyage spécialàPajaro pour acheter casseroles, pots,jarres, marmites etbassines.

Unenouvelle porcherie était en cours deconstruction « souslevent », loindelamaison, ainsiqu’un poulailler etun chenil pourleschiens quiprotégeraient lamaison descoyotes.

Adamnevoulait passe presser.

Ilavait letemps.

« Lentement maissûrement », avait-ilditàses ouvriers.

Il inspectait chaqueassemblage etperdait desheures àexaminer deséchantillons de peinture.

Dansuncoin desachambre, descatalogues demachines, demeubles, de graines, d’arbres fruitierss’amoncelaient.

Ilne regrettait plusquesonpère eûtfait delui un homme riche.LeConnecticut s’estompait.

Peut-êtrelalumière cruedel’Ouest effaçait-elle lessouvenirs deson pays natal ? Lorsqu’il repensait àla maison deson père, à la ferme, auvillage, auvisage deson frère, uneombre couvrait lesimages.

Cepassé l’importunait.

Ils’en débarrassait. Il avait faitrepeindre lamaison debois desBordini etyavait installé Cathypourqu’elle pût yattendre lanaissance deson enfant etl’achèvement destravaux.

Maisiln’y avait aucun doute : l’enfant naîtraitbienavant quesonfoyer fûtprêt.

Adam n’était paspressé. « Je veux qu’elle soitsolide.

Jeveux qu’elle dure.Desclous decuivre etdu bois résistant.

Rienquirouille oupourrisse. » Il n’était pasleseul àse préoccuper dufutur.

Ilen était demême danstoute laVallée, dans toutl’Ouest.

Lepassé n’était pluslebon vieux temps.

Onaurait puparcourir bien du pays avant detrouver unhomme quiregrettât sajeunesse.

Aussiduretstérile fût-il, on était al’aise dansleprésent carc’était leseuil d’unfutur fantastique.

Ilétait rareque deux hommes serencontrassent, quetrois hommes discutassent dansunbar, qu’une douzaine d’hommes mangeassent duchevreuil autourd’unfeudecamp, sice n’était. »

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