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XVIII - Ça me fera ma dose, pensa Jacquemort.

Publié le 15/12/2013

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XVIII - Ça me fera ma dose, pensa Jacquemort. Deux fois à l'église dans la même journée, et pendant dix ans je ne ais peut-être pas y remettre les pieds. Ou peut-être neuf ans et demi. Il était assis dans le hall et attendait. Les pas nombreux de la nurse, d'Angel et de Clémentine retentissaient u premier étage, assourdis par l'épaisseur du plafond et des carreaux de grès. De temps en temps, le cri aigu 'un des deux salopiots perçait le tout sans effort et venait s'enrouler autour des tympans de Jacquemort. Noël u Joël. Citroën ne criait jamais. Culblanc portait une robe de baptême en taffetas rose à grands rubans lilas, avec des souliers noirs et un hapeau noir. Elle osait à peine remuer. Elle prenait tout du bout des doigts. Et elle avait déjà cassé trois vases. Angel s'était mis comme tous les jours. Clémentine en pantalon noir et tailleur assorti. Les trois salopiots esplendissaient dans des étuis de cellophane brodée. Angel descendit sortir la voiture. Clémentine portait Noël et Joël, confiant Citroën à la nurse. De temps en temps, il regardait sa mère et sa ouche fine frémissait. Il ne pleurait pas. Citroën ne pleurait jamais. Clémentine, parfois, lui lançait un regard ronique et affectait d'embrasser Noël et Joël. La voiture arriva devant le perron et tout le monde sortit. Jacquemort le dernier. Il portait les sacs de ragées, d'argent et de cretons que l'on distribuerait aux enfants et aux bêtes du village après la cérémonie. Le ciel, comme à l'accoutumée, était d'un bleu immuable et le jardin brillait de ses pourpres et des ses ors. La voiture démarra. Angel conduisait doucement à cause des enfants. Chaque fois que la nurse remuait, on entendait un grand bruit de taffetas. C'était une très belle robe. acquemort, cependant, préférait l'autre, en piqué, qui la moulait plus. Dans celle-ci, elle avait tout juste l'air équenaud. XIX 2 septembre. L'ombre s'épaississait autour de Jacquemort. Assis à son bureau, il méditait. Une certaine lassitude le retenait de faire la lumière. Ç'avait été une journée fatigante, la dernière d'une semaine fatigante et il tentait de retrouver le calme de son âme. Pendant tous ces jours de fièvre et d'agitation, il avait à peine éprouvé le besoin e psychanalyser, mais maintenant qu'il était seul, détendu, dans sa chambre, il sentait revenir, précis et ngoissants, le vide et l'absence de passion masqués un temps par une surabondance d'images. Incertain, nu de ésirs, il attendait que la bonne frappât à sa porte. Il faisait chaud dans sa chambre vernie, et cela sentait bon le bois ; la mer voisine adoucissait l'haleine rûlante de l'air et le rendait calmant et délicieux. Dehors, on entendait quelques cris d'oiseaux et des frottis igus d'insectes. Et puis, on gratta à la porte. Jacquemort se leva, alla ouvrir. La jeune paysanne entra et resta sur place, aralysée par la timidité. Jacquemort souriait ; il manoeuvra l'interrupteur et referma soigneusement le anneau. - Alors ? dit-il. On a peur ? Il se reprocha aussitôt sa vulgarité, mais se la pardonna quelques instants plus tard en réfléchissant qu'elle 'avait pu choquer une personne vulgaire. - Assieds-toi..., proposa-t-il. Là... Sur le lit. - J'ose pas..., dit-elle. - Allons, allons, dit Jacquemort. Ne sois pas timide avec moi. Étends-toi et détends-toi. - Est-ce que je me déshabille ? demanda-t-elle. - Tu fais ce que tu veux, dit Jacquemort. Déshabille-toi si ça te tente, et sinon, non. Mets-toi à ton aise... C'est out ce que je te demande. - Vous allez vous déshabiller aussi ? demanda-t-elle un peu enhardie. - Mais écoute, protesta Jacquemort, tu es venue ici pour une psychanalyse ou une fornication ? Elle baissa la tête, honteuse, et Jacquemort se sentit légèrement excité par tant d'ignorance. - Je comprends pas vos grands mots, dit-elle. Moi je veux bien faire ce que vous me direz. - Mais je te dis de faire ce que tu veux, insista Jacquemort. - J'aime bien qu'on me dise tout ce que je dois faire... Ce n'est pas moi qui commande, après tout... - Alors, étends-toi comme tu es, dit Jacquemort. Il retourna s'asseoir à son bureau. Elle le regardait par en dessous, et, se décidant, enleva sa robe d'un geste droit. C'était une de ses robes de tous les jours qu'elle avait remise en revenant du baptême, une cotonnade à leurs sans intérêt. Jacquemort la détailla, un peu lourde, bien plantée, la poitrine ronde et grasse, le ventre pas encore déformé ar le travail. Elle alla s'allonger sur le lit et il pensa que lorsqu'elle serait partie, il allait se trouver, au moment e se coucher, troublé par l'odeur de cette femme. Elle marchait un peu bêtement, mais c'était encore là sans doute, un reste de pudeur. - Quel âge as-tu ? demanda Jacquemort. - J'ai vingt ans, dit-elle. - Tu es d'où ? - Du village. - Comment as-tu été élevée ? Quel est ton plus vieux souvenir ? Il bavardait d'un ton léger pour la mettre en confiance. - Tu te rappelles tes grands-parents ? Elle réfléchit une minute. - C'est pour quoi que vous m'avez fait venir ? demanda-t-elle. Pour me demander ces choses-là ? - C'est aussi pour ça, dit Jacquemort prudent. - C'est des choses qui ne vous regardent pas, dit-elle. Elle se leva et s'assit, les jambes hors du lit. - Vous me montez ou non ? demanda-t-elle. Je suis venue pour ça. Vous le savez bien. Je ne sais pas parler, ais je ne suis pas assez bête pour vous laisser vous moquer de moi. - Oh ! va-t'en, dit Jacquemort. Tu as trop mauvais caractère. Tu reviendras demain. Cependant, elle se levait. Elle passait devant le psychiatre et le profil de sa gorge le remua. - Allez, dit-il. Reste sur le lit. Je viens. Elle regagna rapidement sa place, un peu haletante. Lorsque Jacquemort s'approcha d'elle, elle se détourna, lui présenta ses reins. Il la prit dans cette position, comme le matin derrière la haie.

« XIX 2 septembre.

L’ombre s’épaississait autourdeJacquemort.

Assisàson bureau, ilméditait.

Unecertaine lassitude le retenait defaire lalumière.

Ç’avaitétéune journée fatigante, ladernière d’unesemaine fatigante etiltentait de retrouver lecalme deson âme.

Pendant touscesjours defièvre etd’agitation, ilavait àpeine éprouvé lebesoin de psychanalyser, maismaintenant qu’ilétait seul, détendu, danssachambre, ilsentait revenir, préciset angoissants, levide etl’absence depassion masqués untemps parune surabondance d’images.Incertain, nude désirs, ilattendait quelabonne frappât àsa porte. Il faisait chauddanssachambre vernie,etcela sentait bonlebois ; lamer voisine adoucissait l’haleine brûlante del’air etlerendait calmant etdélicieux.

Dehors,onentendait quelquescrisd’oiseaux etdes frottis aigus d’insectes. Et puis, ongratta àla porte.

Jacquemort seleva, allaouvrir.

Lajeune paysanne entraetresta surplace, paralysée parlatimidité.

Jacquemort souriait ;ilmanœuvra l’interrupteur etreferma soigneusement le panneau. – Alors ? dit-il.Onapeur ? Il se reprocha aussitôtsavulgarité, maisselapardonna quelquesinstantsplustardenréfléchissant qu’elle n’avait puchoquer unepersonne vulgaire. – Assieds-toi…, proposa-t-il.Là…Surlelit. – J’ose pas…,dit-elle. – Allons, allons,ditJacquemort.

Nesois pastimide avecmoi.

Étends-toi etdétends-toi. – Est-ce quejeme déshabille ? demanda-t-elle. – Tu faisceque tuveux, ditJacquemort.

Déshabille-toi siça tetente, etsinon, non.Mets-toi àton aise… C’est tout ceque jete demande. – Vous allezvous déshabiller aussi ?demanda-t-elle unpeu enhardie. – Mais écoute, protesta Jacquemort, tuesvenue icipour unepsychanalyse ouune fornication ? Elle baissa latête, honteuse, etJacquemort sesentit légèrement excitépartant d’ignorance. – Je comprends pasvosgrands mots,dit-elle.

Moijeveux bienfaire ceque vous medirez. – Mais jete dis defaire ceque tuveux, insista Jacquemort. – J’aime bienqu’on medise tout ceque jedois faire… Cen’est pasmoi quicommande, aprèstout… – Alors, étends-toi commetues, dit Jacquemort. Il retourna s’asseoiràson bureau.

Elleleregardait parendessous, et,sedécidant, enlevasarobe d’ungeste adroit.

C’étaitunedeses robes detous lesjours qu’elle avaitremise enrevenant dubaptême, unecotonnade à fleurs sansintérêt. Jacquemort ladétailla, unpeu lourde, bienplantée, lapoitrine rondeetgrasse, leventre pasencore déformé par letravail.

Elleallas’allonger surlelit etilpensa quelorsqu’elle seraitpartie, ilallait setrouver, aumoment de secoucher, troubléparl’odeur decette femme. Elle marchait unpeu bêtement, maisc’était encore làsans doute, unreste depudeur. – Quel âgeas-tu ? demanda Jacquemort. – J’ai vingtans,dit-elle. – Tu esd’où ? – Du village. – Comment as-tuétéélevée ? Quelestton plus vieux souvenir ? Il bavardait d’untonléger pourlamettre enconfiance. – Tu terappelles tesgrands-parents ? Elle réfléchit uneminute. – C’est pourquoiquevous m’avez faitvenir ? demanda-t-elle.

Pourmedemander ceschoses-là ?. »

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