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Jean-Marie DOMENACH. Pourquoi les gens ne chantent plus. (Ce que je crois)

Publié le 22/03/2011

Extrait du document

   « J'essaye simplement de m'expliquer pourquoi les gens ne chantent plus «, question incongrue dans la bouche d'un sénateur radical-socialiste des années 20, mais qui est en train de devenir la question centrale des années 70 ; le fait qu'elle ait été posée en 1924 marquant bien qu'on ne peut, dans l'extinction de la chanson populaire, incriminer la télévision. Si les gens ne chantent plus, c'est secondairement parce que les machines le font à leur place : la prothèse ne crée pas l'infirmité, elle la pallie et l'entretient. Des gens ne chantent plus parce que l'isolement, la spécialisation, la concurrence, la rentabilisation leur enlèvent l'envie et l'occasion de chanter. Un soir, je me suis surpris, cédant à un réflexe lamentable : un homme marchait devant moi, sur le trottoir de l'avenue, en chantant : c'est un ivrogne ou c'est un fou. Demandez à des enfants d'une dizaine d'années de vous chanter ce qu'ils savent ; le plus souvent, vous obtiendrez des refrains publicitaires. L'art des calvaires bretons, qui s'était prolongé jusqu'au XIXe siècle, est mort lorsque le chemin de fer a apporté la camelote des bazars parisiens. Maintenant, d'un bout à l'autre de la terre, l'artisanat agonise, on brade aux touristes les derniers ustensiles de la famille et les bédouins vont au puits avec des seaux en plastique.    « Esthétisme d'aristocrate «, disent les esprits qui vivent en accord avec leur temps ; et de nous rappeler les chaumières au sol de terre battue et les lavandières aux mains rougies par le froid... Il n'y a rien de plus injuste que cette polémique qui nous assimile à des apologistes de la misère d'autrefois, nous autres qui dénonçons la misère du présent et mettons en garde contre la catastrophe du futur.    Ce que nous voulons, ce n'est pas le retour en arrière, c'est le bond en avant, c'est d'arracher l'humanité à cette entreprise générale de normalisation qui a commencé par la destruction des peuples nomades et primitifs et qui se poursuit par l'immatriculation de tout ce qui n'est pas éduqué à une spécialité, assigné à une tâche, fiché sur ordinateur et affilié à une organisation d'Etat. Ce que nous voulons, ce n'est pas l'arrêt du progrès, c'est, au contraire, qu'il reparte, qu'une technique nouvelle s'invente au service de la création sociale et de l'autonomie personnelle.    Vous ferez un résumé d'une dizaine de lignes de ce texte. Expliquez les mots en italique dans les expressions suivantes : « la prothèse ne crée pas l'infirmité, elle la pallie... « ; « apologistes de la misère d'autrefois «. A la question « Pourquoi les gens ne chantent plus «, l'auteur donne une réponse. Partagez-vous son avis ? Ya-t-il d'autres raisons, selon vous, pour expliquer ce sourd mécontentement autour de nous, partout ? Vous développerez votre pensée en une quarantaine de lignes en vous appuyant sur des observations précises.

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