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Jean-Paul Nozière La Chanson de Hannah - Sujet non corrigé

Publié le 21/01/2020

Extrait du document

Jean-Paul Nozière

La Chanson de Hannah

Nathan poche, 2005

Août 1941 - Une partie de la France est occupée parles nazis. Louis Podski, douze ans, a appris qu’il était juif. Il fréquente le Café des Amis tenu par Madame Jeanne, à qui il rend de nombreux services. Un jour, il découvre une femme et ses deux enfants cachés dans la cuisine de Madame Jeanne.

Madame Jeanne agrippa le poignet de Louis. Il espéra vaguement qu’elle l’assiérait sur ses genoux.

— Autant que je t’explique, dit-elle. Voilà... heu... il me semble qu’à ton âge tu comprendras. Mme Boumiran et ses deux enfants, Marc et 5 Robert, désirent passer en zone libre. Je... j’avais promis de m’en occuper mais le passeur est absent. Ne parle jamais de cette histoire à quiconque, sinon j’irais en prison. Tu le sais ?

Elle fixait anxieusement Louis. Elle ajouta, comme si la précision donnait du poids à ses craintes :

10 - Ils sont juifs et veulent échapper aux Allemands. Mon petit Loulou,

tu as dû te rendre compte que les Allemands haïssent les Juifs au point de les emprisonner. Ils font pire aussi et si tu n’étais pas si jeune...

Louis dévisagea les enfants. Si l’aîné le toisait1 crânement, Robert, suçait son pouce.

15 — Ils passeront la ligne de démarcation avec moi, dit-il soudain.

— Ne raconte pas de sottises, ce n’est guère le moment, soupira Jeannette Beaujour. Contente-toi de garder le silence.

Louis remit sa casquette.

- Madame Jeanne, je franchis la ligne de démarcation deux ou trois 20 fois par semaine.

La tension devint extrême. Les gouttes d’eau qui tombaient sur le rebord de la fenêtre explosaient comme des coups de tonnerre. Robert cessa de brouter son pouce. La femme en noir se mordit la lèvre. Madame Jeanne serra le poignet de Louis.

25 -Je t’écoute, Loulou.

Jean-Paul Nozière

La Chanson de Hannah

Nathan poche, 2005

Août 1941 - Une partie de la France est occupée parles nazis. Louis Podski, douze ans, a appris qu’il était juif. Il fréquente le Café des Amis tenu par Madame Jeanne, à qui il rend de nombreux services. Un jour, il découvre une femme et ses deux enfants cachés dans la cuisine de Madame Jeanne.

Madame Jeanne agrippa le poignet de Louis. Il espéra vaguement qu’elle l’assiérait sur ses genoux.

— Autant que je t’explique, dit-elle. Voilà... heu... il me semble qu’à ton âge tu comprendras. Mme Boumiran et ses deux enfants, Marc et 5 Robert, désirent passer en zone libre. Je... j’avais promis de m’en occuper mais le passeur est absent. Ne parle jamais de cette histoire à quiconque, sinon j’irais en prison. Tu le sais ?

Elle fixait anxieusement Louis. Elle ajouta, comme si la précision donnait du poids à ses craintes :

10 - Ils sont juifs et veulent échapper aux Allemands. Mon petit Loulou,

tu as dû te rendre compte que les Allemands haïssent les Juifs au point de les emprisonner. Ils font pire aussi et si tu n’étais pas si jeune...

Louis dévisagea les enfants. Si l’aîné le toisait1 crânement, Robert, suçait son pouce.

15 — Ils passeront la ligne de démarcation avec moi, dit-il soudain.

— Ne raconte pas de sottises, ce n’est guère le moment, soupira Jeannette Beaujour. Contente-toi de garder le silence.

Louis remit sa casquette.

- Madame Jeanne, je franchis la ligne de démarcation deux ou trois 20 fois par semaine.

La tension devint extrême. Les gouttes d’eau qui tombaient sur le rebord de la fenêtre explosaient comme des coups de tonnerre. Robert cessa de brouter son pouce. La femme en noir se mordit la lèvre. Madame Jeanne serra le poignet de Louis.

25 -Je t’écoute, Loulou. Louis expliqua qu’il traversait la rivière grâce à une vieille barque à fond plat. Oh ! certes, il ne précisa pas que la barque était un emprunt proche du vol, malgré son état pitoyable, qu’il la dissimulait sous des branches et ne l’utilisait qu’avec d’infinies précautions parce qu’il redoutait davantage le propriétaire que les Allemands. Mais Madame Jeanne crut son histoire lorsqu’il avoua que, compte tenu des appétits de ses clients, il avait dû étendre son territoire de chasse. Qu’il regrettait que corbeaux et pies, préférant la zone libre, .nichent si loin, dans le petit-bois situé de l’autre côté de la rivière.

- Et les Allemands ? questionna Mme Boumiran d’une voix minuscule où perçait un semblant d’espoir.

- Les Allemands remontent la rivière à heures fixes. Il suffit de s’assurer que la ronde a eu lieu et de traverser dans leur dos. Je l’ai fait des dizaines de fois.

Une grosse mouche verte5 répugnante, s’acharnait contre la vitre. Ils entendaient tous le bourdonnement rageur.

- Loulou, accepterais-tu dé passer Mme Boumiran et ses deux enfants ?

- Evidemment. La dernière ronde est à dix-sept heures. Si quelqu’un vous dépose une demi-heure avant à l’endroit que j’indiquerai, nous traverserons la-rivière dès ce soir..

- Si je m’attendais... Mon petit Loulou, jamais je ne te remercierai assez'! Je re donnerai dix francs, non, vingt ! [...]

- Je neveux rien, pour ça, je ne veux rien, dit-il doucement.

1. Toiser : regarder de haut, avec défi.

■ Questions (15 points)

I. MADAME JEANNE, UNE FEMME ENGAGÉE 7 POINTS

1. Qui est Madame Jeanne ? (0,5 point)

2. Lignes 6-7 : « Ne parle jamais de cette histoire à quiconque, sinon j’irais en prison. »

a) À quel mode est conjugué « parle » ? Donnez sa valeur. (1 point)

b) Qu’exprime le conditionnel « j’irais » ? (0,5point)

c) Dites quelle « histoire » Madame Jeanne a révélée à Louis. Quel risque court-elle à présent ? (1 point)

« ROMAfl • SUJET 1 Louis expliqua qu'il traversait la rivière grâce à une vieille barque à fond plat.

Oh ! certes, il ne précisa pas que la barque était un emprunt proche du vol, malgré son état pitoyable, qu'il la dissimulait sous des branches et ne l'utilisait qu'avec d'infinies précautions parce qu'il redou- so tait davantage le propriétaire que les Allemands.

Mais Madame Jeanne crut son histoire lorsqu'il avoua que, compte tenu des appétits de ses clients, il avait dû étendre son territoire de chasse.

Qu'il regrettait que cor­ beaux et pies; préférant la zone libre, ,nichent si loin, dans le petit-bois situé de !'autre côté de la rivière.

ss -Et les Allemands? questionna Mme Boumiran d'une voix minus- cule où perçait un semblant d'espoir.

Les Allemands remontent la rivière à heures fixes.

Il suffit des' assu­ rer que la ronde a eu lieu et de traverser dans leur dos.

Je 1' ai fait des dizai­ nes de fois.

40 Une grosse mouche verte, répugnante, s'acharnait contre la vitre.

Ils entendaient tous le bourdonnement rageur.

Loulou, accepterais-tu dè passer Mme Boumiran et ses deux enfants? Évidemment.

La dernière ronde est à dix-sept heures.

Si quelqu'un 45 vous dépose une demi-heure avant à l'endroit que j'indiquerai, nous tra­ verserons la rivière dès ce soir ..

-Si je m'attendais ...

Mon petit·Loulou, jamais je ne te remercierai assez-! Je te donnerai dix francs, non, vingt! [ ...

] Je ne.veux rien, pour ça, je ne veux rien, dit-il doucement.

1.

Toiser : regarder de haut, avec défi.

• Questions (15 potnts)· 1.

MAD AM E J E AN N E , · U N E FE M M E E N G A'G É E 7 POINTS ~ 1.

Qui est Madame Jeanne? (0,5 point) li>-2.

Lignes 6-7: «Ne parle jamais de cette histoire-à quiconque, sinon j'irais en prison.

» a) À quel mode est conjugué « parle » ? Donnez sa valeur.

(1 point) b) Qu'exprime le conditionnel « j'irais » ? (0,5 point) c) Dites quelle« histoire» Madame Jeanne a révélée à Louis.

Quel risque court-elle à présent ? (1 point) 143. »

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