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Jules VALLÈS (1832-1885) Démonstration de l'existence de Dieu Le professeur de philosophie - monsieur Beliben - petit, fluet, une tête comme le poing, trois cheveux, et un filet de vinaigre dans la voix.

Publié le 21/10/2016

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Jules VALLÈS (1832-1885) Démonstration de l'existence de Dieu Le professeur de philosophie - monsieur Beliben - petit, fluet, une tête comme le poing, trois cheveux, et un filet de vinaigre dans la voix. Il aimait à prouver l'existence de Dieu, mais si quelqu'un glissait un argument, même dans son sens, il indiquait qu'on le dérangeait, il lui fallait toute la table, comme pour une réussite. Il prouvait l'existence de Dieu avec des petits morceaux de bois, des haricots. « Nous plaçons ici un haricot, bon ! - là une allumette. - Madame Vingtras, une allumette ? - Et maintenant que j'ai rangé, ici les vices de l'homme, là les vertus, j'arrive avec les FACULTÉS DE L'ÂME. Ceux qui n'étaient pas au courant regardaient du côté de la porte s'il entrait quelqu'un, ou du côté de sa poche, pour voir s'il allait sortir quelque chose. Les facultés de l'âme, c'était de la haute, du chenu ! Ma mère était flattée. « Les voici ! » On se tournait encore, malgré soi, pour saluer ces dames, mais Beliben vous reprenait par le bouton du paletot et tapait avec impatience sur la table. Il lui fallait de l'attention. Que diable ! Voulait-on qu'il prouvât l'existence de Dieu, oui ou non ! « Moi, ça m'est égal, et vous ? » disait mon oncle Joseph à son voisin, qui faisait chut, et allongeait le cou pour mieux voir. Mon oncle remettait nonchalamment ses mains dans ses poches et regardait voler les mouches. Mais le professeur de bon Dieu tenait à avoir mon oncle pour lui et le ramenait à son sujet, l'agrippant par son amour-propre et s'accrochant à son métier. « Chadenas, vous qui êtes menuisier, vous savez qu'avec le compas… » Il fallait aller jusqu'au bout : à la fin le petit homme écartait sa chaise, tendait une main, montrait un coin de la table et disait : « DIEU EST LÀ. » On regardait encore, tout le monde se pressait pour voir : tous les haricots étaient dans un coin avec les allumettes, les bouts de bouchon, et quelques autres saletés, qui avaient servi à la démonstration de l'Être suprême. Il paraît que les vertus, les vices, les facultés de l'âme venaient fa-ta-le-ment aboutir à ce tas-là. Tous les haricots y sont. Donc Dieu existe. C.Q.F.D. L'Enfant, Paris, 1878, chapitre III (Le collège).
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« Il fallait aller jusqu'au bout?: ? la fin le petit homme ?cartait sa chaise, tendait une main, montrait un coin de la table et disait?: ??DIEU EST L?.?? On regardait encore, tout le monde se pressait pour voir?: tous les haricots ?taient dans un coin avec les allumettes, les bouts de bouchon, et quelques autres salet?s, qui avaient servi ? la d?monstration de l'?tre supr?me. Il para?t que les vertus, les vices, les facult?s de l'?me venaient fa-ta-le-ment aboutir ? ce tas-l?.

Tous les haricots y sont.

Donc Dieu existe.

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