La belle Lisa entra derrière lui dans cette nuit épaisse.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
Cela
lefit rire.
Elleétait sortie delaresserre, s’essuyant lespieds, remontant unpeu sarobe, pourlagarer des
ordures.
Lui,souffla labougie, referma laporte.
Elleeutpeur derentrer ainsidans lanuit, àcôté decegrand garçon ; elle
s’en allaenavant, pournepas lesentir denouveau danssesjupes.
Quand ill’eut rejointe :
— Je suiscontente toutdemême d’avoir vuça.
Ilya, sous cesHalles, deschoses qu’onnesoupçonnerait jamais.Je
te remercie… Jevais remonter bienvite ; onnedoit plus savoir oùjesuis passée, àla boutique.
Simonsieur Gavard
revient, dis-luiquej’aiàlui parler toutdesuite.
— Mais, ditMarjolin, ilest sans doute auxpierres d’abattage… Nouspouvons voir,sivous voulez.
Elle nerépondit pas,oppressée parcetairtiède quiluichauffait levisage.
Elleétait toute rose,etson corsage tendu,
si mort d’ordinaire, prenaitunfrisson.
Celal’inquiéta, luidonna unmalaise, d’entendre derrièreellelepas pressé de
Marjolin, quiluisemblait commehaletant.
Elles’effaça, lelaissa passer lepremier.
Levillage, lesruelles noiresdormaient
toujours.
Lisas’aperçut quesoncompagnon prenaitauplus long.
Quand ilsdébouchèrent enface delavoie ferrée, illui
dit qu’il avait voulu luimontrer lechemin defer ; etils restèrent làun instant, regardant àtravers lesgros madriers dela
palissade.
Iloffrit deluifaire visiter lavoie.
Ellerefusa, endisant quecen’était paslapeine, qu’elle voyaitbienceque
c’était.
Comme ilsrevenaient, ilstrouvèrent lamère Palette devantsaresserre, ôtantlescordes d’unlarge panier carré,
dans lequel onentendait unbruit furieux d’ailesetde pattes.
Lorsqu’elle eutdéfait ledernier nœud,brusquement, de
grands cousd’oie parurent, faisantressort, soulevant lecouvercle.
Lesoies s’échappèrent, effarouchées,latête lancée en
avant, avecdessifflements, desclaquements debec quiemplirent l’ombredelacave d’une effroyable musique.Lisane
put s’empêcher derire, malgré leslamentations delamarchande devolailles, désespérée, jurantcomme uncharretier,
ramenant parlecou deux oiesqu’elle avaitréussi àrattraper.
Marjolins’étaitmisàla poursuite d’unetroisième oie.On
l’entendit courirlelong desrues, dépisté, s’amusant àcette chasse ; puisilyeut unbruit debataille, toutaufond, etil
revint, portant labête.
Lamère Palette, unevieille femme jaune,laprit entre sesbras, lagarda unmoment surson
ventre, danslapose delaLéda antique.
— Ah ! bien,dit-elle, situ n’avais pasétélà !… L’autre jour,jeme suis battue avecune ; j’avais moncouteau, jelui ai
coupé lecou.
Marjolin étaittoutessoufflé.
Lorsqu’ilsarrivèrent auxpierres d’abattage, danslaclarté plusvivedugaz, Lisalevit en
sueur, lesyeux luisant d’uneflamme qu’elleneleur connaissait pas.D’ordinaire, ilbaissait lespaupières devantelle,ainsi
qu’une fille.Elleletrouva trèsbelhomme commeça,avec seslarges épaules, sagrande figurerose,danslesboucles de
ses cheveux blonds.Elleleregardait sicomplaisamment, decet aird’admiration sansdanger qu’onpeuttémoigner aux
garçons tropjeunes, qu’unefoisencore ilredevint timide.
— Tu voisbien quemonsieur Gavardn’estpaslà,dit-elle.
Tume fais perdre montemps.
Alors, d’unevoixrapide, illui expliqua l’abattage, lescinq énormes bancsdepierre, s’allongeant ducôté delarue
Rambuteau, souslaclarté jaunedessoupiraux etdes becs degaz.
Une femme saignait despoulets, àun bout ; cequi
l’amena àlui faire remarquer quelafemme plumait lavolaille presque vivante,parcequec’est plusfacile.
Puis,ilvoulut
qu’elle prîtdespoignées deplumes surlesbancs depierre, danslestas énormes quitraînaient ; illui disait qu’on lestriait
et qu’on lesvendait, jusqu’àneufsouslalivre, selon lafinesse.
Elledutaussi enfoncer lamain aufond desgrands paniers
pleins deduvet.
Iltourna ensuite lesrobinets desfontaines, placéesàchaque pilier.Ilne tarissait pasendétails : lesang
coulait lelong desbancs, faisaitdesmares surlesdalles ; descantonniers, touteslesdeux heures, lavaient àgrande eau,
enlevaient avecdesbrosses rudeslestaches rouges.
QuandLisasepencha au-dessus delabouche d’égout quisert à
l’écoulement, cefut encore touteunehistoire ; ilraconta que,lesjours d’orage, l’eauenvahissait lacave parcette
bouche ; unefoismême, elles’était élevée àtrente centimètres, ilavait fallufaire réfugier lavolaille àl’autre extrémité
de lacave, quivaen pente.
Ilriait encore duvacarme deces bêtes effarouchées.
Cependant,ilavait fini,ilne trouvait plus
rien, lorsqu’il serappela leventilateur.
Illa mena toutaufond, luifitlever lesyeux, etelle aperçut l’intérieur d’unedes
tourelles d’angle,unesorte delarge tuyau dedégagement, oùl’air nauséabond desresserres montait.
Marjolin setut, dans cecoin empesté parl’afflux desodeurs.
C’étaitunerudesse alcalinedeguano.
Maislui,semblait
éveillé etfouetté.
Sesnarines battirent, ilrespira fortement, commeretrouvant deshardiesses d’appétit.Depuisunquart
d’heure qu’ilétait dans lesous-sol aveclabelle Lisa,cefumet, cettechaleur debêtes vivantes legrisait.
Maintenant, il
n’avait plusdetimidité, ilétait plein durut qui chauffait lefumier despoulaillers, souslavoûte écrasée, noired’ombre.
— Allons, ditlabelle Lisa,tues un brave enfant, dem’avoir montrétoutça…Quand tuviendras àla charcuterie, jete
donnerai quelquechose.
Elle luiavait prislementon, commeellefaisait souvent, sansvoirqu’il avait grandi.
Elleétait unpeu émue, àla
vérité ; émueparcette promenade sousterre, d’une émotion trèsdouce, qu’elle aimaitàgoûter, enchose permise etne
tirant pasàconséquence.
Elleoublia peut-être samain unpeu plus longtemps quedecoutume, souscementon
d’adolescent, sidélicat àtoucher.
Alors,àcette caresse, lui,cédant àune poussée del’instinct, s’assurant d’unregard
oblique quepersonne n’étaitlà,seramassa, sejeta surlabelle Lisa,avec uneforce detaureau.
Ill’avait priseparles
épaules.
Illa culbuta dansungrand panier deplumes, oùelle tomba comme unemasse, lesjupes auxgenoux.
Etilallait la
prendre àla taille, ainsiqu’ilprenait Cadine, d’unebrutalité d’animal quivole etqui s’emplit, lorsque,sanscrier, toute
pâle decette attaque brusque, ellesortit dupanier d’unbond.
Elleleva lebras, comme elleavait vufaire auxabattoirs,.
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