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LA BENEDICTION DES CHANOINES.

Publié le 28/04/2011

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Ce récit est extrait du chant V du Lutrin : le Trésorier de la Sainte-Chapelle, qui est le Prélat y réduit une révolte des chanoines en les bénissant et en les forçant ainsi à tomber à ses genoux. Le récit est une parodie comique du style épique. On étudiera particulièrement l'importance des verbes dans le style narratif. (Au moment où le récit commence, les chanoines luttent contre les chantres à coup de gros livres ; deux chantres viennent d'être étendus à terre.) Au spectacle étonnant de leur chute imprévue, Le prélat pousse un cri qui pénètre la nue. Il maudit dans son cœur le démon des combats, Et, de l'horreur du coup, il recule six pas. Mais, bientôt, rappelant son antique prouesse, 5 Il tire du manteau sa dextre vengeresse ; Il part, et, de ses doigts saintement allongés, Bénit tous les passants en deux files rangés. Il sait que l'ennemi, que ce coup va surprendre, Désormais sur ses pieds ne l'oserait attendre, 10

Et déjà voit pour lui tout le peuple en courroux Crier aux combattants : « Profanes, à genoux ! « Le Chantre, qui, de loin, voit approcher l'orage, Dans son cœur éperdu cherche en vain du courage ; Sa fierté l'abandonne : il tremble, il cède, il fuit ; 15 Le long des sacrés murs sa brigade le suit ; Tout s'écarte à l'instant, mais aucun n'en réchappe ; Partout le doigt vainqueur les suit et les rattrape. Evrard seul, en un coin, prudemment retiré, Se croyait à couvert de l'insulte sacrée : 20 Mais le prélat vers lui fait une marche adroite ; Il l'observe de l'œil, et, tirant vers la droite, Tout d'un coup tourne à gauche, et, d"un bras fortuné, Bénit subitement le guerrier consterné. Le chanoine, surpris de la foudre mortelle, 25 Se dresse, et lève en vain une tête rebelle ; Sur ses genoux tremblants il tombe à cet aspect, Et donne à la frayeur ce qu'il doit au respect. Dans le temple aussitôt, le prélat, plein de gloire, Va goûter les doux fruits de sa sainte victoire ; 30 Et de leur vain projet les chanoines punis S'en retournent chez eux, éperdus et bénis. Boileau.

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