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La faute à Voltaire

Publié le 14/12/2011

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voltaire

 

Voltaire, Rousseau, tout est de leur faute,

comme on sait. Ils ont deux cents ans tous les deux,

et on les lit toujours tous les deux. Ils sont morts la

même année, en 1778, à quelques semaines de distance

; Rousseau avait soixante-six ans et son compère

détesté, Voltaire, était plus qu'octogénaire.

L'année les rapproche comme la vie les sépara. La

Pléiade, la collection « Folio «, les éditions Garnier

leur consacrent des études érudites, comme celle de

Jean Orieux sur l'auteur de Candide, comme celle

de Jean Roussel sur l'auteur des C01J[essions. On a

oublié les querelles des deux frères ennemis qui ne

sont plus qu'argumentations universitaires ; les

deux ermites ne nous concernent plus guère quand

ils s'envoient, par personnes interposées, quelques

méchancetés qui font le plus grand plaisir au châtelain

de Ferney et la plus grande peine au pensionnaire

d'Ermenonville. Mais, n'importe ! Le principal

est qu'ils aient eu des mots : cela fait une littérature.

Et que serait la littérature française sans ces

deux hommes ? Elle aurait un trou.

voltaire

« Relire Du Bellay L'inconvénient des écrivains trop connus, ceux qu'on apprend par cœur ou qu'on déchiffre en clas­ se, c'est qu'on a trop souvent l'impression de les connaître.

La répétition donne l'illusion de la lim­ pidité, la pratique celle de l'intelligence.

Il est plus sage de se méfier, surtout s'il s'agit d'écrivains complexes comme ceux de la Renaissance dont on ne connaît d'ailleurs, en général, qu'un choix d'œu­ vres, les plus réussies peut-être, mais aussi celles qui semblent parler encore à notre conscience.

Or, si les artistes de la Renaissance ont, en effet, cher­ ché à comprendre la réalité de l'homme dans l'es­ pace et le temps, ils ne l'ont pas fait sans utiliser pour cela tout un arsenal intellectuel dont on n'a pas fini de mesurer la richesse.

Les mots, les ima­ ges et les idées se relaient, s'entrecroisent et se sou­ tiennent dans un fantastique chassé-croisé de réfé­ rences et d'intentions comparable à une construc­ tion architecturale dont l'apparente simplicité n'est qu'un perpétuel dépassement de l'apparence.

L'ap­ parence d'un tableau du XVI• siècle est une espèce de duperie puisque ce 'lu' on y voit n'est d'ordinaire que le double destiné a être interprété de la scène figurée ; on en dira autant de la littérature.

Il y a toujours un secret quelque part.

C'est le cas de l'œuvre de Du Bellay, comme le montre avec passion Gilbert Gadoffre dans son Du Bellay et le sacré publié dans la collection des « Es­ sais », chez Gallimard.

Il y a chez le poète de constantes résonances, et le sacré, comme chez les peintres italiens dont il avait pu voir les œuvres, est sous-jacent au profane ; la mythologie antique parle de Dieu, la passion parle du Christ, l'histoire parle de l'homme et ces renvois successifs consti­ tuent une clé, comme on dit, grâce à laquelle des poèmes qui peuvent paraître obscurs· ou qui ne le semblent pas, comme le Songe, ou l'Olive, ou les Treize sonnets de l'honneste amour, se révèlent chargés d'une singulière symbolique.

Du Bellay a vécu, douloureusement, le drame de l'Eglise déchi­ rée, avec un Vatican, devenu puissance temporelle, installer son autorité sur les vestiges de la gloire impériale.

S'il n'apprécie pas ceux qui parlent au nom de Calvin, il regrette que Rome joue le jeu de la richesse et de la gloire au lieu de celui des évan­ giles.

L'Apocalypse, qu'on ne lit guère en son temps, est une lecture habituelle et il voit Rome sous les traits de Caïn, assassinant son frère.

Lui qui pensait, comme d'autres de son entourage, que l'art serait créateur d'harmonie et que la Répu­ blique des hommes doit être semblable à celle que l'artiste conçoit, éprouve au spectacle du monde une aigre désillusion.

Rome et ses antiquités deviennent, dans cet éclairage le symbole de cette désillusion.

Le temps qui passe renverse les empi­ res et l'homme est un être que le temps broie aussi.

La République universelle n'est pas pour demain.

Il y a chez Du Bellay une obsession du sacré qui était assez répandu dans les milieu néoplatoniciens qu'il fréquentait ; le sacré, alors, c'était la religion chrétienne, mais on pouvait aussi bien le retrouver dans les mythes de la Méditerranée que dans ceux de la Gaule celtique.

Il y a dans ce livre de près de trois cents pages une mine de réflexion sur la pen­ sée renaissante et sur l'art du xv• et du XVI• siè­ cle.

Aimé de son concierge Rien n'est aussi beau qu'un roman populaire quand il est bien fait.

Les éditions Garnier l'ont compris : c'est pourquoi elles ont entrepris de réé­ diter, avec les illustrations originales, un certain nombre de chefs-d'œuvre du genre qui ont disparu depuis longtemps des librairies, s'ils reparaissent parfois sur les écrans de la télévision.

On trouve dans cette nouvelle collection le Bossu de Paul Féval et Rocambole de Ponson du Terrail.

Il y a un siècle que le Bossu enchante ; ce n'est pas sans rai­ son.

Cette histoire absolument incroyable de rapt, de poursuites échevelées, de haines, de trahisons, de meurtres et de déguisements, a, à défaut de toute psychologie, l'attrait de l'aventure.

Philippe Poly­ xène de Mantoue, prince de Mantoue, est une franche canaille en habits royaux et, dès qu'il appa­ raît, un frisson d'horreur saisit le lecteur ; qu'est-ce que ce monstre va encore inventer, quel mal va-t-il encore faire ? On devine ses mauvais coups à l'avance, mais on est toujours surpris par leur scé~ lératesse et leur réussite.

Heureusement, il y a Lagardère, ~rsonnage devenu, à juste titre, légen­ daire, qui retablit les torts, punit les méchants et sauve les innocentes, comme la tendre Aurore dont le lecteur tombe immédiatement amoureux et qu'il souhaiterait aussi sauver.

Féval a fait de chacun de ses lecteurs un Lagardère qui s'ignore.

C'est sa for­ ce.

Rocambole est encore plus stupide, mais telle­ ment merveilleux.

Le pauvre Pierre-Alexis Ponson du Terrail n'avait pas eu de chance avec la vie qui lui refusa l'amour et la fortune.

Il se vengea en inventant un univers aussi riche que celui de Bal­ zac, avec des jeunes filles pures et des gredins, des redresseurs de torts et des assassins, des escrocs et des bourreaux.

Il ne reculait devant rien pour se défouler.

C'est lui Rocambole.

Et le rêve qu'il s'of­ fre et qu'il offre est fantastique.

Cette littérature en liberté donne d'immenses joies qu'on aurait tort de mépriser.

Aimé de sa concierge, dont l'auteur s'appelait Eugène Chavette, n'est pas mal non plus.

A la dif­ férence des autres ouvrages du genre, il y a dans celui-là, sinon une réelle unité d'action, au moins une évidente unité de lieu.

Tout se passe dans un immeuble très bien du quartier de l'Opéra.

Mais il y a du mystère à chaque étage, et comme les loca­ taires des cinq étages constituent une société, il va de soi que les mystères vont se multiplier à mesure que des rapports vont se lier entre les uris et les autres.

Il y a une jeune veuve tout à fait ravissante qui s'appelle Célestine ; un jeune· rapin nommé Clovis, un méchant personnage appelé Gravoiseau, une fille de cuisinière qui ne l'est pas, un officier de cavalerie qui en est réellement un et une intrigue effarante conduite à toute allure, où il y a du roman policier à la Rouletabille.

Le plaisir est constant.

Il ne faut qu'accepter le jeu.

La contrainte est douce.. »

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