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La Fontaine - Fables : Le songe d'un habitant du Mogol

Publié le 03/03/2011

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fontaine

   Si j'osais ajouter au mot de l'interprète1, J'inspirerais ici l'amour de la retraite : Elle offre à ses amants des biens sans embarras, Biens purs, présents du Ciel, qui naissent sous les pas. 5 Solitude, où je trouve une douceur secrète, Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais? Oh! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles? Quand pourront les neuf Sœurs2, loin des cours et des villes, 10 M'occuper tout entier et m'apprendre des deux Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les noms et les vertus de ces clartés errantes3 Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes! Que si4 je ne suis né pour de si grands projets, 15 Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets! Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie! La Parque5 à filets6 d'or n'ourdira7 point ma vie, Je ne dormirai point sous de riches lambris : Mais voit-on que le somme en perde de son prix? 20 En est-il moins profond, et moins plein de délices? Je lui voue au désert8 de nouveaux sacrifices Quand le moment viendra d'aller trouver les morts, J'aurai vécu sans soins9, et mourrai sans remords.    Fables, XI, 4 (2e partie)    2. Les Muses. — 3. Les planètes. — 4. Formule imitée du latin = et si. — 5. L'une des trois Parques qui, dans la mythologie grecque présidaient à la destinée humaine : l'une tissait le fil de la vie, l'autre le dévidait, la troisième le coupait. — 6. Des fils. — 7. Ourdir signifie placer les fils sur le métier à tisser. — 8. Dans la solitude. 9. Soucis.

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