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La mort du loup (1843). A. de Vigny

Publié le 20/06/2011

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vigny

A. de Vigny raconte qu'il est parti, la nuit, avec plusieurs chasseurs, pour traquer un loup. Aux rayons de la lune, il aperçoit les louveteaux dansant, puis la louve, puis le loup.... Celui-ci, se sentant perdu, saisit un chien, et se laisse percer de coups, sans bouger ni crier. — Vigny tire de cette mort une leçon de stoïcisme.

Le loup vient et s'assied, les deux jambes dressées, Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées. Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris, Sa retraite coupée et tous ses chemins pris; Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante, Du chien le plus hardi la gorge pantelante, Et n'a pas desserré sa mâchoire de fer, Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair, Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles, Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles, Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé, Mort longtemps avant lui, sous' ses pieds a roulé. Le loup le quitte alors, et puis il nous regarde. Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde, Le clouaient au gazon tout baigné de son sang, Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant. Il nous regarde encore, ensuite il se recouche, Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, Et, sans daigner savoir comment il a péri, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.... Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'hommes, Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes! Comment on doit quitter la vie et tous ses maux, C'est vous qui le savez, sublimes animaux! A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse, Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse. — Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur! Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive, A force de rester studieuse et pensive, Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté. Gémir, pleurer, prier, est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. «

(Les Destinées.) QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Un récit suivi d'une méditation philosophique. 1° Quelle leçon a voulu donner Alfred de Vigny en écrivant la Mort du loup? 2° Qu'entendez-vous par le stoïcisme? 3° Vous paraît-il facile de souffrir et de mourir sans parler et sans se plaindre? 4° Quelles hautes qualités morales implique un tel silence chez qui peut l'observer? 5° Montrez que, dans cette pièce, se révèle l'âme haute et fière d'Alfred de Vigny. II. — L'analyse du morceau. — 1° Distinguez les deux parties du morceau; — donnez un titre à chacune d'elles; 2° Pourquoi le loup s'était-il jugé perdu? 3° Quel animal a-t-il saisi dans sa gueule? L'a-t-il lâché, sous l'action des coups de feu et des coups de couteau? 4° A-t-il tenté de se jeter sur les chasseurs? 5° Comment est-il mort? 50 Quelles sont les réflexions du poète? Comment interprète-t-il le dernier regard du loup? III. — Le style; — les expressions. — 1° Montrez la sobriété et l'énergie du style dans cette pièce; 2° Ne trouve-t-on pas, dans une de ses parties (dire laquelle), une grande élévation de pensée? (à expliquer); 3° Est-il, dans le morceau, de beaux vers, se fixant aisément dans la mémoire? (en citer quelques-uns); 4° Quelle opposition marque le poète au commencement de la méditation? 5° Commenter le vers : Gémir, pleurer, prier, est également lâche; 6° Expliquer les expressions : sinistre croissant, — stoïque fierté. IV. La grammaire. — 1° Quels sont les mots de la même famille que aigus et stoïque? 2° Trouvez un synonyme de sinistre et de débiles; 3° Distinguez les propositions contenues dans les trois derniers vers du morceau; nature de chacune d'elles ; 4° Relevez les participes passés qui se trouvent dans les sept premiers vers ; justifiez la terminaison de chacun d'eux. Rédaction. — Imaginez la fin héroïque d'un soldat de la Grande Guerre qui, ainsi que le loup, meurt sans une plainte.

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