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La renaissance du Ku Klux Klan vue par André Siegfried

Publié le 11/04/2011

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   Économiste et professeur à l'École libre des Sciences politiques (avant de devenir en 1933 professeur au Collège de France), André Siegfried publie en 1927 son ouvrage sur Les États-Unis d'aujourd'hui. La première partie du livre, la plus attachante, est entièrement consacrée à la « crise ethnique et religieuse du peuple américain «. Voici un extrait du chapitre sur le Ku Klux Klan. Un premier K.K.K. avait été fondé par les sudistes en 1866 « pour le maintien de la suprématie blanche dans les États à esclaves «. Il avait été dissous en 1869 et c'est au moment de la première guerre mondiale et surtout au lendemain immédiat de celle-ci qu'il fait sa réapparition.    « ... Il a suffi en effet de la crainte d'une nouvelle crise pour faire revivre, cinquante ans plus tard, un mouvement analogue. C'est en 1915, à Atlanta (Géorgie) que le nouveau Ku Klux Klan a reparu, mais il n'a vraiment pris d'essor que vers 1917 ou 1918, quand la psychologie collective du temps de guerre commençait de se manifester par un renouveau de nationalisme et de xénophobie. Le fondateur, William Joseph Simmons, le « colonel Simmons « (il avait été soldat de seconde classe pendant la guerre hispano-américaine), était l'un de ces nombreux prédicateurs protestants laïques, que la guerre imprégnait d'une sorte de mysticisme impérialiste. La société secrète qu'il institue, avec le vieux nom prestigieux de Ku Klux Klan, est « consacrée, en tant que société protestante, à l'enseignement de la religion chrétienne; elle s'engage, en tant que société de blancs, au maintien perpétuel de la suprématie de la race blanche «. C'est la vieille hantise du Sud, mais les circonstances lui donnent un renouveau d'actualité : en 1917, les nègres ont été incorporés dans l'armée, nombre d'entre eux sont allés à ce titre en Europe; on les a souvent traités sur pied d'égalité, plusieurs ont même pu connaître des femmes blanches... A aucun prix il ne faut qu'au retour ils relèvent la tête : le Klan sera là pour les en empêcher comme au temps de la reconstruction. Et si, à côté du noir, l'étranger catholique révèle des prétentions, si le bolchevik pénètre de ses doctrines  odieuses la vieille Amérique, les bons citoyens protestants seront encore là pour s'y ^ opposer...    ... Sous cette impulsion son caractère se modifie, il cesse d'être simplement une réaction sudiste locale pour devenir l'expression exaltée d'une sorte d'instinct national de -défense. En même temps, son centre de gravité se déplace, du Sud proprement dit vers le Sud-Ouest et l'Ouest. « André Siegfried, Les États-Unis d'aujourd'hui, Paris, A. Colin, 1927, pp. 127-128.

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