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La rotisserie de la Reine Pedauque --Eh bien!

Publié le 11/04/2014

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La rotisserie de la Reine Pedauque --Eh bien! reprit M. d'Anquetil, quoi que disent les gazettes, la guerre consiste uniquement à voler des poules et des cochons aux vilains. Les soldats en campagne ne sont occupés que de ce soin. --Vous avez bien raison, dit mon bon maître, et l'on disait jadis en Gaule que la bonne amie du soldat était madame la Picorée. Mais je vous prie de ne pas tuer Jacques Tournebroche, mon élève. --L'abbé, répondit M. d'Anquetil, l'honneur m'y oblige. --Ouf! dit Catherine, en arrangeant sur sa gorge la dentelle de sa chemise, je suis mieux comme cela. --Monsieur, poursuivit mon bon maître, Jacques Tournebroche m'est fort utile pour une traduction de Zozime le Panopolitain que j'ai entreprise. Je vous serai infiniment obligé de ne vous battre avec lui qu'après que ce grand ouvrage sera parachevé. --Je me fiche de votre Zozime, répondit M. d'Anquetil. Je m'en fiche, vous m'entendez, l'abbé. Je m'en fiche comme le Roi de sa première maîtresse. Et il chanta: Pour dresser un jeune courrier Et l'affermir sur l'étrier Il lui fallait une routière Laire lan laire. --Qu'est-ce que c'est que ce Zozime? --Zozime, monsieur, répondit l'abbé, Zozime de Panopolis, était un savant grec qui florissait à Alexandrie au IIIe siècle de l'ère chrétienne et qui composa des traités sur l'art spagyrique. --Que voulez-vous que cela me fasse? répondit M. d'Anquetil, et pourquoi le traduisez-vous? Battons le fer quand il est chaud, Dit-elle, en faisant sonner haut Le nom de sultane première, Laire lan laire. --Monsieur, dit mon bon maître, je conviens qu'il n'y a point à cela d'utilité sensible, et que le train du monde n'en sera point changé. Mais en illustrant de notes et commentaires le traité que ce Grec a composé pour sa soeur Théosébie... Catherine interrompit le discours de mon bon maître en chantant d'une voie aiguë: Je veux en dépit des jaloux Qu'on fasse duc mon époux, Lasse de le voir secrétaire. Laire lan laire. --... Je contribue, poursuivit mon bon maître, au trésor de connaissances amassé par de doctes hommes, et j'apporte ma pierre au monument de la véritable histoire qui est celle des maximes et des opinions, plutôt que des guerres et des traités. Car, monsieur, la noblesse de l'homme... La rotisserie de la Reine Pedauque 59 La rotisserie de la Reine Pedauque Catherine reprit: Je sais bien qu'on murmurera, Que Paris nous chansonnera; Mais tant pis pour le sot vulgaire! Laire lan laire. Et mon bon maître disait cependant: --... Est la pensée. Et à cet égard il n'est pas indifférent de savoir quelle idée cet Égyptien se faisait de la nature des métaux et des qualités de la matière. M. l'abbé Jérôme Coignard but un grand coup de vin pendant que Catherine chantait encore: Par l'épée ou par le fourreau Devenir duc est toujours beau, Il n'importe la manière. Laire lan laire. --L'abbé, dit M. d'Anquetil, vous ne buvez pas, et de plus vous déraisonnez. J'étais, en Italie, dans la guerre de succession, sous les ordres d'un brigadier qui traduisait Polybe. Mais c'était un imbécile. Pourquoi traduire Zozime? --Si vous voulez tout savoir, dit mon bon maître, j'y trouve quelque sensualité. --A la bonne heure! dit M. d'Anquetil, mais en quoi M. Tournebroche, qui en ce moment caresse ma maîtresse, peut-il vous aider? --Par la connaissance du grec, dit mon bon maître, que je lui ai donnée. M. d'Anquetil se tournant vers moi: --Quoi, monsieur, dit-il, vous savez le grec! Vous n'êtes donc pas gentilhomme? --Monsieur, répondis-je, mon père est porte-bannière de la confrérie des rôtisseurs parisiens. --Il m'est donc impossible de vous tuer, me répondit-il. Veuillez m'en excuser. Mais, l'abbé, vous ne buvez pas. Vous me trompiez. Je vous croyais un bon biberon, et j'avais envie de vous prendre pour mon aumônier quand j'aurai une maison. Cependant, M. l'abbé Coignard buvait à même la bouteille, et Catherine, penchée à mon oreille, me disait: --Jacques, je sens que je n'aimerai jamais que vous. Ces paroles, venant d'une belle personne en chemise, me jetèrent dans un trouble extrême. Catherine acheva de me griser en me faisant boire dans son verre, ce qui ne fut pas remarqué dans la confusion d'un souper qui avait beaucoup échauffé toutes les têtes. M. d'Anquetil, cassant contre la table le goulot d'un flacon, nous versa de nouvelles rasades, et, à partir de ce moment, je ne me rendis pas un compte exact de ce qui se disait et faisait autour de moi. Je vis toutefois que Catherine ayant traîtreusement versé un verre de vin dans le cou de son amant, entre la nuque et le col de La rotisserie de la Reine Pedauque 60

« Catherine reprit: Je sais bien qu'on murmurera, Que Paris nous chansonnera; Mais tant pis pour le sot vulgaire! Laire lan laire. Et mon bon maître disait cependant: —...

Est la pensée.

Et à cet égard il n'est pas indifférent de savoir quelle idée cet Égyptien se faisait de la nature des métaux et des qualités de la matière. M.

l'abbé Jérôme Coignard but un grand coup de vin pendant que Catherine chantait encore: Par l'épée ou par le fourreau Devenir duc est toujours beau, Il n'importe la manière. Laire lan laire. —L'abbé, dit M.

d'Anquetil, vous ne buvez pas, et de plus vous déraisonnez.

J'étais, en Italie, dans la guerre de succession, sous les ordres d'un brigadier qui traduisait Polybe.

Mais c'était un imbécile.

Pourquoi traduire Zozime? —Si vous voulez tout savoir, dit mon bon maître, j'y trouve quelque sensualité. —A la bonne heure! dit M.

d'Anquetil, mais en quoi M.

Tournebroche, qui en ce moment caresse ma maîtresse, peut-il vous aider? —Par la connaissance du grec, dit mon bon maître, que je lui ai donnée. M.

d'Anquetil se tournant vers moi: —Quoi, monsieur, dit-il, vous savez le grec! Vous n'êtes donc pas gentilhomme? —Monsieur, répondis-je, mon père est porte-bannière de la confrérie des rôtisseurs parisiens. —Il m'est donc impossible de vous tuer, me répondit-il.

Veuillez m'en excuser.

Mais, l'abbé, vous ne buvez pas.

Vous me trompiez.

Je vous croyais un bon biberon, et j'avais envie de vous prendre pour mon aumônier quand j'aurai une maison. Cependant, M.

l'abbé Coignard buvait à même la bouteille, et Catherine, penchée à mon oreille, me disait: —Jacques, je sens que je n'aimerai jamais que vous. Ces paroles, venant d'une belle personne en chemise, me jetèrent dans un trouble extrême.

Catherine acheva de me griser en me faisant boire dans son verre, ce qui ne fut pas remarqué dans la confusion d'un souper qui avait beaucoup échauffé toutes les têtes. M.

d'Anquetil, cassant contre la table le goulot d'un flacon, nous versa de nouvelles rasades, et, à partir de ce moment, je ne me rendis pas un compte exact de ce qui se disait et faisait autour de moi.

Je vis toutefois que Catherine ayant traîtreusement versé un verre de vin dans le cou de son amant, entre la nuque et le col de La rotisserie de la Reine Pedauque La rotisserie de la Reine Pedauque 60. »

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