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Lafcadio Hearn, Un voyage d'été aux Tropiques, chapitre XVII

Publié le 31/03/2011

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Le sentiment d'effroi qu'inspire une forêt tropicale est certainement plus intense que la crainte mystique qu'aucun désert boisé du Nord a jamais pu éveiller... L'éclat presque surnaturel des couleurs, l'intensité de cet océan de frondaisons, et l'obscurité violette des rares brèches qui révèlent sa profondeur inconcevable, les millions de sons mystérieux qui forment son murmure continuel, tout cela évoque l'idée d'une force créatrice qui terrifie. L'homme se sent ici comme un insecte ; il est craintif comme un lépidoptère sur le qui-vive contre des ennemis impitoyables, et cette crainte n'est pas sans fondement. Ce serait une folie que de pénétrer sans guide dans ces abîmes verts, car même avec les meilleurs guides il y a du péril. La Nature y est dangereuse ; les forces qui créent sont celles qui putréfient ; ici la vie et la mort se transmettent continuellement leurs offices dans l'incessante transformation des forces, fondant et reformant la substance dans le même vaste creuset. Il y a des arbres qui distillent du venin ; il y a des plantes qui ont des dards ; il y a des parfums qui troublent le cerveau ; il y a des plantes grimpantes froides et vertes, dont le contact provoque des ampoules comme le contact du feu ; tandis que dans tous les coins, dans toutes les ombres, il y a un grouillement de vie inconnue, belle ou hideuse, insectes, reptiles, oiseaux, qui luttent, s'entre-dévorent et s'entre-tuent.    Lafcadio Hearn, Un voyage d'été aux Tropiques, chapitre XVII, 1887.    Vous ferez de ce texte un commentaire composé, organisé à votre guise. En accordant toute l'attention qu'ils méritent aux divers procédés de style employés, vous pourriez analyser, par exemple, les caractères de la forêt tropicale que l'auteur souligne, ainsi que les sentiments qu'elle inspire aux hommes.

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