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Le Conscrit ou Le Retour de Crimee De boire ensemble A table!

Publié le 11/04/2014

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Le Conscrit ou Le Retour de Crimee De boire ensemble A table! à table! Et le verre à la main, Trinquons, chantons, buvons (bis) Jusqu'à demain... (bis). CRIQUET Encore une rasade, les amis! hardi là! Tous. Bravo! bravo! Criquet! (Ils boivent). Reprise du choeur: La belle nuit, etc. LEFUTÉ. Voyez donc les amis, comme le costume militaire leur va bien... Ah! sergent Lavaleur, il y a deux ans, vous nous l'aviez bien dit que nous les trouverions changés... sapristi! ça réjouit le coeur!... Et cette belle croix!... comme ça brille sur la poitrine... ça ne veut pas dire qu'on est resté en arrière, ça, hein? Tous (avec force). Vive Robert! Vive Julien! LAVALEUR. Ah! ces deux-là, j'les avais jugés d'avance au départ, et mille canons! Lavaleur ne se trompe jamais au physique, ça s'voit dans les yeux... Robert et Julien sont des soldats modèles!... je suis fier d'avoir obtenu mon congé avec eux. ROBERT. Ma foi, M. Lefuté, mes braves camarades et moi, nous sommes heureux de vous revoir et ravis, enchantés de la cordiale réception que vous nous faites. JULIEN. Je partage avec plaisir les mêmes sentiments que mon frère d'armes vient de vous exprimer. Quant à vous, M. Lefuté, je suis heureux de pouvoir devant tous nos amis, vous remercier des soins que vous avez pris de ma bonne mère: vous avez tenu noblement votre promesse! Soyez-en béni! LEFUTÉ Ah! Julien, je savais trop bien apprécier ton sacrifice!... Aujourd'hui tout est fini, tu es de retour, mes voeux sont exaucés! Le bonheur est là!... Ta bonne vieille mère t'attend au village; encore quelques instants et tu seras dans ses bras!... Elle pleurera... mais ce sera de joie, en voyant son fils, son bon Julien, décoré de l'étoile des braves! SCÈNE 7e 27 Le Conscrit ou Le Retour de Crimee ROBERT. Oui, mes amis, noire Julien mérite le bonheur, et à plus d'un titre; j'en sais quelque chose, moi! JULIEN. Allons, allons, Robert, je t'en prie, tais-toi. ROBERT (souriant). Tais-toi donc toi-même, monsieur le modeste... Écoutez, mes amis, ce petit épisode de notre carrière militaire!... C'était presque sous les murs de Sébastopol; j'étais avec mes camarades, placé en éclaireur pendant la nuit... Le poste, croyez-le bien, n'était pas très agréable; mais le devoir avant tout, le soldat ne sait qu'obéir... Donc, jusqu'à dix heures, tout paraissait tranquille... quand, environ une demi-heure après, une vive fusillade se fait entendre du côté des remparts de Sébastopol! Les balles pleuvaient comme la grêle; nous n'étions pas nombreux, 150 hommes à peu près, et nos coups de fusil ne pouvaient presque rien!... A la lueur des pots à feu lancés par les Russes, ces derniers découvrent notre ligne d'éclaireurs, malgré nos quelques embuscades... Que faire?... Je l'ignorais comme mes camarades.... Abandonner notre poste... impossible! Les balles sifflaient toujours... et au moment où nous cherchions le moyen de battre en retraite pour retourner au camp et rejoindre notre corps... une gueuse de balle arrive et me fracasse la jambe!... Je tombe!... Impossible de me relever... mes camarades, battaient en retraite et ne me virent ni ne m'entendirent... Je suis flambé, me dis-je... Les Russes tiraient toujours et mes compagnons s'éloignèrent lentement en soutenant le feu!... Que faire?... Le jour paraîtra... les Russes ne me feront pas de quartiers!... Il faut mourir ici, me dis-je... je murmure une prière du fond du coeur, un adieu au pays et j'attendais la mort!... quand tout à coup, une voix amie murmure à mon oreille: Non, non, Robert, tu ne resteras pas ici, je te sauverai ou nous mourrons ensemble! Et ce compagnon, ce frère, malgré les balles, malgré l'obscurité, me prend entre ses bras et cinq minutes après, j'étais sur les chariots d'ambulance! TOUS (avec explosion). Vive! Vive Julien! ROBERT (serrant les mains de Julien). Oui, mes amis, vous avez bien deviné... c'était Julien!... c'était mon ami mon frère d'armes, qui venait, au péril de sa vie, m'arracher à la mort! CRIQUET (s'essuyant les yeux avec sa manche). Cré coquin! j'en pleure tont rouge! LEFUTÉ. C'est beau! c'est grand, ça, mon Julien! Ah! je le répète, le village doit être fier de vous deux!... Voyons, mes camarades, on nous attend là-bas avec une grande impatience... Mais avant de quitter ma, ferme, encore une rasade, comme dit Criquet. CRIQUET Oui, oui, parrain, et servis de suite. (Il verse). SCÈNE 7e 28

« ROBERT. Oui, mes amis, noire Julien mérite le bonheur, et à plus d'un titre; j'en sais quelque chose, moi! JULIEN. Allons, allons, Robert, je t'en prie, tais-toi. ROBERT (souriant). Tais-toi donc toi-même, monsieur le modeste...

Écoutez, mes amis, ce petit épisode de notre carrière militaire!...

C'était presque sous les murs de Sébastopol; j'étais avec mes camarades, placé en éclaireur pendant la nuit...

Le poste, croyez-le bien, n'était pas très agréable; mais le devoir avant tout, le soldat ne sait qu'obéir...

Donc, jusqu'à dix heures, tout paraissait tranquille...

quand, environ une demi-heure après, une vive fusillade se fait entendre du côté des remparts de Sébastopol! Les balles pleuvaient comme la grêle; nous n'étions pas nombreux, 150 hommes à peu près, et nos coups de fusil ne pouvaient presque rien!...

A la lueur des pots à feu lancés par les Russes, ces derniers découvrent notre ligne d'éclaireurs, malgré nos quelques embuscades...

Que faire?...

Je l'ignorais comme mes camarades....

Abandonner notre poste...

impossible! Les balles sifflaient toujours...

et au moment où nous cherchions le moyen de battre en retraite pour retourner au camp et rejoindre notre corps...

une gueuse de balle arrive et me fracasse la jambe!...

Je tombe!...

Impossible de me relever...

mes camarades, battaient en retraite et ne me virent ni ne m'entendirent...

Je suis flambé, me dis-je...

Les Russes tiraient toujours et mes compagnons s'éloignèrent lentement en soutenant le feu!...

Que faire?...

Le jour paraîtra...

les Russes ne me feront pas de quartiers!...

Il faut mourir ici, me dis-je...

je murmure une prière du fond du coeur, un adieu au pays et j'attendais la mort!...

quand tout à coup, une voix amie murmure à mon oreille: Non, non, Robert, tu ne resteras pas ici, je te sauverai ou nous mourrons ensemble! Et ce compagnon, ce frère, malgré les balles, malgré l'obscurité, me prend entre ses bras et cinq minutes après, j'étais sur les chariots d'ambulance! TOUS (avec explosion). Vive! Vive Julien! ROBERT (serrant les mains de Julien). Oui, mes amis, vous avez bien deviné...

c'était Julien!...

c'était mon ami mon frère d'armes, qui venait, au péril de sa vie, m'arracher à la mort! CRIQUET (s'essuyant les yeux avec sa manche). Cré coquin! j'en pleure tont rouge! LEFUTÉ. C'est beau! c'est grand, ça, mon Julien! Ah! je le répète, le village doit être fier de vous deux!...

Voyons, mes camarades, on nous attend là-bas avec une grande impatience...

Mais avant de quitter ma, ferme, encore une rasade, comme dit Criquet. CRIQUET Oui, oui, parrain, et servis de suite.

(Il verse).

Le Conscrit ou Le Retour de Crimee SCÈNE 7e 28. »

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