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Le discours qui suscite la bienveillance chez les juges, c'est celui-là qui est à même de persuader.

Publié le 03/11/2013

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discours
Le discours qui suscite la bienveillance chez les juges, c'est celui-là qui est à même de persuader. Or, ce n'est pas le discours rhétorique qui suscite la bienveillance, mais le discours sans apprêt (1), qui laisse apparaître la marque de l'homme ordinaire. De fait, tous sont opposés au discours de l'orateur parce qu'ils détestent sa surabondance : car, même si ce sont des choses justes que l'orateur établit, ils ont l'impression que ce n'est pas la nature des faits, mais l'artifice de l'orateur qui les leur fait apparaître justes. Au contraire, tout un chacun est favorable au discours de l'homme ordinaire, qu'il tient pour faible, et attribue plus de justice à ce qui est moins juste, parce que celui qui l'établit est un homme ordinaire qui s'exprime sans apprêt. C'est pour cette raison qu'il n'était pas permis autrefois aux Athéniens de procurer un défenseur à ceux qui étaient jugés devant le conseil de l'Aréopage (2) : mais c'est sans subtilité et sans ruse que chacun, dans la mesure de ses moyens, parlait pour se défendre. En outre, si vraiment les orateurs avaient foi en leur propre capacité de persuasion, ils n'auraient pas besoin de provoquer ni pitié ni lamentations ni indignation ni tout autre sentiment de ce genre - toutes choses qui, en vérité, ne persuadent nullement, mais faussent l'opinion des juges et obscurcissent la justice. SEXTUS EMPIRICUS, Contre les rhéteurs 1)sans apprêt : sans artifice. 2)Aréopage : tribunal d'Athènes.

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