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LE LION ET LE RAT : LE TEXTE DE MAROT

Publié le 07/07/2011

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marot

Ce texte et le suivant traitent de la même matière ; mais chacun des auteurs, Marot et La Fontaine, adopte un point de vue et une forme différents. Marot écrit une lettre (ou épître) à son ami Léon (on disait « Lion «) Jamet, de Chartres, où il est retenu en résidence forcée, dans la maison de l'évêque, pour « avoir mangé le lard en carême « ; La Fontaine, bien entendu, écrit une fable. On étudiera, dans chacun des deux textes, a) la Matière; b) le Point de vue{; c) la Forme organique ; d) la Disposition, ou Plan; e) la Présentation, et Von fera toutes les comparaisons utiles.

Je ne t'écris de l'amour vaine et folle ; Tu vois assez s'elle sert ou affolle. Je ne t'écris ne  d'armes ne  de guerre ; Tu vois qui peut bien ou mal y acquerre . Je ne t'écris de Fortune puissante ; 5 Tu vois assez s'elle est ferme ou glissante. Je ne t'écris d'abus trop abusant ; Tu n'en sais prou  et si n'en vas  usant. Je ne t'écris de Dieu ne  sa puissance ; C'est à lui seul t'en donner connaissance. 10 ... Je ne t'écris qui est rude ou affable, Mais je te veux dire une belle fable, C'est assavoir du Lion et du Rat. Cestuy  Lyon, plus fort qu'un vieil verrat, Vit une fois que le Rat ne savait 15 Sortir d'un lieu, pour autant qu'il avait Mangé le lard et la chair toute crue. Mais ce Lion, qui jamais ne fut grue, Trouva moyen et manière et matière D'ongles et dents de rompre la ratière 20 Dont maître Rat s'échappe vitement, Puis mit à terre un genou gentement Et, en ôtant son bonnet de la tête, A mercié mille fois la grand bête, Jurant le dieu des souris et des rats 25 Qu'il lui rendrait. Maintenant tu verras Le bon du compte. Il advint d'aventure Que le Lion, pour chercher sa pâture, Saillit dehors de sa caverne et siège, Dont, par malheur, se trouva pris au piège 30 Et fut lié contre un ferme poteau. Adonc le Rat, sans serpe ne couteau, Y arriva, joyeux et ébaudi, Et du Lion, pour vrai, ne s'est gaudi , Mais dépita  chats, chates et chatons Et prisa  fort rats, rates et ratons, Dont  il avait trouvé temps favorable Pour secourir le Lion secourable Auquel a dit : « Tais-toi, Lion lié, Par moi seras maintenant délié ; Tu le vaux bien, car le cœur joli as ; Bien y parut quand tu me délias. Secouru m'as fort lionneusement, Or, secouru seras rateusement. « Lors, le Lion ses deux grands yeux vêtit Et vers le Rat les tourna un petit  En lui disant : « 0 pauvre verminière , Tu n'as sur toi instrument ne  manière, Tu n'as couteau serpe ne serpillon Qui sût couper corde ne cordillon Pour me jeter de cette étroite voie. Va te cacher, que le chat ne te voie. « — « Sire Lion, dit le fils de souris, De ton propos, certes, je me souris : J'ai des couteaux assez, ne te soucie, De bel os blanc, plus tranchants qu'une scie. Leur gaîne, c'est ma gencive et ma bouche. Bien couperont la corde qui te touche De si très  près, car j'y mettrai bon ordre. « Lors, sire Rat va commencer à mordre Ce gros lien ; vrai est qu'il y songea Assez longtemps, mais il le vous rongea Souvent et tant qu'à la parfin tout rompt, Et le Lion de s'en aller fut prompt, Disant en soi : « Nul plaisir, en effet, Ne se perd point, quelque part où soit fait. « Voilà le conte en termes rimassés. Il est bien long, mais il est vieil assez, Témoin Esope et plus d'un million. Or viens me voir pour faire le Lion, Et je mettrai peine, sens et étude D'être le Rat exempt d'ingratitude, J'entends si Dieu te donne autant d'affaire Qu'au grand Lion, ce qu'il ne veuille faire.   

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