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Le Speronare Vers une des extremites de la caisse, on retrouva une petite monnaie de cuivre; au centre etait une aigle couronnee, et au-dessus de cette aigle, une croix et quelques lettres dont on ne put retrouver la signification.

Publié le 11/04/2014

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Le Speronare Vers une des extremites de la caisse, on retrouva une petite monnaie de cuivre; au centre etait une aigle couronnee, et au-dessus de cette aigle, une croix et quelques lettres dont on ne put retrouver la signification. Il y avait peu de difference entre le costume de Guillaume et ceux qui revetaient les cadavres de Henri et de Frederic II, retrouves a Palerme, en 1784, ce qui prouve que ce costume etait l'habit royal des souverains normands. Pres du Dome est l'abbaye, et attenant a l'abbaye est le cloitre, merveilleuse construction de style arabe, soutenue par deux cent seize colonnes, dont pas une ne presente la meme ornementation. Sur l'un des chapiteaux on voit represente Guillaume II a genoux, offrant son eglise a la Vierge. C'est ce cloitre qui a servi de modele pour la decoration du troisieme acte de Robert-le-Diable. C'etaient de vaillants hommes, il faut l'avouer, que ces Normands. Au VIIe siecle, ils quittent la Norvege, et apparaissent dans les Gaules. Charlemagne passe sa vie a les repousser, et lorsqu'il croit etre debarrasse d'eux a tout jamais, il voit reparaitre a l'horizon leurs vaisseaux si nombreux, que decourage, non pas pour lui, mais pour ses descendants, le vieil empereur croise les bras et pleure silencieusement sur l'avenir. En effet, un siecle ne s'est pas ecoule, qu'ils remontent la Seine et viennent assieger Paris. Repousses en Neustrie par Eudes, fils de Robert le Fort, ils s'y cramponnent au sol, il est impossible de les en arracher, et Charles le Simple traite avec Rollon, leur chef. A peine le traite est-il fait qu'ils batissent les cathedrales de Bayeux, de Caen et d'Avranches. Le reste de la Gaule n'a point une langue encore, et se debat entre le latin, le teuton et le roman, qu'ils ont deja des trouveres. Les romans de Rou et de Benoit de Saint-Maur precedent de cent vingt ans les premieres poesies provencales, Guillaume le Batard, en 1066, a son poete Taillefer, qui l'accompagne, et auquel il donne l'homerique mission de chanter une conquete qui n'est pas encore entreprise. Puis, a peine l'Angleterre conquise (et il ne leur faut qu'une bataille pour cela), les vainqueurs se substituent aux vaincus, brisent l'ancien moule saxon, changent la langue, les moeurs, les arts; de sorte qu'on ne voit plus qu'eux a la surface du sol, et que la population premiere disparait comme aneantie. Pendant que ces faits s'accomplissent vers l'occident, il s'opere a l'orient quelque chose de plus incroyable encore; une quarantaine de Normands, egares a leur retour de Jerusalem, ou ils ont ete faire une croisade pour leur compte, debarquent a Salerne et aident les Lombards a battre les Sarrasins. Serguis, duc de Naples, pour les recompenser de ce service, leur accorde quelques lieues de terrain entre Naples et Capoue; ils y fondent aussitot Averse, que Ranulphe gouverne avec le titre de comte. Ils ont un pied en Italie, c'est tout ce qu'il leur faut. Attendez, voici venir Tancrede de Hauteville et ses fils. En 1035, ils abordent sur les cotes de Naples. Deux ans apres, ils aident l'empereur d'Orient a reconquerir la Sicile sur les Sarrasins, s'emparent de la Pouille pour leur propre compte, se font nommer ducs de Calabre, flottent un instant indecis entre les deux grands partis qui divisent l'Italie, se font guelfes; et, investis d'hier par les papes, ils les recompensent a leur tour en les soutenant contre les empereurs d'Occident. Et combien de temps leur a-t-il fallu pour tout cela? De 1035 a 1060, vingt-cinq ans. Place a Roger, le grand comte. Ce n'est plus assez pour lui d'etre comte de Pouille et duc de Calabre; il enjambe le detroit, prend Messine en 1061, et Palerme en 1072. Dans l'espace de onze ans, il a aneanti la puissance sarrazine. Mais ce n'est pas tout pour lui que d'etre conquerant comme Alexandre, et legislateur comme Justinien; il lui faut encore reunir en lui le pouvoir sacerdotal au pouvoir militaire, la mitre a l'epee: il se fait nommer legat du pape en 1098, et meurt en 1101, leguant a ses descendants ce titre, aujourd'hui encore un des plus precieux du roi de Naples actuel. Son fils Roger lui succede, mais ce n'est plus assez pour celui-ci d'etre comte de Sicile et de Calabre, duc de Pouille et prince de Salerne. En 1130, il se fait nommer roi de Sicile, et en 1146 il s'empare d'Athenes et de Corinthe, d'ou il rapporte les muriers et les vers a soie. En 1154, il meurt, laissant la Sicile a son fils, Guillaume le Mauvais: c'est celui que nous avons trouve revetu de ses habits royaux, dans le tombeau brise de Montreale, et qui, couche dans sa biere, a six pieds de long. Guillaume II, son fils, lui succede, et batit le GRECS ET NORMANDS 255 Le Speronare Dome de Montreale, la cathedrale de Palerme et le palais Royal. Celui-la, c'est Guillaume le Pacifique, Guillaume le poete, Guillaume l'artiste. Il profite a la fois de la civilisation grecque, arabe et occidentale; il prend aux Occidentaux la pensee mystique, aux Arabes la forme, aux Grecs l'ornementation; trouve le temps de faire une croisade, et revient mourir, a trente-six ans, pres de ce Dome de Montreale qu'il a bati. En lui s'eteint la descendance legitime du grand comte. Il a pour successeur un batard de Roger, duc de Pouille, nomme Tancrede. Celui-la regne cinq ans sans que l'histoire s'en occupe. Avec lui meurt le dernier des rois normands. Henri VI, qui a epouse Constance, fille de Roger, lui succede. La famille de Souabe est sur le trone de Sicile. Il nous restait quelques heures pour visiter La Favorite, chateau royal auquel la predilection que lui portaient Caroline et Ferdinand a fait donner son nom. Pendant leur long sejour en Sicile, La Favorite etait la residence d'ete des deux exiles. C'est de La Favorite que partit lady Hamilton, pour aller obtenir de Nelson la rupture de la capitulation de Naples. Nelson, pour une nuit de plaisir, manqua a la parole donnee, et vingt mille patriotes payerent de leur tete la defaite d'Emma Lyonna, l'ancienne courtisane de Londres. La Favorite est un nouveau caprice dans le genre de la folie palagonienne; seulement, a La Favorite, tout est chinois: interieur et exterieur, ameublement et jardin. On ne sort pas des kiosques, des pagodes, des ponts, des sonnettes et des grelots. Il est inutile de dire que tout cela est d'un gout detestable et dans le genre du plus mauvais Louis XV. En rentrant a Palerme, nous trouvames tout notre equipage qui nous attendait a la porte de l'hotel. Le speronare etait entre dans le port le matin meme, apres un excellent voyage. Il apportait avec lui une provision de vin de marsala achetee sur les lieux. Il fallut nous laisser baiser les mains par tous ces braves gens, auxquels nous donnames rendez-vous a bord pour le lundi suivant. CHARLES D'ANJOU Il y a, a un mille a peu pres de Palerme, sur les bords de l'Orethe, et pres du Campo-Santo actuel, une petite eglise qu'on appelle l'eglise du Saint-Esprit. Elle n'a rien de remarquable sous le rapport de l'art, mais elle garde pour les Palermitains un grand souvenir. C'est a la porte de cette eglise que commenca le massacre des Vepres siciliennes. Aussi n'avions-nous garde de manquer a lui faire notre visite. Que ceux qui m'ont suivi dans mes excursions pittoresques veuillent bien m'accompagner un instant dans cette excursion historique, la chose en vaut la peine. Le pape Alexandre IV venait de mourir. La bataille de Monte-Aperto, au succes de laquelle Manfred avait concouru en envoyant mille de ses cavaliers en aide aux Gibelins, avait consolide la puissance imperiale en Italie, et avait place Manfred a la tete du parti aristocratique. Urbain IV, en montant sur le trone pontifical, vit que, s'il voulait rendre a Rome son ancienne suprematie, c'etait Manfred qu'il fallait frapper. La chose etait d'autant plus facile que Manfred donnait par sa conduite grande prise a la censure ecclesiastique. On le soupconnait d'avoir accelere la mort de son pere Frederic II [1], et de son frere Conrad. En outre, au lieu de combattre les Sarrasins partout ou il les rencontrait, comme l'avaient fait ses predecesseurs normands, il s'etait allie avec eux, et il avait un corps d'infanterie et de cavalerie arabe dans son armee. Note: [1] L'excommunication contre la maison de Souabe remontait a Frederic H. Ce fut a propos de cette excommunication qu'un cure de Paris, charge de proclamer l'interdit, et rie voulant pas se prononcer entre CHARLES D'ANJOU 256

« Dome de Montreale, la cathedrale de Palerme et le palais Royal.

Celui-la, c'est Guillaume le Pacifique, Guillaume le poete, Guillaume l'artiste.

Il profite a la fois de la civilisation grecque, arabe et occidentale; il prend aux Occidentaux la pensee mystique, aux Arabes la forme, aux Grecs l'ornementation; trouve le temps de faire une croisade, et revient mourir, a trente-six ans, pres de ce Dome de Montreale qu'il a bati. En lui s'eteint la descendance legitime du grand comte.

Il a pour successeur un batard de Roger, duc de Pouille, nomme Tancrede.

Celui-la regne cinq ans sans que l'histoire s'en occupe.

Avec lui meurt le dernier des rois normands.

Henri VI, qui a epouse Constance, fille de Roger, lui succede.

La famille de Souabe est sur le trone de Sicile. Il nous restait quelques heures pour visiter La Favorite, chateau royal auquel la predilection que lui portaient Caroline et Ferdinand a fait donner son nom.

Pendant leur long sejour en Sicile, La Favorite etait la residence d'ete des deux exiles.

C'est de La Favorite que partit lady Hamilton, pour aller obtenir de Nelson la rupture de la capitulation de Naples.

Nelson, pour une nuit de plaisir, manqua a la parole donnee, et vingt mille patriotes payerent de leur tete la defaite d'Emma Lyonna, l'ancienne courtisane de Londres. La Favorite est un nouveau caprice dans le genre de la folie palagonienne; seulement, a La Favorite, tout est chinois: interieur et exterieur, ameublement et jardin.

On ne sort pas des kiosques, des pagodes, des ponts, des sonnettes et des grelots.

Il est inutile de dire que tout cela est d'un gout detestable et dans le genre du plus mauvais Louis XV. En rentrant a Palerme, nous trouvames tout notre equipage qui nous attendait a la porte de l'hotel.

Le speronare etait entre dans le port le matin meme, apres un excellent voyage.

Il apportait avec lui une provision de vin de marsala achetee sur les lieux.

Il fallut nous laisser baiser les mains par tous ces braves gens, auxquels nous donnames rendez-vous a bord pour le lundi suivant. CHARLES D'ANJOU Il y a, a un mille a peu pres de Palerme, sur les bords de l'Orethe, et pres du Campo-Santo actuel, une petite eglise qu'on appelle l'eglise du Saint-Esprit.

Elle n'a rien de remarquable sous le rapport de l'art, mais elle garde pour les Palermitains un grand souvenir.

C'est a la porte de cette eglise que commenca le massacre des Vepres siciliennes.

Aussi n'avions-nous garde de manquer a lui faire notre visite. Que ceux qui m'ont suivi dans mes excursions pittoresques veuillent bien m'accompagner un instant dans cette excursion historique, la chose en vaut la peine. Le pape Alexandre IV venait de mourir.

La bataille de Monte-Aperto, au succes de laquelle Manfred avait concouru en envoyant mille de ses cavaliers en aide aux Gibelins, avait consolide la puissance imperiale en Italie, et avait place Manfred a la tete du parti aristocratique.

Urbain IV, en montant sur le trone pontifical, vit que, s'il voulait rendre a Rome son ancienne suprematie, c'etait Manfred qu'il fallait frapper. La chose etait d'autant plus facile que Manfred donnait par sa conduite grande prise a la censure ecclesiastique.

On le soupconnait d'avoir accelere la mort de son pere Frederic II [1], et de son frere Conrad. En outre, au lieu de combattre les Sarrasins partout ou il les rencontrait, comme l'avaient fait ses predecesseurs normands, il s'etait allie avec eux, et il avait un corps d'infanterie et de cavalerie arabe dans son armee. Note: [1] L'excommunication contre la maison de Souabe remontait a Frederic H.

Ce fut a propos de cette excommunication qu'un cure de Paris, charge de proclamer l'interdit, et rie voulant pas se prononcer entre Le Speronare CHARLES D'ANJOU 256. »

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