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LE SUJET - TEXTE (philo)

Publié le 17/10/2016

Extrait du document

ARISTOTE (384-322) : La substance comme substrat

Guillaume d'OCKHAM (vers 1285-1349) : Différentes significations du sujet

René DESCARTES (1596-1650) : « Je » pense

Gottfried W. LEIBNIZ (1646-1716) : Substance et liberté

David HUME (1711-1776) : Le moi est un faisceau de perceptions

Emmanuel KANT (1724-1804) : La question « Qu'est-ce que l'homme ? »

Emmanuel KANT (1724-1804) : Conscience de soi et identité du moi

Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860) : Le sujet est ce qui connaît le monde sans se connaître lui-même

Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) : Le sujet n'est que l'objet d'une croyance

Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) : Le sujet : « une routine grammaticale » !

Roger MUNIER (1923-) : L'homme est ek-sistence et non sujet

Ludwig WITTGENSTEIN (1889-1951) : L'intériorité contestée

Hans-Georg GADAMER (1900-2002) : La subjectivité située dans l'histoire

Jacques LACAN (1901-1981) : À propos d'une formule de Freud : « Wo es war soll Ich werden »

Michel FOUCAULT (1926-1984) : Le sujet et le pouvoir

ARISTOTE (384-322)

La substance comme substrat

La substance se prend, sinon en un grand nombre de sens, du moins en quatre sens principaux : on pense, en effet, que la substance de chaque être est soit la quiddité, soit l'universel, soit le genre, et, en quatrième lieu, le sujet. - Le sujet est ce dont tout le reste s'affirme, et qui n'est pas lui-même affirmé d'une autre chose. C'est pourquoi, c'est lui qu'il convient d'examiner tout d'abord, car c'est principalement le sujet premier qui semble être la substance.

Métaphysique, Z, 3, tr. J.Tricot, Paris, Vrin, 1991, p. 241-242.

Guillaume d'OCKHAM (vers 1285-1349)

Différentes significations du sujet

Que quelque chose est considéré comme sujet parce qu'il se tient réellement sous autre chose qui lui est inhérent et qui lui survient réellement. Ainsi, le sujet se comprend de deux manières. Au sens strict, quelque chose est considéré comme sujet en regard des accidents qui lui sont réellement inhérents et sans lesquels il peut subsister. Au sens large, on appelle sujet tout ce qui se tient sous autre chose, que ceci soit un accident réellement inhérent ou une forme substantielle informant ce à quoi elle est liée : en ce sens la matière est considérée comme sujet a l'égard des formes substantielles.

Mais, en une autre acception, le sujet s'appelle ainsi parce qu'il est la partie d'une proposition qui précède la copule et dont quelque chose est prédiqué. Ainsi, dans la proposition « l'homme est un animal », « homme » est le sujet parce que c'est de l'homme que l'animal est prédiqué. Et le sujet ainsi compris peut s'entendre de plusieurs façons. En un sens large, on appelle sujet tout ce qui peut être sujet d'une proposition quelconque, vraie ou fausse. Et de cette manière, n'importe quel universel peut être sujet à l'égard d'un autre, comme on le voit avec évidence dans des propositions telles que « tout animal est un âne », « toute blancheur est un corbeau », et ainsi de suite.

Somme de logique, tr. J. Biard, © Editions TER, 1988, p. 96.

René DESCARTES (1596-1650)

« Je » pense

Mais qu'est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu'est-ce qu'une chose qui pense ? C'est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent. Certes ce n'est pas peu si toutes ces choses appartiennent à ma nature. Mais pourquoi n'y appartiendraient-elles pas ? Ne suis-je pas encore ce même qui doute presque de tout, qui néanmoins entends et conçois certaines choses, qui assure et affirme celles-là seules être véritables, qui nie toutes les autres, qui veux et désire d'en connaître davantage, qui ne veux pas être trompé, qui imagine beaucoup de choses, même quelquefois en dépit que j'en aie, et qui en sens aussi beaucoup, comme par l'entremise des organes du corps ? Y a-t-il rien de tout cela qui ne soit aussi véritable qu'il est certain que je suis, et que j'existe, quand même je dormirais toujours, et que celui qui m'a donné l'être se servirait de toutes ses forces pour m'abuser ? Y a-t-il aussi aucun de ces attributs qui puisse être distingué de ma pensée, ou qu'on puisse dire être séparé de moi-même ? Car il est de soi si évident que c'est moi qui doute, qui entends, et qui désire, qu'il n'est pas ici besoin de rien ajouter pour l'expliquer. Et j'ai aussi certainement la puissance d'imaginer ; car encore qu'il puisse arriver (comme j'ai supposé auparavant) que les choses que j'imagine ne soient pas vraies, néanmoins cette puissance d'imaginer ne laisse pas d'être réellement en moi, et fait partie de ma pensée. Enfin je suis le même qui sens, c'est-à-dire qui reçois et connais les choses comme par les organes des sens, puisqu'en effet je vois la lumière, j'ouis le bruit, je ressens la chaleur. Mais l'on me dira que ces apparences sont fausses et que je dors. Qu'il soit ainsi ; toutefois, à tout le moins, il est très certain qu'il me semble que je vois, que j'ouis, et que je m'échauffe ; et c'est proprement ce qui en moi s'appelle sentir, et cela, pris ainsi précisément, n'est rien autre chose que penser. D'où je commence à connaître quel je suis, avec un peu plus de lumière et de distinction que ci-devant.

 

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