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Les définitions et les mesures supposent des préférences et des initiatives.

Publié le 11/05/2011

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« Le phosphore fond à la température de 44 degrés «... demandons-nous ce que signifient ces mots... Faut-il voir dans le phosphore une chose donnée.., on ne saura jamais ce qu'est le phosphore, car la suite des propriétés qu'il manifestera est illimitée comme celle des circonstances où il se trouvera placé. Or le savant qui parle du phosphore est clairement compris de ceux à qui il s'adresse, et se comprend clairement lui-même : ... ce qui est ainsi nommé se trouve défini par un petit nombre de propriétés que le chimiste énoncerait avec précision. C'est donc qu'en somme il en a fait choix pour la définition du phosphore. A-t-il, pour ce choix, obéi à quelque règle impérative ?... Est-ce une règle essentielle de la chimie d'envisager, par exemple, quelques propriétés physiques spéciales, couleur, odeur, densité, solubilité dans tel ou tel liquide ? Mais on a trouvé des variétés de phosphore (phosphore rouge, phosphore noir, etc.) différant, à tous les points de vue, de ce qu'on nomme de préférence le phosphore ordinaire — Dira-t-on que, pour caractériser les corps étudiés en chimie, c'est du côté des propriétés chimiques qu'on doit nécessairement se tourner ? Mais les propriétés chimiques les plus courantes, action sur l'oxygène, action sur l'organisme d'un être vivant, ne sont pas les mêmes pour le phosphore rouge et pour le phosphore ordinaire. Il faut donc renoncer à parler de règle impérative... Qu'est-ce qu'un degré ?... A nous fier à nos impressions naturelles, qu'est-ce que nous pourrions bien saisir sous ces mots : température double ou triple d'une autre ? Le physicien nous dira que, pour donner un sens à ce langage, il substitue à nos sensations vagues et obscures un phénomène observable et mesurable avec précision, la dilatation d'une certaine masse de mercure enfermée dans un tube de verre ; portant son appareil dans la glace fondante, puis dans la vapeur d'eau bouillante, il marque successivement 0 et 100 aux points où, dans ces circonstances, vient affleurer le mercure... La notion du degré, telle qu'elle en résulte, est une véritable création. Nous voyons en effet le savant décider librement : 1° que la température se mesurera par la dilatation d'un corps ; 2° que ce corps sera une colonne de mercure dans un tube de verre, 3° que des variations égales de température correspondront à des déplacements égaux du niveau du mercure.

GASTON MILHAUD.

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