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Les mathématiques sont le dictionnaire du physicien.

Publié le 11/05/2011

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physicien

Nous ignorons ce que pourrait être une adaptation nécessaire et uniforme des idées aux choses, mais nous croyons variable à l'infini le nombre de voies par lesquelles peut procéder la pensée théorique pour exprimer en son langage les phénomènes observés.... Plus nombreuses seront les conceptions formulées et essayées, plus nombreuses aussi seront les chances que quelqu'une remplisse les conditions de positivité nécessairement requises pour une application féconde... Comment nier que la science tire le plus grand profit de notions fictives, invérifiables, échappant, par leur nature, aux conditions de détermination ordinaire des choses, dépourvues, semble-t-il, le plus qu'il est possible, de tout caractère de positivité, comme, par exemple, l'éther et les atomes en physique, — comme en mathématique, chaque symbole nouveau introduit par généralisation précisément dans les cas où, en vertu des conditions premières, il cessait de rien représenter. Et ce ne sont pas seulement les notions fictives qui peuvent réussir, ce sont parfois des vues manifestement absurdes ; essayez, par exemple, de supposer les longueurs composées d'un nombre fini de points, les surfaces d'un nombre déterminé de lignes, vous n'aurez pas de peine à démontrer certains théorèmes connus, et dont l'intérêt heureusement ne dépend pas de cette conception si manifestement contradictoire avec l'ensemble de nos vues géométriques ordinaires.... L'interprétation se substituant à la pénétration directe, il n'y a plus de difficulté à admettre la multiplicité des théories. Il n'y en a pas non plus à comprendre le rôle efficace des fictions les plus chimériques à l'égard de la réalité objective : ne suffit-il pas qu'elles contribuent à perfectionner une langue ? GASTON MILHAUD.

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