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Les Préludes. (Fragments) - Lamartine

Publié le 10/07/2011

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lamartine

O vallons paternels; doux champs; humble chaumière Au bord penchant des bois suspendus aux coteaux, Dont Thumble toit, caché sous des touffes de lierre, Ressemble au nid sous les rameaux; Gazons entrecoupés de ruisseaux et d'ombrages; Seuil antique où mon père, adoré comme un roi, Comptait ses gras troupeaux rentrant des pâturages, Ouvrez-vous, ouvrez-vous ! c'est moi. Voilà du dieu des champs la rustique demeure. J'entends l'airain frémir au sommet de ses tours; Il semble que dans l'air une voix qui me pleure Me rappelle à mes premiers jours. Oui, je reviens à toi, berceau de mon enfance, Embrasser pour jamais tes foyers protecteurs. Loin de moi les cités et leur vaine opulence! Je suis né parmi les pasteurs. Enfant, j'aimais comme eux à suivre dans la plaine Les agneaux pas à pas, égarés jusqu'au soir; A revenir comme eux baigner leur blanche laine Dans l'eau courante du lavoir; J'aimais à me suspendre aux lianes légères, A gravir dans les airs de rameaux en rameaux, Pour ravir, le premier, sous l'aile de leurs mères Les tendres œufs des tourtereaux; J'aimais les voix du soir dans les airs répandues, Le bruit lointain des chars gémissant sous leur poids, Et le sourd tintement des cloches suspendues Au cou des chevreaux dans les bois. Et depuis, exilé de ces douces retraites, Comme un vase imprégné d'une première odeur. Toujours, loin des cités, des voluptés secrètes Entraînaient mes yeux et mon cœur.

L'ensemble. — Dans les Préludes, dont nous citons un fragment, Lamartine obéit encore à cette inspiration de la terre, des champs, des traditions de la campagne et de la famille qui lui a dicté tant de beaux vers. La maison de son enfance, le souvenir de son père, ouvrent d'abord le poème, mais ce sont surtout les tableaux de la vie champêtre, les aspects, les travaux, les horizons qu'on a sous les yeux à la campagne qui animent la pièce dans son ensemble. A travers l'harmonie et la sérénité des rythmes lamartiniens, particulièrement réalisées dans ces strophes, on voit apparaître les goûts, les attachements, les pensées du poète resté toujours fidèle aux impressions de son enfance, à l'amour de la terre, et admirant la beauté profonde des travaux des champs. C'est là, dans l'œuvre de Lamartine, une veine, en quelque sorte virgilienne, assez rare dans la poésie française et, à cause de cela, d'autant plus précieuse.

Les mots : Préludes : exactement ce qui précède le jeu (poétique ou musical); il s'agit ici d'un long poème de Lamartine consacré à diverses impressions de sa vie. mon père adoré comme un roi : le père de Lamartine était un gentilhomme campagnard, propriétaire et vigneron, qui dirigeait un nombreux personnel dont il était très aimé. airain : la cloche, métaphore fréquente chez Lamartine. pasteurs : forme poétique du mot berger (du latin pastor) qui a donné pâtre et pastour.   

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