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Les rites de la mort au musée de l'homme

Publié le 06/12/2011

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L'exposition récemment ouverte à Paris (de juillet 1979 à Juillet 1980) dans la salle d'Anthropologie du musée de l'Homme rassemble et permet de comparer les objets, les images et les drverses pratiques funéraires des cinq parties du monde. Cette exposition présente les résultats d'u.ne recherche à travers le monde et marque le pomt d'une réflexion collective issue à la fois du laboratoire d'Ethnologie du Muséum d'Histoire Naturelle et du Centre National de Recherche Scientifique. Aujourd'hui que, dit-on, nous sommes face à une rupture de civilisation et que la mort n'est plus recueillie dans nos sociétés mais se voit au contraire évacuée, « taboutisée « et occultée, le projet d'une exposition sur les rites de la mort dans laquelle se rencontrent non seulement les objets généralement exposés dans les Musées mais e.nc'?re l'audio-visuel et l'écrit est d'une importance significative : rendre à la mort sa place dans la vie des hommes et, à partir de cette place, ouvrir des horizons nouveaux aux sciences de l'homme.

« Collection Musée de l'Homme Reliquaire Sango (Congo, Gabon).

Le panier qui contient les reliques des ancêtres défunts est dissimulé par des lanières de cuir et surmonté d'une figurante en bois représentant l'ançlltre fondateur du clan.

expliquent les rites d'un groupe ou d'une région, l'exposition du musée de l'Homme présente plu­ sieurs types de sociétés qui, pour être contempo­ rains, se chevauchent pourtant historiquement.

On peut ainsi noter plusieurs temps forts dans l'attitu­ de des hommes face à la mort: tout d'abord lorsque la mort concerne davantage le groupe social que l'individu ; puis lorsque la mort indivi­ duelle prend une importance sans cesse croissante pour chacun.

C'est ce que Ph.

Ariès a appelé c la mort de soi », qui apparaît avec la volonté d'être plus, liée étroitement avec la volonté de posséder plus.

La mort se ~sonnalise alors, se dramatise d'autant et introdwt à l'intérieur de l'idée du destin collectif, le souci de la particularité.

Parallèlement, l'idée de c l'après-mort » passe-t­ elle par trois niveaux (historiques distincts): lorsque la vie dans l'au-delà est plus ou moins conçue comme une réplique de la vie terrestre, les morts r sont heureux, mais ils ont cependant ten­ dance a regretter leur ancienne existence et à vou­ loir revenir sur terre (fantômes, esprits ...

).

Les rites funéraires ont alors un double but : aider le défunt à passer vers l'au-delà et se préserver de son retour malfaisant Ainsi font les Mahafaly de Madagascar qui, après avoir enseveli le mort, le chassent caté­ goriquement : « On vous a construit un beau tom­ beau.

Dites d nos anc€tres de nous donner des richesses pour que nous puissions enterrer les .

morts suivants.

Annoncez votre nouveau nom d nos anc€tres et dites leur !{Ue vous ne faites plus partie de notre famille.

!1 V1ent ensuite le point de we que l'on peut appeler chrétien ou musulman, pour lesquels l'existence des vivants et des morts est nettement tranchée.

La mort y est également perçue comme un seuil dans l'existence mais la vie nouvelle qui en résulte est celle d'un accès à Dieu.

Enf'm, un troisième stade existe, qui pourrait être app~lé celui de la « néantisation » de la mort, néan­ tisation typique des sociétés industrielles, dans lequel, de vivant, l'individu passe au néant.

Les morts sont les« de-functi », ceux qui ont cessé de fonctionner et sont évacués avec un minimum de rites et un maximum de savoir faire.

Ch~ue être reste seul, alors, devant une mort qui, b1en que médicalisée, n'est plus recueillie par son groupe social.

Ce troisième stade, qui est celui de nos sociétés Occidentales n'est pas représenté au musée de l'Homme mais la raison en est sans doute que, plus ~u'à faire un historique des rites funéraires, c'est a une réflexion que nous invitent les ethnolo-.

gues qui ont préparé cette exposition ..

Réflexion d'autant plus utile que, tandis que dans nos sociétés la mort a été occultée, existent d'autres types de sociétés dans lesquelles elle est intimement mêlée à la vie, où le dialogue avec elle remplace notre monologue sans fm avec un néant et pour lesquel­ les, malgré la douleur qu'elle provoque, la mort prend encore cette place que lu1 avait donnée Jan-.

kelevitch : c La mort est le levier de toute vie ; sans elle, nous ne serions rien.

» · Exposition c Les rites de la mort » Musée de l'Homme - Palais de Chaillot Place du Trocadéro - 75016 PARIS Tous les jours sauf mardi de 10 h à 17 h. »

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