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L'onde ne chante plus...

Publié le 01/05/2011

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Cette pièce se divise en deux parties : les trois premières strophes (v. 1 à 12) contiennent l'expression des regrets que le spectacle du Versailles actuel inspire au poète; dans les quatre dernières strophes (v. 13 à 28), le poète prend son parti de cette déchéance, et il y a là un double mouvement, marqué par « Qu'importe? « (v. 13) auquel répond « Il suffit « (v. 17), et par « Que m'importent... « (v. 21) auquel répond « Pourvu que...« (v. 25). Bref, le poète contemple, raisonne, conclut. Rédaction. — Aux souvenirs mélancoliques suggérés par les vers d'Henri de Régnier, vous opposerez les souvenirs glorieux inspirés par une promenade à Versailles.

L'onde ne chante plus en tes mille fontaines, O Versailles, Cité des Eaux, Jardin des Rois! Ta couronne ne porte plus, ô souveraine, Les clairs lys de cristal qui l'ornaient autrefois ! La nymphe qui parlait par ta bouche s'est tue - Et le temps a terni sous le souffle des jours Les fluides miroirs où tu t'es jadis vue Royale et souriante en tes jeunes atours. Tes bassins, endormis à l'ombre des grands arbres, Verdissent en silence au milieu de l'oubli, 10 Et leur tain, qui s'encadre aux bordures de marbre, Ne reconnaîtrait plus ta face d'aujourd'hui. Qu'importe ! Ce n'est pas ta splendeur et ta gloire Que visitent mes pas et que veulent mes yeux ; Et je ne monte pas les marches de l'histoire 15 Au-devant du Héros qui survit en tes Dieux. Il suffit que tes eaux égales et sans fête Reposent dans leur ordre et leur tranquillité, Sans que demeure rien en leur noble défaite De ce qui fut jadis un spectacle enchanté. 20 Que m'importent le jet, la gerbe et la cascade Et que Neptune à sec ait brisé son trident, Ni qu'en son bronze aride un farouche Encelade Se soulève, une feuille morte entre les dents, Pourvu que faible, basse, et dans l'ombre incertaine, 25 Du fond d'un vert bosquet qu'elle a pris pour tombeau, J'entende longuement ta dernière fontaine, O Versailles, pleurer sur toi, Cité des Eaux !

(La Cité des Eaux. 1906. Mercure de France, édit.) 

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