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Louis-Napoléon Bonaparte, « les Idées napoléoniennes » (extrait)

Publié le 14/04/2013

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bonaparte

Depuis son exil londonien Louis-Napoléon Bonaparte rédige, en 1839, les Idées napoléoniennes. Dans cet ouvrage inspiré du Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases, il insiste sur la nécessité d’asseoir les équilibres politiques en Europe selon un dosage assurant respect des intérêts nationaux et maintien des empires. Se plaçant symboliquement dans la lignée de Napoléon Ier et se voulant l'héritier de la liberté révolutionnaire, il réfute le modèle politico-territorial élaboré à Vienne en 1815. Aussi suggère-t-il, tout en se présentant in fine comme l’homme du recours, une révision des équilibres européens, soulignant que l’intérêt de la France et celui des peuples européens peuvent mutuellement se soutenir.

Les Idées napoléoniennes de Louis-Napoléon Bonaparte

 

« Remplacer entre les nations de l’Europe l’état de nature par l’état social, telle était la pensée de l’Empereur. « La Sainte Alliance est une idée qu’on m’a volée «, c’est-à-dire la Sainte Alliance des peuples par les rois, et non celle des rois contre les peuples. Là est l’immense différence entre son idée et la manière dont on l’a réalisée. Napoléon avait déplacé les souverains dans l’intérêt momentané des peuples ; en 1815 on déplaça les peuples dans l’intérêt particulier des souverains. Les hommes d’État de cette époque, ne consultant que des rancunes ou des passions, basèrent un équilibre européen sur les rivalités des grandes puissances, au lieu de l’asseoir sur les intérêts généraux. Aussi leur système s’est écroulé de toutes parts.

 

 

« La politique de l’Empereur, au contraire, consistait à fonder une association européenne solide, en faisant reposer son système sur des nationalités complètes et sur des intérêts généraux satisfaits. Si la fortune ne l’eût pas abandonné, il aurait eu dans ses mains tous les moyens de constituer l’Europe : il avait gardé en réserve des pays entiers dont il pourrait disposer pour atteindre son but. Hollandais, Romains, Piémontais, habitants de Brême et de Hambourg, vous tous qui avez été étonnés de vous trouver Français, vous rentrerez dans l’atmosphère de nationalité qui convient à vos antécédents et à votre position ; et la France, en cédant les droits que la victoire lui avait donnés sur vous, agira encore dans son propre intérêt ; car son intérêt ne peut se séparer de celui des peuples civilisés. Pour cimenter l’association européenne, l’Empereur, suivant ses propres paroles, eût fait adopter un code européen, une cour de cassation européenne, redressant pour toutes les erreurs, comme la cour de cassation en France redresse les erreurs de ses tribunaux […]. L’humanité eût été satisfaite : car la Providence n’a pu vouloir qu’une nation ne fût heureuse qu’aux dépens des autres, et qu’il n’y eût en Europe que des vainqueurs et des vaincus, et non des membres réconciliés d’une même et grande famille.

 

 

[…]

 

 

« Hommes de la liberté, qui vous êtes réjouis de la chute de Napoléon, votre erreur a été funeste […]

 

 

« Et vous, hommes d’État du congrès de Vienne, qui avez été les maîtres du monde sur les débris de l’Empire, votre rôle aurait pu être beau, vous ne l’avez pas compris ! Vous avez ameuté, au nom de la liberté et même de la licence, les peuples contre Napoléon ; vous l’avez mis au ban de l’Europe comme un despote et un tyran ; vous avez dit avoir délivré les nations et assuré leur repos. Elles vous ont crus un moment ; mais on ne bâtit rien de solide sur un mensonge et sur une erreur ! «

 

 

Source : Louis-Napoléon Bonaparte, les Idées napoléoniennes, cité dans Johannet (R.), le Principe des nationalités, 1918.

 

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