Devoir de Philosophie

Malherbe jugé par Boileau.

Publié le 25/03/2011

Extrait du document

malherbe

Matière. — Enfin Malherbe vint, et, le premier en Franco, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la musc aux règles du devoir. Par ce sage écrivain la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée. Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber; Tout reconnut ses lois, et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté. (Boileau, Art Poétique, I, vers 131 sq.)

« Tout dans ce jugement est considérable, écrit Nisard, tout porte coup. « Qu'en pensez-vous et n'auriez-vous aucune réserve à faire ?

Conseils. — Il est inutile de recommander la lecture très attentive du texte même de Boileau (Cf. Roustan, La Composition française : la Dissertation littéraire, Invention, chap. I). On aura des secours très précieux dans les éditions classiques de l'Art Poétique : sachez mettre à profit les notes. Il y aura sans doute quelque difficulté pour établir le plan. A vous de voir quel classement est le meilleur, c'est-à-dire le plus net. (Cf. Roustan, La composition française : la Dissertation littéraire, Disposition, p. 61 sq.). Voici quelques idées indiquées par M. René Doumic, dans son Histoire de la littérature française : « Ce! enfin « est injurieux pour des poètes qui avaient plus de génie que Malherbe. On trouve dans Ronsard, et dans les chœurs de Garnier et de Montchrétien, des strophes après lesquelles il semble que la poésie lyrique avait bien peu de progrès à faire. Il est également inexact de prétendre qu'on ne sût pas avant Malherbe, « faire sentir dans les vers une juste «cadence «, faire « tomber les stances avec grâce « et apprécier le « pouvoir d'un mot mis en sa place « Mais le goût était flottant. Malherbe l'a fixé. Avant Malherbe, il n'y a pas de tradition en poésie : à chaque génération parait un poète nouveau qui repousse l'héritage de ses prédécesseurs : la chaîne ne cesse de se rompre. Malherbe a fondé cette tradition. Par sa sévérité et sa correction il a contribué plus que tout autre à rétablir notre style classique en vers. « Cette influence fut-elle d'ailleurs heureuse de tout point? Nous ne le croyons pas. Lorsque Boileau félicite ce « sage écrivain « d'avoir « réduit la muse aux règles du devoir «, il ne s'aperçoit pas que cet éloge contient aussi une critique. S'il manque à la poésie classique une certaine liberté d'allure, le charme de la fantaisie et de l'abandon, ce défaut lui vient en partie de Malherbe. De plus, la poésie lyrique, qui avait jusqu'alors compté de brillants représentants en France, va disparaître ; pour qu'elle renaisse, il faudra que deux siècles passent, et précisément qu'on secoue le joug de Malherbe. On voit ainsi que, dans ses résultats excellents, comme dans Ses effets regrettables, l'influence de Malherbe est profonde et s'étend à toute notre poésie classique. « (René Doumic, Histoire de la littérature française, ch. XIV, p. 197.)

Liens utiles