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Marivaux sur le marbre

Publié le 14/12/2011

Extrait du document

marivaux

 

Après le théâtre de Marivaux, après ses romans,

voici qu'on découvre un nouvel aspect

du grand auteur du XVIIIe siècle; en cmême

temps qu'il écrivait pour la scène ou pour les

libraires, Marivaux envoyait aussi des papiers

à différents journaux du temps, qui comptaient

beaucoup dans la société policée de la Régence

et dans celle de l'Europe des Lumières : c'étaient

Le spectateur françois, l'Indigent ou Le cabinet

du philosophe. Ce qui est intéressant,

dans les écrits qu'il y publie, c'est de découvrir

l'écrivain en prise sur le réel et non plus seulement

sur le rêve comme dans ses fables

dramatiques ou sur l'imaginaire comme dans

ses romans. Et c'est ce qui a intéressé Michel

Gilot qui publie, en deux volumes, aux éditions

de l'université de Lille, une forte étude, originale

et définitive, sur Les journaux de Marivaux.

marivaux

« définitive, à l'absinthe et aux drogues, à l'é­ ther entre autres qu'il appelait, d'un mauvais jeu de mots, l'éthernité...

Cette œuvre bouf­ fonne est une œuvre tragique qui ne se lit peut-être pas sans préparation.

Et le livre de Noël Arnaud en est une excellente.

L'homme qu'on découvre dans ses ·pages est souvent pitoyable mais on découvre dans cette misère une profondeur de l'être qu'on ne soupçonnait peut-être pas.

On sait que, mourant, H récla­ ma un cure-dents et ensuite l'Extrême-onction.

Le rêve surréaliste Sarane Alexandrian, qui fut lié au mouve­ ment surréaliste et en reste très proche, publie sur celui-ci un ouvrage qui en éclaire consi­ dérablement un aspect un peu délaissé jus­ qu'ici, l'aspect onirique : le Surréalisme et le rêve, chez Gallimard, dans la collection « Con­ naissance de l'Inconscient ».

Le rêve, en effet, a été utilisé comme technique par les surréa-· listes, qui lui demandaient un moyen d'accéder à l'univers interdit des profondeurs du moi.

Jusqu'alors, les écrivains qui faisaient appel au rêve, et cela est courant depuis la tragédie antique jusqu'aux romans de Dostoïevski, se contentaient de décrire un songe, comme les artistes, dans le même but, s'ingéniaient à dé­ doubler les scènes qu'ils figuraient, donnant aux uns la réalité de la vie, aux autres l'ex­ travagance du songe.

Les Surréalistes ont agi autrement.

On allait désormais s'installer de plain-pied « au cœur du Royaume d'Hypnos, en créant des images concrétisant l'énergie in·­ consciente qui produit les rêves ».

Les études de Freud après les recherches de Charcot, les rapports que Breton entrenait avec Babins­ ki, l'importance que devait prendre la psycha­ nalyse, tout devait renforcer leur volonté de percer l'inconscient.

« Tout cela explique pour­ quoi le problème du rêve nocturne, note Alexandrian, et des états analogues a pris tant d'ampleur dans le Surréalisme.

Nous som­ mes en présence d'hommes qui sont de grands lyriques et de merveilleux inspirés, mais qui sont aussi informés parfaitement des sciences humaines.

Jamais encore une communauté de poètes et d'artistes n'avait mis le sommeil en question avec une rigueur ausi persévérante et des résultats ausi brillants ».

« A la diffé­ rence du mouvement dadaïste qui chercha ses moyens d'expression dans l'écriture automati­ que, le Surréalisme qui, selon l'auteur, a fait son apparition non après Dada, dont il serait en quelque sorte l'héritier, mais en même temps que Dada, a voulu en toute connaissance de cause mettre l'automatisme au service d'une recherche esthétique, et ses adeptes ont fait appel pour cela à des procédés utiJisés en médecine qu'ils ont su détourner de leur ob­ jectif en les contrôlant.

C'est pourquoi, au bout du compte, note Sarane Alexandrian, le Surréalisme « n'est pas un mouvement comme les autres, purement littéraire et artistique, mais une discipline de pensée imp.Uquant une morale et un style d'action ».

Gide à Moscou Une amie d'enfance de Gide a entrepris la publication d'inédits de l'auteur des Faux­ monnayeurs.

Il s'agit de madame Van Ryssel­ berghe qui devait devenir sa voisine de palier, rue Vaneau.

Rentré d'URSS dont il rapporta deux ouvrages décevants pour les admirateurs ou les détracteurs de la révolution soviétique, Gide avait pensé pouvoir révéler sa vraie pensée à celle qu'il appelle la Petite Dame.

D'où le nom de ce nouveau « cahier » : Les cahiers de la Petite Dame (1929-1937) qui ont été publiés aux éditions Gallimard.

En fait, on se rend compte, à la lecture de ces ré­ flexions et de ces notes confidentielles que Gide, s'il n'a pas compris grand'chose aux événe­ ments qui bouleversaient la vieille Russie, fut toujours assez étranger aux problèmes de la politique et de l'économie qui ne l'intéres­ saient que fort peu.

Ce qu'il dénonçait vo­ lontiers, c'était l'injustice, la misère, « l'indé­ fendable capitalisme », sans jamais aller pro­ fondement dans l'analyse de ses refus.

La révolution soviétique lui parut le grand« bou­ leversement » qu'il avait appelé de ses vœux pour la libération des malheureux.

Mais il reconnaissait n'avoir « rien compris à Marx » dont il n'avait d'ailleurs lu que des « morceaux choisis » et être venu au communisme par les évangiles.

Tout cela ne va pas loin.

Plus curieuses sont les réflexions qu'il fait sur les procès de Moscou qu'il condamne comme il condamne celui que les nazis font, au moment de son voyage, au prétendu incendiaire du Reichstag.

« C'est la même chose, écrit-il, et cela ·pose des questions terribles; la notion de parti supprime toute nuance.

Peut-on as­ surer le bonheur de tous au détriment de cha­ cun ? ».

Il parle ·aussi de l'art sociaJiste en devinant rapidement ses limites : « Les jeu­ nes sincèrement tournés vers le communisme et vraiment artistes sont dans l'impasse, car ce qui les pousse vers leurs convictions est perdu pour l'art, et inversement.

« Et ceci, qui prouve d'ailleurs qu'il connaissait peut-être la littérature soviétique d'avant Staline : « On peut écrire spontanément une bonne œuvre révolutionnaire, mais on est perdu si on écrit pour faire une œuvre révolutionnaire ».. »

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