Michel Strogoff plaine, si quelque hutte se montrait sur la steppe, si quelque Sibérien apparaissait a l'horizon.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
contre les troupes de l'émir, maintenant concentrées, il avait dû opérer sa retraite.
Féofar-Khan, en
comprenant ses propres soldats et ceux des khanats de Khokhand et de Koundouze, comptait alors sous ses
ordres deux cent cinquante mille hommes, auxquels le gouvernement russe ne pouvait pas encore opposer de
forces suffisantes.
L'invasion ne semblait donc pas devoir être enrayée de sitôt, et toute la masse tartare allait
pouvoir marcher sur Irkoutsk.
La bataille de Tomsk était du 22 août,ce que Michel Strogoff ignorait,mais ce qui expliquait pourquoi
l'avant-garde de l'émir n'avait pas encore paru à Krasnoiarsk à la date du 25.
Toutefois, si Michel Strogoff ne pouvait connaître les derniers événements qui s'étaient accomplis depuis son
départ, du moins savait-il ceci: c'est qu'il devançait les Tartares de plusieurs jours, c'est qu'il ne devait pas
désespérer d'atteindre avant eux la ville d'Irkoutsk, distante encore de huit cent cinquante verstes (900
kilomètres).
D'ailleurs, à Krasnoiarsk, dont la population est de douze mille âmes environ, il comptait bien que les moyens
de transport ne pourraient lui manquer.
Puisque Nicolas Pigassof devait s'arrêter dans cette ville, il serait
nécessaire de le remplacer par un guide, et de changer la kibitka pour un autre véhicule plus rapide.
Michel
Strogoff, après s'être adressé au gouverneur de la ville et avoir établi son identité et sa qualité de courrier du
czar,ce qui lui serait aisé,ne doutait pas qu'il ne fût mis à même d'atteindre Irkoutsk dans le plus court
délai.
Il n'aurait plus alors qu'à remercier ce brave Nicolas Pigassof et à partir immédiatement avec Nadia, car
il ne voulait pas la quitter avant de l'avoir remise entre les mains de son père.
Cependant, si Nicolas avait résolu de s'arrêter à Krasnoiarsk, c'était, comme il le dit, «à la condition d'y
trouver de l'emploi.»
En effet, cet employé modèle, après avoir tenu, jusqu'à la dernière minute au poste de Kolyvan, cherchait à se
mettre de nouveau à la disposition de l'administration.
«Pourquoi toucherais-je des appointements que je n'aurais pas gagné?» répétait-il.
Aussi, au cas où ses services ne pourraient pas être utilisés à Krasnoiarsk, qui devait toujours se trouver en
communication télégraphique avec Irkoutsk, il se proposait d'aller soit au poste d'Oudinsk, soit même jusqu'à
la capitale de la Sibérie.
Donc, dans ce cas, il continuerait à voyager avec le frère et la soeur, et en qui
trouveraient-ils un guide plus sûr, un ami plus dévoué?
La kibitka n'était plus qu'à une demi-verste de Krasnoiarsk.
On voyait à droite et à gauche les nombreuses
croix de bois qui se dressent sur le chemin aux approches de la ville.
Il était sept heures du soir.
Sur le ciel
clair se dessinaient la silhouette des églises et le profil des maisons construites sur la haute falaise de l'Yeniseï.
Les eaux du fleuve miroitaient sous les dernières lueurs éparses dans l'atmosphère.
La kibitka s'était arrêtée.
«Où sommes-nous, soeur? demanda Michel Strogoff.
A une demi-verste au plus des premières maisons, répondit Nadia.
Est-ce donc une ville endormie? reprit Michel Strogoff.
Nul bruit n'arrive à mon oreille.
Et je ne vois pas une lumière briller dans l'ombre, pas une fumée monter dans l'air, ajouta Nadia.
La singulière ville! dit Nicolas.
On n'y fait pas de bruit et on s'y couche de bonne heure!» Michel Strogoff
CHAPITRE VII.
LE PASSAGE DE L'YENISEÏ 150.
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