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Michel Strogoff plaine, si quelque hutte se montrait sur la steppe, si quelque Sibérien apparaissait a l'horizon.

Publié le 12/04/2014

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Michel Strogoff plaine, si quelque hutte se montrait sur la steppe, si quelque Sibérien apparaissait a l'horizon. Nicolas ne tarissait pas. Il aimait à causer, et, quelle que fût sa façon d'envisager les choses, on aimait à l'entendre. Un jour, Michel Strogoff lui demanda quel temps il faisait. «Assez beau, petit père, répondit-il, mais ce sont les derniers jours de l'été. L'automne est court en Sibérie, et, bientôt, nous subirons les premiers froids de l'hiver. Peut-être les Tartares songeront-ils à se cantonner pendant la mauvaise saison?» Michel Strogoff secoua la tête d'un air de doute. «Tu ne le crois pas, petit père, répondit Nicolas. Tu penses qu'ils se porteront sur Irkoutsk? --Je le crains, répondit Michel Strogoff. --Oui... tu as raison. Ils ont avec eux un mauvais homme qui ne les laissera pas refroidir en route.--Tu as entendu parler d'Ivan Ogareff? --Oui. --Sais-tu que ce n'est pas bien de trahir son pays! --Non... ce n'est pas bien... répondit Michel Strogoff, qui voulut rester impassible. --Petit père, reprit Nicolas, je trouve que tu ne t'indignes pas assez lorsqu'on parle devant toi d'Ivan Ogareff! Tout coeur russe doit bondir, quand on prononce ce nom! --Crois-moi, ami, je le hais plus que tu ne pourras jamais le haïr, dit Michel Strogoff. --Ce n'est pas possible, répondit Nicolas, non, ce n'est pas possible! Quand je songe à Ivan Ogareff, au mal qu'il fait à notre sainte Russie, la colère me prend, et si je le tenais.... --Si tu le tenais, ami?.... --Je crois que je le tuerais. --Et moi, j'en suis sûr,» répondit tranquillement Michel Strogoff. CHAPITRE VII. LE PASSAGE DE L'YENISEÏ Le 23 août, à là tombée du jour, la kibitka arrivait en vue de Krasnoiarsk. Le voyage depuis Tomsk avait duré huit jours. S'il ne s'était pas accompli plus rapidement, quoi qu'eût pu faire Michel Strogoff, cela tenait surtout à ce que Nicolas avait peu dormi. De là, impossibilité d'activer l'allure de son cheval, qui, en d'autres mains, n'eût mis que soixante heures à faire ce parcours. Très-heureusement, il n'était pas encore question des Tartares. Aucun éclaireur n'avait paru sur la route que venait de suivre la kibitka. Cela devait sembler assez inexplicable, et il fallait évidemment qu'une grave circonstance eût empêché les troupes de l'émir de sa porter sans retard sur Irkoutsk. Cette circonstance s'était produite, en effet. Un nouveau corps russe, rassemblé en toute hâte dans le gouvernement d'Yeniseisk, avait marché sur Tomsk afin d'essayer de reprendre la ville. Mais, trop faible CHAPITRE VII. LE PASSAGE DE L'YENISEÏ 149 Michel Strogoff contre les troupes de l'émir, maintenant concentrées, il avait dû opérer sa retraite. Féofar-Khan, en comprenant ses propres soldats et ceux des khanats de Khokhand et de Koundouze, comptait alors sous ses ordres deux cent cinquante mille hommes, auxquels le gouvernement russe ne pouvait pas encore opposer de forces suffisantes. L'invasion ne semblait donc pas devoir être enrayée de sitôt, et toute la masse tartare allait pouvoir marcher sur Irkoutsk. La bataille de Tomsk était du 22 août,--ce que Michel Strogoff ignorait,--mais ce qui expliquait pourquoi l'avant-garde de l'émir n'avait pas encore paru à Krasnoiarsk à la date du 25. Toutefois, si Michel Strogoff ne pouvait connaître les derniers événements qui s'étaient accomplis depuis son départ, du moins savait-il ceci: c'est qu'il devançait les Tartares de plusieurs jours, c'est qu'il ne devait pas désespérer d'atteindre avant eux la ville d'Irkoutsk, distante encore de huit cent cinquante verstes (900 kilomètres). D'ailleurs, à Krasnoiarsk, dont la population est de douze mille âmes environ, il comptait bien que les moyens de transport ne pourraient lui manquer. Puisque Nicolas Pigassof devait s'arrêter dans cette ville, il serait nécessaire de le remplacer par un guide, et de changer la kibitka pour un autre véhicule plus rapide. Michel Strogoff, après s'être adressé au gouverneur de la ville et avoir établi son identité et sa qualité de courrier du czar,--ce qui lui serait aisé,--ne doutait pas qu'il ne fût mis à même d'atteindre Irkoutsk dans le plus court délai. Il n'aurait plus alors qu'à remercier ce brave Nicolas Pigassof et à partir immédiatement avec Nadia, car il ne voulait pas la quitter avant de l'avoir remise entre les mains de son père. Cependant, si Nicolas avait résolu de s'arrêter à Krasnoiarsk, c'était, comme il le dit, «à la condition d'y trouver de l'emploi.» En effet, cet employé modèle, après avoir tenu, jusqu'à la dernière minute au poste de Kolyvan, cherchait à se mettre de nouveau à la disposition de l'administration. «Pourquoi toucherais-je des appointements que je n'aurais pas gagné?» répétait-il. Aussi, au cas où ses services ne pourraient pas être utilisés à Krasnoiarsk, qui devait toujours se trouver en communication télégraphique avec Irkoutsk, il se proposait d'aller soit au poste d'Oudinsk, soit même jusqu'à la capitale de la Sibérie. Donc, dans ce cas, il continuerait à voyager avec le frère et la soeur, et en qui trouveraient-ils un guide plus sûr, un ami plus dévoué? La kibitka n'était plus qu'à une demi-verste de Krasnoiarsk. On voyait à droite et à gauche les nombreuses croix de bois qui se dressent sur le chemin aux approches de la ville. Il était sept heures du soir. Sur le ciel clair se dessinaient la silhouette des églises et le profil des maisons construites sur la haute falaise de l'Yeniseï. Les eaux du fleuve miroitaient sous les dernières lueurs éparses dans l'atmosphère. La kibitka s'était arrêtée. «Où sommes-nous, soeur? demanda Michel Strogoff. --A une demi-verste au plus des premières maisons, répondit Nadia. --Est-ce donc une ville endormie? reprit Michel Strogoff. Nul bruit n'arrive à mon oreille. --Et je ne vois pas une lumière briller dans l'ombre, pas une fumée monter dans l'air, ajouta Nadia. --La singulière ville! dit Nicolas. On n'y fait pas de bruit et on s'y couche de bonne heure!» CHAPITRE VII. LE PASSAGE DE L'YENISEÏ 150

« contre les troupes de l'émir, maintenant concentrées, il avait dû opérer sa retraite.

Féofar-Khan, en comprenant ses propres soldats et ceux des khanats de Khokhand et de Koundouze, comptait alors sous ses ordres deux cent cinquante mille hommes, auxquels le gouvernement russe ne pouvait pas encore opposer de forces suffisantes.

L'invasion ne semblait donc pas devoir être enrayée de sitôt, et toute la masse tartare allait pouvoir marcher sur Irkoutsk. La bataille de Tomsk était du 22 août,—ce que Michel Strogoff ignorait,—mais ce qui expliquait pourquoi l'avant-garde de l'émir n'avait pas encore paru à Krasnoiarsk à la date du 25. Toutefois, si Michel Strogoff ne pouvait connaître les derniers événements qui s'étaient accomplis depuis son départ, du moins savait-il ceci: c'est qu'il devançait les Tartares de plusieurs jours, c'est qu'il ne devait pas désespérer d'atteindre avant eux la ville d'Irkoutsk, distante encore de huit cent cinquante verstes (900 kilomètres). D'ailleurs, à Krasnoiarsk, dont la population est de douze mille âmes environ, il comptait bien que les moyens de transport ne pourraient lui manquer.

Puisque Nicolas Pigassof devait s'arrêter dans cette ville, il serait nécessaire de le remplacer par un guide, et de changer la kibitka pour un autre véhicule plus rapide.

Michel Strogoff, après s'être adressé au gouverneur de la ville et avoir établi son identité et sa qualité de courrier du czar,—ce qui lui serait aisé,—ne doutait pas qu'il ne fût mis à même d'atteindre Irkoutsk dans le plus court délai.

Il n'aurait plus alors qu'à remercier ce brave Nicolas Pigassof et à partir immédiatement avec Nadia, car il ne voulait pas la quitter avant de l'avoir remise entre les mains de son père. Cependant, si Nicolas avait résolu de s'arrêter à Krasnoiarsk, c'était, comme il le dit, «à la condition d'y trouver de l'emploi.» En effet, cet employé modèle, après avoir tenu, jusqu'à la dernière minute au poste de Kolyvan, cherchait à se mettre de nouveau à la disposition de l'administration. «Pourquoi toucherais-je des appointements que je n'aurais pas gagné?» répétait-il. Aussi, au cas où ses services ne pourraient pas être utilisés à Krasnoiarsk, qui devait toujours se trouver en communication télégraphique avec Irkoutsk, il se proposait d'aller soit au poste d'Oudinsk, soit même jusqu'à la capitale de la Sibérie.

Donc, dans ce cas, il continuerait à voyager avec le frère et la soeur, et en qui trouveraient-ils un guide plus sûr, un ami plus dévoué? La kibitka n'était plus qu'à une demi-verste de Krasnoiarsk.

On voyait à droite et à gauche les nombreuses croix de bois qui se dressent sur le chemin aux approches de la ville.

Il était sept heures du soir.

Sur le ciel clair se dessinaient la silhouette des églises et le profil des maisons construites sur la haute falaise de l'Yeniseï. Les eaux du fleuve miroitaient sous les dernières lueurs éparses dans l'atmosphère. La kibitka s'était arrêtée. «Où sommes-nous, soeur? demanda Michel Strogoff. —A une demi-verste au plus des premières maisons, répondit Nadia. —Est-ce donc une ville endormie? reprit Michel Strogoff.

Nul bruit n'arrive à mon oreille. —Et je ne vois pas une lumière briller dans l'ombre, pas une fumée monter dans l'air, ajouta Nadia. —La singulière ville! dit Nicolas.

On n'y fait pas de bruit et on s'y couche de bonne heure!» Michel Strogoff CHAPITRE VII.

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