Noé échangea un regard avec Fagin et s'élança dehors.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
Chapitre
XLVI
Le
rendez-vous .
Les horloges sonnaient onzeheures troisquarts quanddeuxpersonnes semontrèrent surlepont deLondres.
L’une
marchait d’unpasléger etrapide : c’étaitunefemme quiregardait autourd’elled’unairempressé, commepour
découvrir quelqu’un qu’elleattendait ; l’autreétaitunhomme quiseglissait dansl’ombre, réglantsonpassurcelui dela
femme, s’arrêtant quandelles’arrêtait, ets’avançant rapidement dèsqu’elle reprenait samarche, maissansjamais la
gagner devitesse dansl’ardeur desapoursuite.
Ilstraversèrent ainsilepont delarive deMiddlesex àcelle deSurrey ;
puis lafemme revintsurses pas d’un airdésappointé, commesil’examen rapidequ’elle faisaitdespassants eûtétésans
résultat : cemouvement futbrusque, maisnetrompa paslavigilance decelui quilaguettait.
Ilse posta dansundes petits
réduits quisurmontent lespiles dupont, sepencha surleparapet pourmieux cacher sonvisage, etlalaissa passer surle
trottoir opposé ; quandilse trouva àla même distance d’ellequ’auparavant, ilreprit tranquillement sonallure de
promeneur etse remit àla suivre.
Arrivée aumilieu dupont, elles’arrêta.
L’homme s’arrêtaaussi.
La nuit était trèsnoire.
Lajournée avaitétépluvieuse, etàcette heure, etdans celieu, ilyavait peudepassants : ceuxqui
regagnaient enhâte leurdemeure, traversaient vitesans faire attention àcette femme niàl’homme quilasuivait, et
peut-être mêmesanslesvoir ; iln’y avait rienlàqui dût attirer l’attention despauvres gensdecequartier deLondres, qui
passaient lepont parhasard pourallerchercher ungîte pour lanuit sous uneporte oudans quelque masureabandonnée.
Ils restaient donctousdeux silencieux, sanséchanger uneparole avecaucun passant.
La rivière étaitcouverte d’unépais brouillard autravers duquelonapercevait àpeine lalueur rougeâtre desfeux allumés
sur lesbateaux amarrés souslepont ; ilétait difficile dedistinguer dansl’obscurité lesbâtiments noircisquibordaient la
Tamise.
Dechaque côté,devieux magasins entaméss’élevaient d’unemasse confuse detoits etde pignons, et
semblaient sepencher surl’eau tropsombre pourqueleur forme indécise pûts’yrefléter.
Onapercevait dansl’ombre la
tour antique del’église Saint-Sauveur etlaflèche deSaint-Magnus, cesséculaires gardiensduvieux pont ; maislaforêt de
mâts desnavires arrêtésenaval etles flèches desautres églises étaient presque entièrement cachéesàla vue.
La jeune fille,toujours surveillée parson espion caché,avaitarpenté lepont àplusieurs reprisesquandlagrosse cloche
de Saint-Paul annonçaledécès d’unjourdeplus.
Minuit sonnait surlapopuleuse cité,pour lespalais comme pourlamansarde, pourlaprison, pourl’hôpital ; pourtous
enfin ilétait minuit, pourceuxquinaissent etpour ceuxquimeurent, pourlecadavre glacécomme pourl’enfant
tranquillement endormidanssonberceau.
Au moment oùl’heure finissait desonner, unejeune demoiselle etun vieux monsieur àcheveux grisdescendirent d’un
fiacre, àpeu dedistance ; ilsrenvoyèrent lavoiture etvinrent droitaupont.
Àpeine avaient-ils mislepied surletrottoir
que lajeune filletressaillit etse dirigea aussitôt verseux.
Ils s’avançaient enregardant autourd’euxdel’air degens quiattendent quelquechosesansavoir grande espérance de
trouver cequ’ils attendent, quandilsfurent toutàcoup rejoints parlajeune fille ;ilss’arrêtèrent enpoussant uncride
surprise qu’ilsréprimèrent aussitôt,car,aumême instant, unindividu encostume depaysan passatoutprès d’eux etles
frôla même enpassant.
« Pas ici,ditNancy d’unaireffaré ; j’aipeur devous parler ici ;venez là-bas, aupied del’escalier. »
Comme elledisait cesmots etmontrait dudoigt ladirection qu’ellevoulait prendre, lepaysan tournalatête, leur
demanda brusquement dequel droit ilsoccupaient toutletrottoir, etcontinua sonchemin.
L’escalier quedésignait lajeune filleétait celui qui,ducôté delarive deSurrey etde l’église Saint-Sauveur, descenddu
pont àla rivière.
L’homme vêtuenpaysan sedirigea verscelieu sans êtreremarqué, et,après avoiruninstant examiné
les alentours, semit àdescendre lesdegrés.
Cet escalier estattenant aupont etse compose detrois parties ; justeàl’endroit oùfinit laseconde, lemur degauche se
termine parunpilastre faisantfaceàla Tamise.
Encet endroit lesmarches s’élargissent, desorte qu’une personne.
»
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