Devoir de Philosophie

Non, cela est faux !

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

Non, cela est faux ! Si j'étais seul, tout serait facile. Mais de gré ou de force, ils sont avec moi.   LA PESTE   Beau troupeau, en vérité, mais qui sent fort !   DIEGO   Je sais qu'ils ne sont pas purs. Moi non plus. Et puis je suis né parmi eux. je vis pour ma cité et pour on temps.   LA PESTE   Le temps des esclaves !   DIEGO   Le temps des hommes libres !   LA PESTE   Tu m'étonnes. J'ai beau chercher. Où sont-ils ?   DIEGO   Dans tes bagnes et dans tes charniers. Les esclaves sont sur les trônes.   LA PESTE   Mets à tes hommes libres l'habit de ma police et tu verras ce qu'ils deviennent.   DIEGO   Il est vrai qu'il leur arrive d'être lâches et cruels. C'est pourquoi ils n'ont pas plus que toi le droit à la uissance. Aucun homme n'a assez de vertu pour qu'on puisse lui consentir le pouvoir absolu. Mais c'est ourquoi aussi ces hommes ont droit à la compassion qui te sera refusée.   LA PESTE   La lâcheté, c'est de vivre comme ils le font, petits, besogneux, toujours à mi-hauteur.   DIEGO   C'est à mi-hauteur que je tiens à eux. Et si je ne suis pas fidèle à la pauvre vérité que je partage avec eux, comment le serais-je à ce que j'ai de plus grand et de plus solitaire ?   LA PESTE   La seule fidélité que je connaisse, c'est le mépris. (Il montre le choeur affaissé dans la cour.) Regarde, il y a de quoi !   DIEGO   Je ne méprise que les bourreaux. Quoi que tu fasses, ces hommes seront plus grands que toi. S'il leur rrive une fois de tuer, c'est dans la folie d'une heure. Toi, tu massacres selon la loi et la logique. Ne raille as leur tète baissée, car voici des siècles que les comètes de la peur passent au-dessus d'eux. Ne ris pas e leur air de crainte, voici des siècles qu'ils meurent et que leur amour est déchiré. Le plus grand de eurs crimes aura toujours une excuse. Mais je ne trouve pas d'excuses au crime que de tous temps l'on a ommis contre eux et que pour finir tu as eu l'idée de codifier dans le sale ordre qui est le tien. (La Peste avance vers lui.) Je ne baisserai pas les yeux !   LA PESTE   Tu ne les baisseras pas, c'est visible ! Alors, j'aime mieux te dire que tu viens de triompher de la dernière épreuve. Si tu m'avais laissé cette ville, tu aurais perdu cette femme et tu te serais perdu avec lle. En attendant, cette ville a toutes les chances d'être libre. Tu vois, il suffit d'un insensé comme toi... 'insensé meurt évidemment. Mais à la fin, tôt ou tard, le reste est sauvé ! (Sombre.) Et le reste ne mérite pas d'être sauvé.   DIEGO   L'insensé meurt...   LA PESTE   Ah ! Ça ne va plus ? Mais non, c'est classique : la seconde d'hésitation ! L'orgueil sera le plus fort.   DIEGO   J'avais soif d'honneur. Et je ne retrouverai l'honneur aujourd'hui que parmi les morts ?   LA PESTE   Je le disais, l'orgueil les tue. Mais c'est bien fatigant pour le vieil homme que je deviens. (D'une voix dure.) Prépare-toi.   DIEGO   Je suis prêt.   LA PESTE   Voici les marques. Elles font mal. (Diego regarde avec horreur les marques qui sont à nouveau sur lui.) Là ! Souffre un peu avant de mourir. Ceci du moins est ma règle. Quand la haine me brûle, la souffrance 'autrui est alors une rosée. Gémis un peu, cela est bien. Et laisse-moi te regarder souffrir avant de quitter cette ville. (Il regarde la secrétaire.) Allons, vous, au travail maintenant !   LA SECRÉTAIRE   Oui, s'il le faut.   LA PESTE   Déjà fatiguée, hein !   La secrétaire fait oui de la tête et dans le même moment elle change brusquement d'apparence. C'est une vieille femme au masque de mort.

«   LA PESTE  Le temps desesclaves !   DIEGO   Le temps deshommes libres !   LA PESTE  Tu m'étonnes.

J'aibeau chercher.

Oùsont-ils ?   DIEGO   Dans tesbagnes etdans tescharniers.

Lesesclaves sontsurlestrônes.   LA PESTE  Mets àtes hommes libresl'habit dema police ettuverras cequ'ils deviennent.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles