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FAUX-MONNAYEURS (Les) de GIDE (résumé & analyse)

Publié le 10/10/2018

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Ce roman de l'adolescence conjugue plusieurs intrigues. L’intrigue sentimentale tout d’abord, qui polarise les deux thèmes du bonheur et de la fatalité: le jeune Olivier et son Bernard découvrent l’amour, le premier auprès d’Édouard, le second auprès de Laura, puis de la sœur de celle-ci, Sarah. Laura, quant à elle, est délaissée par Vincent. Ce dernier, en proie à la folie et au désespoir, finit par tuer sa maîtresse, Lilian. Il y a aussi un roman d'éducation dans Les Faux-Mon-nayeurs. Celui-ci narre l'entrée dans le monde d’Olivier et de Bernard, leur apprentissage auprès de deux hommes mûrs, les écrivains Édouard et Passavant. Le roman noir, enfin, fait entrer en scène les faux-monnayeurs, Georges et Strouvilhou, qui persécutent jusqu’à la mort une victime innocente, Boris. Quant au journal d’Édouard, intitulé ... «Les Faux-Mon-nayeurs », il inscrit le roman dans le roman en théorisant les vues esthétiques de Gide et en prenant, par endroits, le relais de la narration. Le titre subsume cette diversité et éclaire le sens du roman: les faux-mon-nayeurs, ce sont, bien sûr, Strouvilhou et Georges, mais également les écrivains Edouard et Passavant, qui dupliquent le réel.
♦ L’unique roman de Gide (1869-1951), publié tardivement, est selon l’aveu même de l’auteur la synthèse de sa vie et de son œuvre : les thèmes autobiographiques sont présents — l’homosexualité d’Édouard, par exemple —, ainsi que les réflexions philosophiques qui ont jusqu’alors parcouru l’œuvre: célébration de l'adolescence comme force de vie, vision de la vie en devenir, continue, éternelle (les adolescents passent, non l’adolescence).

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« « J'ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent, sans du tout savoirce que je ferais de ces personnages, ni qui ils étaient.

(André Gide, Le Journal des Faux-Monnayeurs.)« Le style des Faux-Monnayeurs ne doit présenter aucun intérêt de surface, aucune saillie.

Tout doit être dit de lamanière la plus plate, celle qui fera dire à certains jongleurs : que trouvez-vous à admirer là-dedans ? » (André Gide,Le Journal des Faux-Monnayeurs.) Gide raconte les faits et gestes d'un groupe de garçons, collégiens ou étudiants.

Il met en scène autour de l'actionun romancier écrivant son journal entre deux rédactions d'un roman qu'il veut intituler Les Faux-Monnayeurs. Le contenu des émancipationsBernard Profitendieu apprend qu'il n'est pas le fils de son père.

Il en profite pour fuir l'austère maison familiale.

Ildérobe la valise d'un écrivain et lit son journal, le journal d'Édouard, oncle d'Olivier Molinier, son meilleur ami.

L'écrivain pardonne à l'adolescent et lui propose de devenir son secrétaire.

Il écrit à cette époque-là un roman, LesFaux-Monnayeurs, dan; lequel il décrit ses angoisses, ses difficultés à raconter les choses.

Bernard lui fait remarquerqu'il vaut mieux regarder ce qui se passe autour de soi.

Le romanesque est dans la vie.

Ainsi, la famille Molinier :Vincent, l'aîné, médecin, abandonne Laura Vedel-Azaïs pour lady Lilian Griffith, qu'il tuera en Afrique, avant desombrer dans la folie ; Olivier, le deuxième, qui cherche l'aventure et qui fréquente l'écrivain décadent Robert dePassavant ; Georges enfin, élève à l'École Vedel-Azaïs, membre de la « confrérie des hommes forts », qui rassembleles caïds de l'établissement et qui provoque une tragédie en commandant au petit Boris de se suicider.

Cette bandeest également impliquée dans un trafic de fausses pièces. La « mise en abyme »La modernité et la singularité de ce roman tiennent en partie à la complexité de sa construction.

On glisseprogressivement d'intrigue en intrigue en suivant Bernard, puis Olivier, puis Vincent.

La succession des personnagespermet une multiplication des points de vue et donne une impression de foisonnement extraordinaire, chaquepersonnage ajoutant une part d'information au récit.

En outre, Gide ne raconte que par le truchement d'autrui : ainsison roman apparaît-il comme celui que l'un des personnages, l'oncle Édouard, est en train d'écrire...

Ce procédé,baptisé par Gide « mise en abyme », a connu une fortune peut-être excessive dans la théorie littérairecontemporaine.

Enfin, pour parfaire le caractère réflexif de son travail, Gide a tenu un Journal des Faux-Monnayeurs,dans lequel il retranscrit la genèse de l' oeuvre. Les Faux-Monnayeurs d'ANDRÉ GIDE André Gide (1869-1951) a porté en lui une révolte contre la cellule familiale, qui lui paraissait vraiment une geôle, etl'éducation protestante, dont toute son enfance avait été victime.

Son œuvre littéraire est une tentatived'émancipation, le combat et la confession d'un homme qui n'est pas allé dans sa vie jusqu'au bout de lui-même.Il a porté les Faux-Monnayeurs en lui de 1919 à 1925.

On a dit que c'était un roman « raté » : sans doute l'a-t-ilvoulu ainsi, car il y tourne en dérision les romans réussis. 1902, L'Immoraliste.1914, Les Caves du Vatican.1908, La Porte étroite.1919, La Symphonie pastorale.1911, Isabelle.1926, Les Faux-Monnayeurs. Ce qui arrive, dans les Faux-Monnayeurs, est particulièrement compliqué.

Plusieurs personnages, issus de six famillesdifférentes, sont les anti-héros de ce roman : en effet, aucun personnage n'est jamais privilégié, aucun ne joue lerôle du « héros » ; ils se contentent de coexister.

On pourrait être tenté de faire éclater l'action autour de Bernardet de son séduisant ami Olivier, que lie une affection très particulière.

Mais voici que se manifestent les deux frèresd'Olivier.

L'un, Georges, est surpris au moment où il vole un livre chez un bouquiniste par un certain Édouard, quis'avère être son oncle ; l'autre, Vincent, s'abandonne à la perverse Lady Griffith.

Un riche dilettante aux mœurstroubles, son ami Strouvilhou, et le cousin de ce dernier, Ghéridanisol, sont les mauvais génies de tous.L'action, si action il y a, semble parfois se concentrer sur Édouard, romancier qui est justement en train d'écrire unroman intitulé les Faux-Monnayeurs, et dont le Journal prend souvent le relais de la narration proprement dite.

Deuxjeunes femmes, Laura, délaissée par Vincent, et Sarah, sa sœur, sont prises dans un imbroglio sentimental avectous les garçons.

Leur père, le pasteur Vedel, dirige une école où les jeunes gens sont demi-pensionnaires.

Unenfant, Boris, poussé par ses camarades, se fait sauter la cervelle en pleine classe et achève sur un fait diverséquivoque aussi tragique que gratuit des aventures qui pourraient être continuées...• Un roman sans sujet : l'absence de tout nœud romanesque égare le lecteur : « Ainsi l'auteur imprévoyant s'arrêteun instant, reprend son souffle, et se demande avec inquiétude où va le mener le récit » (p.

215).

Sans cesse, leromancier, par la voix d'Édouard, s'explique sur sa conception du roman : « X...

soutient que le bon romancier doit,avant de commencer son livre, savoir comment ce livre finira.

Pour moi, qui laisse aller le mien à l'aventure, jeconsidère que la vie ne nous propose jamais rien qui, tout autant qu'un aboutissement, ne puisse être considérécomme un nouveau point de départ » (p.

322).

Ce qui se passe semble en train d'arriver au fur et à mesure quenous lisons.• Familles, je vous hais : Bernard est un enfant naturel : déraciné, exclu, exilé dans son angoisse.

Cependant, ilpréfigure le conquérant de Malraux, l'existant de Sartre, l'étranger de Camus, le hussard de Giono : « L'avenir. »

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