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POÉSIE CLASSIQUE ET POÉSIE ROMANTIQUE. Mme DE STAËL

Publié le 10/07/2011

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Quelques critiques français ont prétendu que la littérature des peuples germaniques était encore dans l'enfance de l'art: cette opinion est tout à fait fausse : les hommes les plus instruits dans la connaissance des langues et des ouvrages des anciens n'ignorent certainement pas les inconvénients et les avantages du genre qu'ils adoptent, ou de celui qu'ils rejettent; mais leur caractère, leurs habitudes et leurs raisonnements les ont conduits à préférer la littérature fondée sur les souvenirs de la chevalerie, sur le merveilleux du moyen âge, à celle dont la mythologie des Grecs est la base. La littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d'être perfectionnée, parce qu'ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau: elle exprime notre religion; elle rappelle notre histoire; son origine est ancienne, mais non antique. La poésie classique doit passer par les souvenirs du paganisme pour arriver jusqu'à nous: la poésie des Germains est l'ère chrétienne des beaux-arts: elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir: le génie qui l'inspire s'adresse immédiatement à notre cœur, et semble évoquer notre vie elle-même comme un fantôme, le plus puissant et le plus terrible de tous.

L'ensemble. — Mme de Staël rompt ici avec ïa littérature classique, que, d'ailleurs, elle connaît peu et comprend mal. Son jugement est étroit, car elle ne voit dans les Lettres classiques qu'une froide imitation de l'antiquité, sans dégager ce grand souci de vérité humaine, cette profonde connaissance du cœur qui forment l'essentiel du classicisme. Ces lignes sont très importantes, car elles orientent définitivement le romantisme vers l'étude du moyen âge et des littératures septentrionales.

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