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portefeuille de cordouan; il avait extrait du portefeuille un parchemin

Publié le 30/10/2013

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portefeuille de cordouan; il avait extrait du portefeuille un parchemin plié en quatre, vieux, taché et jaune; il avait dépli cette feuille, pris une plume dans l'étui de son encrier, pos plat le portefeuille sur son genou et le parchemin sur le portefeuille, et, sur le verso de ce parchemin, au rayonnement de la lanterne qui éclairait le cuisinier, il s'était mis à crire. Les secousses du flot le gênaient. e docteur écrivit longuement. out en écrivant, le docteur remarqua la gourde d'aguardiente que le provençal dégustait chaque fois qu'il ajoutait un iment au puchero, comme s'il la consultait sur l'assaisonnement. e docteur remarqua cette gourde, non parce que c'était une bouteille d'eau-de-vie, mais à cause d'un nom qui était tress dans l'osier, en jonc rouge au milieu du jonc blanc. Il faisait assez clair dans la cabine pour qu'on pût lire ce nom. Le docteur, s'interrompant, l'épela à demi-voix, Hardquanonne, Puis il s'adressa au cuisinier. Je n'avais pas encore fait attention à cette gourde. Est-ce qu'elle a appartenu à Hardquanonne? A notre pauvre camarade Hardquanonne? fit le cuisinier. Oui. Le docteur poursuivit: A Hardquanonne, le flamand de Flandre? Oui. Qui est en prison? Oui. Dans le donjon de Chatham? C'est sa gourde, répondit le cuisinier, et c'était mon ami. Je la garde en souvenir de lui Quand le reverrons-nous? Oui, c'est sa gourde de hanche. Le docteur reprit sa plume et se remit à tracer péniblement des lignes un peu tortueuses sur le parchemin. Il avait évidemment le souci que cela fût très lisible. Malgré le tremblement du bâtiment et le tremblement de l'âge, il vint à bout de ce qu'il voulait écrire. Il était temps, car subitement il y eut un coup de mer, Une arrivée impétueuse de flots assaillit l'ourque, et l'on sentit poindre cette danse effrayante par laquelle les navires accueillent la tempête. V. HARDQUANONNE 55 L'homme Qui Rit Le docteur se leva, s'approcha du fourneau, tout en opposant de savantes flexions de genou aux brusqueries de la houle, sécha, comme il put, au feu de la marmite les lignes qu'il venait d'écrire, replia le parchemin dans le portefeuille, et remit le portefeuille et l'écritoire dans sa poche. Le fourneau n'était pas la pièce la moins ingénieuse de l'aménagement intérieur de l'ourque; il était dans un bon isolement. Pourtant la marmite oscillait. Le provençal la surveillait. Soupe aux poissons, dit-il. Pour les poissons, répondit le docteur. Puis il retourna sur le pont. VI. ILS SE CROIENT AIDÉS A travers sa préoccupation croissante, le docteur passa une sorte de revue de la situation, et quelqu'un qui eût été près e lui eût pu entendre ceci sortir de ses lèvres: rop de roulis et pas assez de tangage. t le docteur, rappelé par le travail obscur de son esprit, redescendit dans sa pensée comme un mineur dans son puits. elte méditation n'excluait nullement l'observation de la mer. La mer observée est une rêverie. e sombre supplice des eaux, éternellement tourmentées, allait commencer. Une lamentation sortait de toute cette nde. Des apprêts, confusément lugubres, se faisaient dans l'immensité. Le docteur considérait ce qu'il avait sous les yeux t ne perdait aucun détail. Du reste il n'y avait dans son regard aucune contemplation. On ne contemple pas l'enfer. ne vaste commotion, encore à demi latente, mais transparente déjà dans le trouble des étendues, accentuait et ggravait de plus en plus le vent, les vapeurs, les houles. Rien n'est logique et rien ne semble absurde comme l'océan. ette dispersion de soi-même est inhérente à sa souveraineté, et est un des éléments de son ampleur. Le flot est sans esse pour ou contre. Il ne se noue que pour se dénouer. Un de ses versants attaque, un autre délivre. Pas de vision omme les vagues. Comment peindre ces creux et ces reliefs alternants, réels peine, ces vallées, ces hamacs, ces vanouissements de poitrails, ces ébauches? Comment exprimer ces halliers de l'écume, mélangés de montagne et de onge? L'indescriptible est là, partout, dans la déchirure, dans le froncement, dans l'inquiétude, dans le démenti ersonnel, dans le clair-obscur, dans les pendentifs de la nuée, dans les clefs de voûtes toujours défaites, dans la ésagrégation sans lacune et sans rupture, et dans le fracas funèbre que fait toute cette démence. La brise venait de se déclarer plein nord. Elle était tellement favorable dans sa violence, et si utile à l'éloignement de 'Angleterre, que le patron de la Matutina s'était décid couvrir la barque de toile. L'ourque s'évadait dans l'écume, omme au galop, toutes voiles hors, vent arrière, bondissant de vague en vague, avec rage et gaîté. Les fugitifs, ravis, iaient. Ils battaient des mains, applaudissant la houle, le flot, les souffles, les voiles, la vitesse, la fuite, l'avenir ignoré. Le octeur semblait ne pas les voir, et songeait. out vestige de jour s'était éclipsé. ette minute-là était celle où l'enfant attentif sur les falaises lointaines perdit l'ourque de vue. Jusqu'à ce momoment son egard était resté fixé et comme appuyé sur le navire. Quelle part ce regard eut-il dans la VI. ILS SE CROIENT AIDÉS 6 'homme Qui Rit estinée? Dans cet instant où la distance effaça l'ourque et où l'enfant ne vit plus rien, l'enfant s'en alla au nord pendant ue le navire s'en allait au sud. ous s'enfonçant dans la nuit. VII. HORREUR SACRÉE De leur côté, mais avec épanouissement et allégresse, ceux que l'ourque emportait regardaient derrière eux reculer et décroître la terre hostile. Peu à peu la rondeur obscure de l'océan montait amincissant dans le crépuscule Portland, Purbeck, Tineham, Kimmeridge, les deux Matravers, les longues bandes de la falaise brumeuse, et la côte ponctuée de phares. L'Angleterre s'effaça. Les fuyards n'eurent plus autour d'eux que la mer. Toul à coup la nuit fut terrible. Il n'y eut plus d'étendue ni d'espace; le ciel s'était fait noirceur, et il se referma sur le navire. La lente descente de la neige commença. Quelques flocons apparurent. On eût dit des âmes. Rien ne fut plus visible dans le champ de course du vent. On se sentit livré. Tout le possible était là, piégé. C'est par cette obscurité de caverne que débute dans nos climats la trombe polaire. Un grand nuage trouble, pareil au dessous d'une hydre, pesait sur l'océan, et par endroits ce ventre livide adhérait aux vagues. Quelques-unes de ces adhérences ressemblaient à des poches crevées, pompant la mer, se vidant de vapeur et 'emplissant d'eau. Ces succions soulevaient ça et là sur le flot des cônes d'écume. a tourmente boréale se précipita sur l'ourque, l'ourque se rua dedans. La rafale et le navire vinrent au-devant l'un de l'autre comme pour une insulte. Dans ce premier abordage forcené, pas une voile ne fut carguée, pas un foc ne fut amené, pas un ris ne fut pris, tant 'évasion est un délire. Le mât craquait et se ployait en arrière, comme effrayé. es cyclones, dans notre hémisphère nord, tournent de gauche droite, dans le même sens que les aiguilles d'une montre, vec un mouvement de translation qui atteint quelquefois soixante milles par heure. Quoiqu'elle fût en plein à la merci de elte violente poussée giratoire, l'ourque se comportait comme si elle eût ét dans le demi-cercle maniable, sans autre précaution que de se tenir debout à la lame, et de présenter le cap au vent antérieur en recevant le vent actuel à tribord afin d'éviter les coups d'arrière et de travers. Cette demi-prudence n'eût servi de rien en cas d'une saute de vent de bout en bout. Une profonde rumeur soufflait dans la région inaccessible. Le rugissement de l'abîme, rien n'est comparable a cela. C'est l'immense voix bestiale du monde. Ce que nous appelons la matière, cet organisme insondable, cet amalgame d'énergies incommensurables où parfois on distingue une quantit imperceptible d'intention qui fait frissonner, ce cosmos aveugle et nocturne, ce Pan incompréhensible, a un cri, cri étrange, prolongé, obstiné, continu, qui est moins que la parole et plus que le tonnerre. Ce cri, c'est l'ouragan. Les autres voix, chants, mélodies, clameurs, verbes, sortent des nids, des couvées, des accouplements, des hyménées, des demeures; celle-ci, trombe, sort de ce Rien qui est Tout. Les autres voix expriment l'âme de l'univers; celle-ci en exprime le monstre. C'est l'informe, hurlant. C'est l'inarticulé parlé par l'indéfini. Chose pathétique et terrifiante. Ces rumeurs dialoguent au-dessus et au delà de l'homme. Elles s'élèvent, s'abaissent, ondulent, déterminent des flots de bruit, font toutes sortes de surprises farouches à l'esprit, tantôt éclatent tout près de notre oreille avec une importunité de fanfare, tantôt VII. HORREUR SACRÉE 57 L'homme Qui Rit ont l'enrouement rauque du lointain; brouhaha vertigineux qui ressemble à un langage, et qui est un langage en effet; c'est l'effort que fait le monde pour parler, c'est le bégaiement du prodige. Dans ce vagissement se manifeste confusément tout ce qu'endure, subit, souffre, accepte et rejette l'énorme palpitation ténébreuse. Le plus souvent, cela déraisonne, cela semble un accès de maladie chronique, et c'est plutôt de l'épilepsie répandue que de la force employée; on croit assister à une chute du haut mal dans l'infini. Par moments, on entrevoit une revendication de l'élément, on ne sait quelle velléité de reprise du chaos sur la création. Par moments, c'est une plainte, l'espace se lamente et se justifie, c'est quelque chose comme la cause du monde plaidée; on croit deviner que l'univers est un procès; on écoute, on tâche de saisir les raisons données, le pour et contre redoutable; tel gémissement de l'ombre a la ténacité d'un syllogisme. aste trouble pour la pensée. a raison d'être des mythologies et des polythéismes est là. A l'effroi de ces grands murmures s'ajoutent des profils urhumains sitôt évanouis qu'aperçus, des euménides à peu près distinctes, des gorges de furies dessinées dans les uages, des chimères plutoniennes presque affirmées. Aucune horreur n'égale ces sanglots, ces rires, ces souplesses du racas, ces demandes et ces réponses indéchiffrables, ces appels à des auxiliaires inconnus. L'homme ne sait que devenir n présence de cette incantation épouvantable. Il plie sous l'énigme de ces intonations draconiennes. Quel sous-entendu a-t-il? Que signifient-elles? qui menacent-elles? qui supplient-elles? Il y a là comme un déchaînement. Vociférations e précipice précipice, de l'air à l'eau, du vent au flot, de la pluie au rocher, du zénith au nadir, des astres aux écumes, la uselière du gouffre défaite, tel est ce tumulte, compliqué d'on ne sait quel démêlé mystérieux avec les mauvaises onsciences, La loquacité de la nuit n'est pas moins lugubre que son silence. On y sent la colère de l'ignoré. a nuit est une présence. Présence de qui? u reste, entre la nuit et les ténèbres, il faut distinguer, Dans la nuit il y a l'absolu; il y a le multiple dans les ténèbres. La rammaire, cette logique, n'admet pas de singulier pour les ténèbres. La nuit est une, les ténèbres sont plusieurs. ette brume du mystère nocturne, c'est l'épars, le fugace, le croulant, le funeste. On ne sent plus la terre, on sent l'autre éalité. ans l'ombre infinie et indéfinie, il y a quelque chose, ou quelqu'un, de vivant; mais ce qui est vivant là fait partie de notre ort. Après notre passage terrestre, quand cette ombre sera pour nous de la lumière, la vie qui est au delà de notre vie ous saisira. En attendant, il semble qu'elle nous tâte. L'obscurité est une pression. La nuit est une sorte de mainmise sur otre âme. A de certaines heures hideuses et solennelles nous sentons ce qui est derrière le mur du tombeau empiéter ur nous. amais cette proximité de l'inconnu n'est plus palpable que dans les tempêtes de mer. L'horrible s'y accroît du fantasque. 'interrupteur possible des aclions humaines, l'antique Assemble-nuages, a là à sa disposition, pour pétrir l'événement omme bon lui semble, l'élément inconsistant, l'incohérence illimitée, la force diffuse sans parti pris. Ce mystère, la empête, accepte et exécute, à chaque instant, on ne sait quels changements de volonté, apparents ou réels. es poètes ont de tout temps appelé cela le caprice des flots. ais le caprice n'existe pas. es choses déconcertantes que nous nommons, dans la nature, caprice, et, dans la destinée, hasard, sont des tronçons de oi entrevus. II. HORREUR SACRÉE 8 'homme Qui Rit VIII. NIX ET NOX Ce qui caractérise la tempête de neige, c'est qu'elle est noire. L'aspect habituel de la nature dans l'orage, terre ou mer bscure, ciel blême, est renversé; le ciel est noir, l'océan est blanc. En bas écume, en haut ténèbres. n horizon muré de fumée, un zénith plafonné de crêpe. La tempête ressemble l'intérieur d'une cathédrale tendue de euil. Mais aucun luminaire dans cette cathédrale. Pas de feux Saint-Elme aux pointes des vagues; pas de flammèches, as de phosphores; rien qu'une immense ombre. Le cyclone polaire diffère du cyclone tropical en ceci que l'un allume outes les lumières et que l'autre les éteint toutes. Le monde devient subitement une voûte de cave. De cette nuit tombe une poussière de taches pâles qui hésitent entre ce ciel et cette mer. Ces taches, qui sont les flocons de neige, glissent, errent et flottent. C'est quelque chose comme les larmes d'un suaire qui se mettraient à vivre et entreraient en mouvement. A cet ensemencement se mêle une bise forcenée. Une noirceur émiettée en blancheurs, le furieux dans l'obscur, tout le tumulte dont est capable le sépulcre, un ouragan sous un catafalque, telle est la tempête de neige. Dessous tremble l'océan recouvrant de formidables approfondissements inconnus. Dans le vent polaire, qui est électrique, les flocons se font tout de suite grêlons, et l'air s'emplit de projectiles. L'eau pétille, mitraillée. Pas de coups de tonnerre. L'éclair des tourmentes boréales est silencieux. Ce qu'on dit quelquefois du chat, «il jure«, on peut le dire de cet éclair-là. C'est une menace de gueule entr'ouverte, étrangement inexorable. La tempête de neige, c'est la tempête aveugle et muette. Quand elle a passé, souvent les navires aussi sont aveugles, et les matelots muets. Sortir d'un tel gouffre est malaisé. On se tromperait pourtant de croire le naufrage absolument inévitable. Les pêcheurs danois de Disco et du Balesin, les chercheurs de baleines noires, Hearn allant vers le détroit de Behring reconnaître l'embouchure de la Rivière de la mine de cuivre, Hudson, Mackensie, Vancouver, Ross, Dumont d'Urville, ont subi, au pôle même, les plus inclémentes bourrasques de neige, et s'en sont échappés, C'est dans cette espèce de tempête-là que l'ourque était entrée pleines voiles et avec triomphe. Frénésie contre frénésie. Quand Montgomery, s'évadant de Rouen, précipita à toutes rames sa galère sur la chaîne barrant la Seine à la Bouille, il eut la même effronterie.

« La brise venait desedéclarer pleinnord.

Elleétait tellement favorabledanssaviolence, etsiutile àl'éloignement de l'Angleterre, quelepatron dela Matutina s'était décidcouvrir labarque detoile.

L'ourque s'évadait dansl'écume, comme augalop, toutes voileshors,ventarrière, bondissant devague envague, avecrageetgaîté.

Lesfugitifs, ravis, riaient.

Ilsbattaient desmains, applaudissant lahoule, leflot, lessouffles, lesvoiles, lavitesse, lafuite, l'avenir ignoré.Le docteur semblait nepas lesvoir, etsongeait. Tout vestige dejour s'était éclipsé. Cette minute−là étaitcelle oùl'enfant attentifsurlesfalaises lointaines perditl'ourque devue.

Jusqu'à cemomoment son regard étaitresté fixéetcomme appuyésurlenavire.

Quellepartceregard eut−ildanslaVI.

ILS SECROIENT AIDÉS 56 L'homme QuiRit destinée? Danscetinstant oùladistance effaçal'ourque etoù l'enfant nevitplus rien, l'enfant s'enallaaunord pendant que lenavire s'enallait ausud. Tous s'enfonçant danslanuit. VII. HORREUR SACRÉE De leur côté, maisavecépanouissement etallégresse, ceuxquel'ourque emportait regardaient derrièreeuxreculer et décroître laterre hostile.

Peuàpeu larondeur obscuredel'océan montait amincissant danslecrépuscule Portland, Purbeck, Tineham, Kimmeridge, lesdeux Matravers, leslongues bandesdelafalaise brumeuse, etlacôte ponctuée de phares. L'Angleterre s'effaça.Lesfuyards n'eurent plusautour d'euxquelamer. Toul àcoup lanuit futterrible. Il n'y eut plus d'étendue nid'espace; leciel s'était faitnoirceur, etilse referma surlenavire.

Lalente descente delaneige commença.

Quelquesfloconsapparurent.

Oneût ditdes âmes.

Riennefut plus visible danslechamp decourse duvent. On sesentit livré.Toutlepossible étaitlà,piégé. C'est parcette obscurité decaverne quedébute dansnosclimats latrombe polaire. Un grand nuage trouble, pareilaudessous d'unehydre, pesaitsurl'océan, etpar endroits ceventre livideadhérait aux vagues.

Quelques−unes deces adhérences ressemblaient àdes poches crevées, pompant lamer, sevidant devapeur et s'emplissant d'eau.Cessuccions soulevaient çaetlàsur leflot des cônes d'écume. La tourmente boréaleseprécipita surl'ourque, l'ourqueserua dedans.

Larafale etlenavire vinrent au−devant l'unde l'autre comme pouruneinsulte. Dans cepremier abordage forcené,pasune voile nefut carguée, pasunfoc nefut amené, pasunrisne fut pris, tant l'évasion estundélire.

Lemât craquait etse ployait enarrière, comme effrayé. Les cyclones, dansnotre hémisphère nord,tournent degauche droite,danslemême sensquelesaiguilles d'unemontre, avec unmouvement detranslation quiatteint quelquefois soixantemillesparheure.

Quoiqu'elle fûtenplein àla merci de celte violente poussée giratoire, l'ourquesecomportait commesielle eûtétdans ledemi−cercle maniable,sansautre précaution quedesetenir debout àla lame, etde présenter lecap auvent antérieur enrecevant levent actuel àtribord afin d'éviter lescoups d'arrière etde travers.

Cettedemi−prudence n'eûtserviderien encas d'une sautedevent debout en bout. Une profonde rumeursoufflait danslarégion inaccessible. Le rugissement del'abîme, rienn'est comparable acela.

C'est l'immense voixbestiale dumonde.

Ceque nous appelons la matière, cetorganisme insondable, cetamalgame d'énergiesincommensurables oùparfois ondistingue unequantit imperceptible d'intentionquifait frissonner, cecosmos aveugle etnocturne, cePan incompréhensible, aun cri, cri étrange, prolongé, obstiné,continu, quiestmoins quelaparole etplus queletonnerre.

Cecri, c'est l'ouragan.

Lesautres voix, chants, mélodies, clameurs,verbes,sortentdesnids, descouvées, desaccouplements, deshyménées, des demeures; celle−ci,trombe, sortdeceRien quiestTout.

Lesautres voixexpriment l'âmedel'univers; celle−cienexprime le monstre.

C'estl'informe, hurlant.C'estl'inarticulé parléparl'indéfini.

Chosepathétique etterrifiante.

Cesrumeurs dialoguent au−dessusetau delà del'homme.

Elless'élèvent, s'abaissent, ondulent,déterminent desflots debruit, font toutes sortesdesurprises farouches àl'esprit, tantôtéclatent toutprès denotre oreille avecuneimportunité defanfare, tantôt VII.HORREUR SACRÉE 57 L'homme QuiRit ont l'enrouement rauquedulointain; brouhaha vertigineux quiressemble àun langage, etqui estunlangage eneffet; c'est l'effort quefaitlemonde pourparler, c'estlebégaiement duprodige.

Danscevagissement semanifeste confusément toutcequ'endure, subit,souffre, accepte etrejette l'énorme palpitation ténébreuse.

Leplus souvent, cela déraisonne, celasemble unaccès demaladie chronique, etc'est plutôt del'épilepsie répanduequedelaforce employée; on croit assister àune chute duhaut maldans l'infini.

Parmoments, onentrevoit unerevendication del'élément, onne sait quelle velléité dereprise duchaos surlacréation.

Parmoments, c'estuneplainte, l'espace selamente etse justifie, c'est quelque chosecomme lacause dumonde plaidée; oncroit deviner quel'univers estunprocès; onécoute, ontâche. »

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