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Puis se retournant vers Caboche : - Allons, bourreau, mon dernier ami, dit-il, encore un service.

Publié le 04/11/2013

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Puis se retournant vers Caboche : - Allons, bourreau, mon dernier ami, dit-il, encore un service. Et avant de s'agenouiller il promena sur la foule un regard si calme et si serein qu'un murmure d'admiration vint caresser son oreille et faire sourire son orgueil. Alors pressant la tête de son ami et déposant un baiser sur ses lèvres violettes, il jeta un dernier regard sur la tourelle ; et s'agenouillant, tout en conservant cette tête bienaimée entre ses mains : - À moi, dit-il. Il n'avait pas achevé ces mots que Caboche avait fait voler sa tête. Ce coup fait, un tremblement convulsif s'empara du digne homme. - Il était temps que cela finît, murmura-t-il. Pauvre enfant ! Et il tira avec peine des mains crispées de La Mole le reliquaire d'or ; il jeta son manteau sur les tristes épouilles que le tombereau devait ramener chez lui. Le spectacle étant fini, la foule s'écoula. XXX - La tour du Pilori   La nuit venait de descendre sur la ville frémissante encore du bruit de ce supplice, dont les détails couraient de bouche en bouche assombrir dans chaque maison l'heure joyeuse du souper de famille. Cependant, tout au contraire de la ville, qui était silencieuse et lugubre, le Louvre était bruyant, joyeux et lluminé. C'est qu'il y avait grande fête au palais. Une fête commandée par Charles IX, une fête qu'il avait ndiquée pour le soir, en même temps qu'il indiquait le supplice pour le matin. La reine de Navarre avait reçu, dès la veille au soir, l'ordre de s'y trouver, et, dans l'espérance que La Mole et oconnas seraient sauvés dans la nuit, dans la conviction que toutes les mesures étaient bien prises pour leur alut, elle avait répondu à son frère qu'elle ferait selon ses désirs. Mais depuis qu'elle avait perdu tout espoir, par la scène de la chapelle ; depuis qu'elle avait, dans un dernier ouvement de pitié pour cet amour, le plus grand et le plus profond qu'elle avait éprouvé de sa vie, assisté à 'exécution, elle s'était bien promis que ni prières ni menaces ne la feraient assister à une fête joyeuse au Louvre e même jour où elle avait vu une fête si lugubre en Grève. Le roi Charles IX avait donné ce jour-là une nouvelle preuve de cette puissance de volonté que personne eut-être ne poussa au même degré que lui : alité depuis quinze jours, frêle comme un moribond, livide comme n cadavre, il se leva vers cinq heures, et revêtit ses plus beaux habits. Il est vrai que pendant la toilette il 'évanouit trois fois. Vers huit heures, il s'informa de ce qu'était devenue sa soeur, et demanda si on l'avait vue et si l'on savait ce u'elle faisait. Personne ne lui répondit ; car la reine était rentrée chez elle vers les onze heures, et s'y était enfermée en défendant absolument sa porte. Mais il n'y avait pas de porte fermée pour Charles. Appuyé sur le bras de M. de Nancey, il s'achemina vers 'appartement de la reine de Navarre, et entra tout à coup par la porte du corridor secret. Quoiqu'il s'attendît à un triste spectacle, et qu'il y eût d'avance préparé son coeur, celui qu'il vit était plus éplorable encore que celui qu'il avait rêvé. Marguerite, à demi morte, couchée sur une chaise longue, la tête ensevelie dans des coussins, ne pleurait pas, e priait pas ; mais, depuis son retour, elle râlait comme une agonisante. À l'autre coin de la chambre, Henriette de Nevers, cette femme intrépide, gisait, sans connaissance, étendue sur le tapis. En revenant de la Grève, comme à Marguerite, les forces lui avaient manqué, et la pauvre Gillonne allait de l'une à l'autre, n'osant pas essayer de leur adresser une parole de consolation. Dans les crises qui suivent ces grandes catastrophes, on est avare de sa douleur comme d'un trésor, et l'on tient pour ennemi quiconque tente de nous en distraire la moindre partie. Charles IX poussa donc la porte, et laissant Nancey dans le corridor, il entra pâle et tremblant. Ni l'une ni l'autre des femmes ne l'avait vu. Gillonne seule, qui dans ce moment portait secours à Henriette, se releva sur un genou et tout effrayée regarda le roi. Le roi fit un geste de la main, elle se releva, fit la révérence, et sortit. Alors Charles se dirigea vers Marguerite, la regarda un instant en silence ; puis avec une intonation dont on eût cru cette voix incapable : - Margot ! dit-il, ma soeur ! La jeune femme tressaillit et se redressa : - Votre Majesté ! dit-elle. - Allons, ma soeur, du courage ! Marguerite leva les yeux au ciel. - Oui, dit Charles, je sais bien, mais écoute-moi. La reine de Navarre fit signe qu'elle écoutait. - Tu m'as promis de venir au bal, dit Charles. - Moi ! s'écria Marguerite. - Oui, et d'après ta promesse on t'attend ; de sorte que si tu ne venais pas on serait étonné de ne pas t'y voir. - Excusez-moi, mon frère, dit Marguerite ; vous le voyez, je suis bien souffrante. - Faites un effort sur vous-même. Marguerite parut un instant tentée de rappeler son courage, puis tout à coup s'abandonnant et laissant retomber sa tête sur ses coussins : - Non, non, je n'irai pas, dit-elle. Charles lui prit la main, s'assit sur sa chaise longue, et lui dit : - Tu viens de perdre un ami, je le sais, Margot ; mais regarde-moi, n'ai-je pas perdu tous mes amis, moi ! et de plus, ma mère ! Toi, tu as toujours pu pleurer à l'aise comme tu pleures en ce moment ; moi, à l'heure de mes plus fortes douleurs, j'ai toujours été forcé de sourire. Tu souffres, regarde-moi ! moi, je meurs. Eh bien, Margot,

« XXX –La tour duPilori  La nuit venait dedescendre surlaville frémissante encoredubruit decesupplice, dontlesdétails couraient de bouche enbouche assombrir danschaque maison l’heurejoyeuse dusouper defamille. Cependant, toutaucontraire delaville, quiétait silencieuse etlugubre, leLouvre étaitbruyant, joyeuxet illuminé.

C’estqu’ilyavait grande fêteaupalais.

Unefêtecommandée parCharles IX,une fêtequ’il avait indiquée pourlesoir, enmême tempsqu’ilindiquait lesupplice pourlematin. La reine deNavarre avaitreçu, dèslaveille ausoir, l’ordre des’y trouver, et,dans l’espérance queLaMole et Coconnas seraientsauvésdanslanuit, dans laconviction quetoutes lesmesures étaientbienprises pourleur salut, elleavait répondu àson frère qu’elle feraitselonsesdésirs. Mais depuis qu’elleavaitperdu toutespoir, parlascène delachapelle ; depuisqu’elleavait,dansundernier mouvement depitié pour cetamour, leplus grand etleplus profond qu’elleavaitéprouvé desavie, assisté à l’exécution, elles’était bienpromis queniprières nimenaces nelaferaient assisteràune fêtejoyeuse auLouvre le même jouroùelle avait vuune fêtesilugubre enGrève. Le roi Charles IXavait donné cejour-là unenouvelle preuvedecette puissance devolonté quepersonne peut-être nepoussa aumême degréquelui : alité depuis quinze jours,frêlecomme unmoribond, lividecomme un cadavre, ilse leva vers cinq heures, etrevêtit sesplus beaux habits.

Ilest vrai quependant latoilette il s’évanouit troisfois. Vers huitheures, ils’informa decequ’était devenue sasœur, etdemanda sion l’avait vueetsil’on savait ce qu’elle faisait.

Personne nelui répondit ; carlareine étaitrentrée chezellevers lesonze heures, ets’y était renfermée endéfendant absolument saporte. Mais iln’y avait pasdeporte fermée pourCharles.

Appuyésurlebras deM. de Nancey, ils’achemina vers l’appartement delareine deNavarre, etentra toutàcoup parlaporte ducorridor secret. Quoiqu’il s’attendît àun triste spectacle, etqu’il yeût d’avance préparésoncœur, celuiqu’ilvitétait plus déplorable encorequecelui qu’ilavait rêvé. Marguerite, àdemi morte, couchée surune chaise longue, latête ensevelie dansdescoussins, nepleurait pas, ne priait pas ;mais, depuis sonretour, ellerâlait comme uneagonisante. À l’autre coindelachambre, Henriette deNevers, cettefemme intrépide, gisait,sansconnaissance, étendue sur letapis.

Enrevenant delaGrève, comme àMarguerite, lesforces luiavaient manqué, etlapauvre Gillonne allait del’une àl’autre, n’osant pasessayer deleur adresser uneparole deconsolation. Dans lescrises quisuivent cesgrandes catastrophes, onest avare desadouleur commed’untrésor, etl’on tient pour ennemi quiconque tentedenous endistraire lamoindre partie. Charles IXpoussa donclaporte, etlaissant Nanceydanslecorridor, ilentra pâleettremblant. Ni l’une nil’autre desfemmes nel’avait vu.Gillonne seule,quidans cemoment portaitsecours àHenriette, se releva surungenou ettout effrayée regardaleroi. Le roi fitun geste delamain, ellesereleva, fitlarévérence, etsortit. Alors Charles sedirigea versMarguerite, laregarda uninstant ensilence ; puisavec uneintonation donton eût cru cette voixincapable : – Margot !dit-il, masœur !La jeune femme tressaillit etse redressa : – Votre Majesté !dit-elle. – Allons, masœur, ducourage !Marguerite levalesyeux auciel. – Oui, ditCharles, jesais bien, maisécoute-moi.

Lareine deNavarre fitsigne qu’elle écoutait. – Tu m’as promis devenir aubal, ditCharles. – Moi !s’écria Marguerite. – Oui, etd’après tapromesse ont’attend ; desorte quesitu ne venais pasonserait étonné dene pas t’yvoir. – Excusez-moi, monfrère, ditMarguerite ; vouslevoyez, jesuis bien souffrante. – Faites uneffort survous-même. Marguerite parutuninstant tentéederappeler soncourage, puistoutàcoup s’abandonnant etlaissant retomber satête sursescoussins : – Non, non,jen’irai pas,dit-elle. Charles luiprit lamain, s’assit sursachaise longue, etlui dit : – Tu viens deperdre unami, jelesais, Margot ; maisregarde-moi, n’ai-jepasperdu tousmesamis, moi!et de plus, mamère !Toi, tuas toujours pupleurer àl’aise comme tupleures encemoment ; moi,àl’heure demes plus fortes douleurs, j’aitoujours étéforcé desourire.

Tusouffres, regarde-moi !moi, jemeurs.

Ehbien, Margot,. »

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