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Qu’est-ce que l’homme ?

Publié le 10/04/2014

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Qu’est-ce que l’homme ?

 

 

 

La conscience est-elle source d’illusion ? (L’inconscient ; la liberté ; l’aliénation ; le désir et 

l’idée du « moi « ; l’expérience spirituelle)

 

Peut-on considérer le corps comme le malheur de la conscience ? (La conscience et le corps chez 

Nietzsche ; l’inconscient ; le langage, le corps et la pensée ; la connaissance sensible, limites 

et illusions ; la création artistique …)

 

Pourquoi refuse-t-on la conscience à l’animal ? (La conscience et la pensée ; nature et culture ; 

le langage ; le travail et la technique ; le questionnement métaphysique)

 

Faut-il se demander si l’homme est bon ou méchant par nature ? (nature et culture et le problème de 

la nature humaine ; la philosophie politique ; le travail aliéné ; …)

 

Pourquoi faut-il se méfier de la notion de nature en général et de nature humaine en particulier ? 

(nature et culture ; le langage ; la question morale ; la liberté)

 

La pluralité des cultures est-elle un obstacle à l’unité du genre humain ? (nature et culture ; le 

langage ; la question morale ; les droits de l’homme ; la raison et la connaissance ; la 

contemplation esthétique)

 

Notre nature nous indique-t-elle ce que nous devons faire ? (nature et culture ; la question morale 

; le désir et le bonheur ; la liberté ; …)

 

Peut-on dire d’une civilisation qu’elle est supérieure à une autre ? (nature et culture ; le 

langage ; les droits naturels ; la technique ; les œuvres d’art ; la connaissance de la vérité 

objective)

 

Tout ce qui est naturel est-il normal ? (nature et culture ; le désir ; la question morale ; 

l’intérêt général ; le travail et la technique…)

Faut-il  dire que la société dénature l’homme ou qu’elle l’humanise ? Y a-t-il un sens à parler, 

chez l’homme, de comportement inhumain ?

Cette conscience de lui-même, l’homme l’acquiert de deux manières : théoriquement, en prenant 

conscience de ce qu’il est intérieurement, de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances 

de ses sentiments, en cherchant à se représenter à lui-même, tel qu’il se découvre par la pensée, 

et à se reconnaître dans cette représentation qu’il offre à ses propres yeux. Mais l’homme est 

également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît 

également le besoin de transformer le monde, comme lui- même, dans la mesure où il en fait partie, 

en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait pour encore se reconnaître lui-même dans la 

forme des choses, pour jouir de lui-même comme d’une réalité extérieure. On saisit déjà cette 

tendance dans les premières impulsions  de l’enfant : il veut voir des choses dont il soit lui-même 

l’auteur, et s’il lance des pierres dans l’eau, c’est pour voir ces cercles qui se forment et qui 

sont son œuvre dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s’observe dans de 

multiples occasions et sous les formes les plus diverses, jusqu’à cette sorte de reproduction de 

soi-même qu’est une œuvre d’art.

Hegel

 

 

(La conscience ; l’inconscient ; le travail et la technique ; les relations avec autrui ; la 

création artistique)

 

L’âme c’est ce qui refuse le corps. Par exemple ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce 

qui refuse de frapper quand le corps s’irrite, ce qui refuse de boire quand le corps a soif, ce qui 

refuse de prendre quand le corps désire, ce qui refuse d’abandonner quand le corps a horreur. Ces 

refus sont des faits de l’homme. Le refus total est la sainteté, l’examen avant de suivre est la 

sagesse, et cette force de refus c’est l’âme. Le fou n’a aucune force de refus ; il n’a plus d’âme. 

On dit aussi qu’il n’a plus conscience et c’est vrai. Qui cède absolument à son corps soit pour 

frapper soit pour fuir, soit seulement pour parler, ne sait plus ce qu’il fait ni ce qu’il dit. On 

ne prend conscience que par opposition de soi à soi.

Alain

 

(La conscience ; l’inconscient ; le désir ; la liberté ; le devoir)

 

Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n’en sais rien. La conscience suppose réflexion et 

division. La conscience n’est pas immédiate. Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je 

distingue Sujet et Objet., Moi et le monde. Moi et ma sensation. Moi et mon sentiment. Moi et mon 

idée. C’est bien le pouvoir de douter qui est le vie du Moi. Par ce mouvement, tous les instants 

tombent au passé. Si l’on se retrouvait tout entier, c’est alors qu’on ne se reconnaîtrait pas. Le 

passé est insuffisant, dépassé. Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf. A ce moment-là 

même j’étais autre chose, en espérance, en avenir. La conscience de soi est la conscience d’un 

devenir et d’une formation de soi irréversible, irréparable. Ce que je voulais, je le suis devenu. 

Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien.

Ainsi le moi est un refus d’être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés. Se souvenir, 

c’est sauver ses souvenirs, c’est se témoigner qu’on les a dépassés. C’est les juger. Le passé, ce 

sont des expériences que je ne ferai plus. Un artiste reconnaît dans ses œuvres qu’il ne s’était 

pas encore trouvé lui-même, qu’il ne s’était pas encore délivré ; mais il y retrouve aussi un 

pressentiment de ce qui a suivi. C’est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alain

 

(La conscience et la pensée ; l’inconscient ; l’art ; le temps)

 

Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement remarquable, en 

substituant dans sa conduite la justice à l’instinct et en donnant à ses actions la moralité qui 

leur manquait auparavant. C’est alors seulement que, la voix du devoir succédant à l’impulsion 

physique et le droit à l’appétit, l’homme, qui jusque là n’avait regardé que lui-même, se voit 

forcé d’agir sur d’autres principes et de consulter sa raison avant d’écouter ses penchants. 

Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de 

si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments 

s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle 

condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans 

cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais et qui, d’un animal stupide et borné, fit un 

être intelligent et un homme.

Rousseau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Questions (pour les sections technologiques)

1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale

2 Expliquez : « Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement 

remarquable «.

« il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature « 3 Que l’homme soit un 

être culturel exclut-il qu’il ait une nature ?

 

(nature et culture)

 

Il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans 

l’amour que d’appeler table une table. Les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés 

comme les mots. Même ceux qui, comme la paternité, paraissent inscrits dans le corps humain, sont 

en réalité des institutions.

Il est impossible de superposer chez l’homme une première couche de comportements que l’on 

appellerait « naturels « et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est 

naturel chez l’homme, comme on voudra dire, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui 

ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la 

simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte 

d’échappement et par un génie de l’équivoque, qui pourraient servir à définir l’homme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(nature/culture ; le langage)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merleau-Ponty

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On décrit souvent l’état de nature comme un état parfait de l’homme, en ce qui concerne tant le 

bonheur que la bonté morale. Il faut d’abord noter que l’innocence est dépourvue, comme telle, de 

toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l’absence des besoins 

d’où put naître la méchanceté. D’autre part, cet état est bien plutôt celui où règnent la violence 

et l’injustice, précisément parce que les hommes ne s’y considèrent que du seul point de vue de la 

nature. Or, de ce point de vue-là, ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et 

quant aux dispositions de l’esprit, et c’est par la violence et la ruse qu’ils font valoir l’un 

contre l’autre leur différence. Sans doute la raison appartient aussi à l’état de nature, mais 

c’est l’élément naturel qui a en lui prééminence. Il est donc indispensable que les hommes 

échappent à cet état pour accéder à un autre état, où prédomine le vouloir raisonnable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hegel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(nature et culture)

 

Questions

1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.

2 Expliquez : « L’innocence est dépourvue, comme telle, de toute valeur morale «

« du seul point de vue de la nature…ils sont inégaux… quant aux forces du corps et quant aux 

dispositions de l’esprit «

3 La raison définit-elle la nature de l’homme ?

 

Tout le monde reconnaît qu’il y a beaucoup d’uniformité dans les actions humaines, dans toutes les 

nations et à toutes les époques, et que la nature humaine reste toujours la même dans ses principes 

et ses opérations. Les mêmes motifs produisent toujours les mêmes actions ; les mêmes évènements 

suivent les mêmes causes. L’ambition, l’avarice, l’amour de soi, la vanité, l’amitié, la 

générosité, l’esprit public : ces passions, qui se mêlent à divers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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degrés et se répandent dans la société, ont été, depuis le commencement du monde, et sont encore la 

source de toutes les actions et entreprises qu’on a toujours observées parmi les hommes. 

Voulez-vous connaître les sentiments, les inclinations et le genre de vie des Grecs et des Romains. 

Etudiez bien le caractère et les actions des Français et des Anglais ; vous ne pouvez vous tromper 

beaucoup si vous transférez aux premiers la plupart des observations que vous avez faites sur les 

seconds. Les hommes sont si bien les mêmes, à toutes les époques et en tous les lieux, que 

l’histoire ne nous indique rien de nouveau ni d’étrange sur ce point.

Son principal usage est seulement de nous découvrir les principes constants et universels de la 

nature humaine en montrant les hommes dans toutes les diverses circonstances et situations, et en 

nous fournissant des matériaux d’où nous pouvons former nos informations et nous familiariser avec 

les ressorts réguliers de l’action et de la conduite humaine.

David Hume

 

Questions

1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.

2 Expliquez : « il y a beaucoup d’uniformité dans les actions humaines «  3 Si « l’homme invente 

l’homme «, peut-on parler d’une nature humaine ?

 

N’est-ce pas indignement traiter la raison de l’homme que de la mettre en parallèle avec l’instinct 

des animaux, puisqu’on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du 

raisonnement augmentent sans cesse au lieu que l’instinct demeure toujours dans un état égal ? Les 

ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu’aujourd’hui, et chacune d’elles 

forme cet hexagone aussi exactement la première fois que la dernière. Il en est de même de tout ce 

que les animaux produisent par ce mouvement occulte. La nature les instruit à mesure que la 

nécessité les presse ; mais cette science fragile se perd avec les besoins qu’ils en ont : comme 

ils la reçoivent sans étude, ils n’ont pas le bonheur de la conserver, et toutes les fois qu’elle 

leur est donnée , elle leur est nouvelle, puisque, la nature n’ayant pour objet que de maintenir 

les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science nécessaire, 

toujours égale, de peur qu’ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu’ils y 

ajoutent, de peur qu’ils ne passent les limites qu’elle leur a prescrites. Il n’en est pas de même 

de l’homme, qui n’est produit que pour l’infinité. Il est dans l’ignorance au premier âge de sa 

vie, mais il s’instruit sans cesse dans son progrès : car il tire avantage non seulement de sa 

propre expérience, mais encore de celle de ses prédécesseurs, parce qu’il garde toujours dans sa 

mémoire les connaissances qu’il s’est une fois acquises, et que celles des anciens lui sont 

toujours présentes dans les livres qu’ils en ont laissés. Et comme il conserve ces connaissances, 

il peut aussi les augmenter facilement.

Pascal

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Questions

 

1  Dégagez  les  différentes  oppositions  que  fait  Pascal  entre  la  raison  de  l’homme  et 

l’instinct des animaux.

2 Expliquez : « n’est-ce pas indignement traiter la raison de l’homme que de la mettre en parallèle 

avec l’instinct des animaux «

« L’homme qui n’est produit que pour l’infinité «

3 Une réflexion sur l’animalité peut-elle nous éclairer sur l’homme ?

 

S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait la nature 

humaine, il existe pourtant une universalité humaine de condition. Ce n’est pas par hasard que les 

penseurs d’aujourd’hui parlent plus volontiers de la condition de l’homme que de sa nature. Par 

condition ils entendent avec plus ou moins de clarté l’ensemble des limites a priori

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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qui esquissent sa situation fondamentale dans l’univers. Les situations historiques varient :

l’homme peut naître esclave dans une société païenne ou seigneur féodal ou prolétaire. Ce qui ne 

varie pas, c’est la nécessité pour lui d’être dans le monde, d’y être au travail, d’y être au 

milieu d’autres et d’être mortel… Et bien que les projets puissent être divers, au moins aucun ne 

me reste-t-il tout à fait étranger parce qu’ils se présentent tous comme un essai pour franchir ces 

limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder.

Sartre

 

Questions

1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.

2  Expliquez : «S’il est impossible de trouver en chaque homme une essence universelle qui serait 

la nature humaine, il existe une universalité humaine de condition «

3 Devons-nous renoncer à l’idée que nous avons une nature ?

(Nature/culture ; la liberté)

« 375 (La conscience ; l’inconscient ; le travail et la technique ; les relations avec autrui ; la création artistique) L’âme c’est ce qui refuse le corps.

Par exemple ce qui refuse de fuir quand le corps tremble, ce qui refuse de frapper quand le corps s’irrite, ce qui refuse de boire quand le corps a soif, ce qui refuse de prendre quand le corps désire, ce qui refuse d’abandonner quand le corps a horreur.

Ces refus sont des faits de l’homme.

Le refus total est la sainteté, l’examen avant de suivre est la sagesse, et cette force de refus c’est l’âme.

Le fou n’a aucune force de refus ; il n’a plus d’âme.

On dit aussi qu’il n’a plus conscience et c’est vrai.

Qui cède absolument à son corps soit pour frapper soit pour fuir, soit seulement pour parler, ne sait plus ce qu’il fait ni ce qu’il dit.

On ne prend conscience que par opposition de soi à soi.

Alain (La conscience ; l’inconscient ; le désir ; la liberté ; le devoir) Dans le sommeil, je suis tout ; mais je n’en sais rien.

La conscience suppose réflexion et division.

La conscience n’est pas immédiate.

Je pense, et puis je pense que je pense, par quoi je distingue Sujet et Objet., Moi et le monde.

Moi et ma sensation.

Moi et mon sentiment.

Moi et mon idée.

C’est bien le pouvoir de douter qui est le vie du Moi.

Par ce mouvement, tous les instants tombent au passé.

Si l’on se retrouvait tout entier, c’est alors qu’on ne se reconnaîtrait pas.

Le passé est insuffisant, dépassé.

Je ne suis plus cet enfant, cet ignorant, ce naïf.

A ce moment-là même j’étais autre chose, en espérance, en avenir.

La conscience de soi est la conscience d’un devenir et d’une formation de soi irréversible, irréparable.

Ce que je voulais, je le suis devenu.

Voilà le lien entre le passé et le présent, pour le mal comme pour le bien.

Ainsi le moi est un refus d’être moi, qui en même temps conserve les moments dépassés.

Se souvenir, c’est sauver ses souvenirs, c’est se témoigner qu’on les a dépassés.

C’est les juger.

Le passé, ce sont des expériences que je ne ferai plus.

Un artiste reconnaît dans ses œuvres qu’il ne s’était pas encore trouvé lui-même, qu’il ne s’était pas encore délivré ; mais il y retrouve aussi un pressentiment de ce qui a suivi.

C’est cet élan qui ordonne les souvenirs selon le temps.

Alain (La conscience et la pensée ; l’inconscient ; l’art ; le temps) Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct et en donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant.

C’est alors seulement que, la voix du devoir succédant à l’impulsion physique et le droit à l’appétit, l’homme, qui jusque là n’avait regardé que lui-même, se voit forcé d’agir sur d’autres principes et de consulter sa raison avant d’écouter ses penchants.

Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.

Rousseau. »

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