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règnes, d'êtres incertains, ambigus, dépouillés en grande partie des formes, des qualités, et des fonctions de l'un, et revêtus des formes, des qualités, des fonctions de l'autre ; qui ne se sentirait porté à croire qu'il n'y a jamais eu qu'un premier être prototype de tous les êtres ?

Publié le 29/06/2013

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règnes, d'êtres incertains, ambigus, dépouillés en grande partie des formes, des qualités, et des fonctions de l'un, et revêtus des formes, des qualités, des fonctions de l'autre ; qui ne se sentirait porté à croire qu'il n'y a jamais eu qu'un premier être prototype de tous les êtres ? Mais que cette conjecture philosophique soit admise avec le Docteur Baumann comme vraie s°, ou rejetée avec M. de Buffon comme fausse 51, on ne niera pas qu'il ne faille l'embrasser comme une hypothèse essentielle au progrès de la physique expérimentale, à celui de la philosophie rationnelle, à la découverte et à l'explication des phénomènes qui dépendent de l'organisation. Car il est évident que la Nature n'a pu conserver tant de ressemblance dans les parties et affecter tant de variété dans les formes, sans avoir souvent rendu sensible dans un être organisé, ce qu'elle a dérobé dans un autre. C'est une Femme qui aime à se travestir 52, et dont les différents déguisements laissant échapper tantôt une partie tantôt une autre, donnent quelque espérance à ceux qui la suivent avec assiduité, de connaître un jour toute sa personne. XIII On a découvert qu'il y a dans un sexe le même fluide séminal que dans l'autre sexe 53. Les parties qui contiennent ce fluide ne sont plus inconnues. On s'est aperçu des altérations singulières qui surviennent dans certains organes de la femelle, quand la Nature la presse fortement de rechercher le mâle * 54. Dans l'approche des sexes, quand on vient à comparer les symptômes du plaisir de l'un, aux symptômes du plaisir de l'autre, et qu'on s'est assuré que la volupté se consomme dans tous les deux par des élancements également caractérisés, distincts et battus 55,on ne peut douter qu'il n'y ait aussi des émissions semblables du fluide séminal. Mais où et comment cette émission dans la femme ? que devient le fluide ? quelle route * Voyez dans 1' Hist. nat. gén. et part., le Disc. sur la génér. suit-il ? c'est ce qu'on ne saura que quand la Nature qui n'est pas également mystérieuse en tout et partout, se sera dévoilée dans une autre espèce : ce qui arrivera apparemment de l'une de ces deux manières ; ou les formes seront plus évidentes dans les organes ; ou l'émission du fluide se rendra sensible à son origine et sur toute sa route, par son abondance extraordinaire. Ce qu'on a vu distinctement dans un être ne tarde pas à se manifester dans un être semblable. En physique expérimentale, on apprend à apercevoir les petits phénomènes dans les grands ; de même qu'en physique rationnelle, on apprend à connaître les grands corps dans les petits. XIV Je me représente la vaste enceinte des sciences, comme un grand terrain parsemé de places obscures et de places éclairées. Nos travaux doivent avoir pour but, ou d'étendre les limites des places éclairées, ou de multiplier sur le terrain les centres de lumières. L'un appartient au génie qui crée ; l'autre à la sagacité qui perfectionne. XV Nous avons trois moyens principaux ; l'observation de la Nature, la réflexion et l'expérience. L'observation recueille les faits, la réflexion les combine, l'expérience vérifie le résultat de la combinaison. Il faut que l'observation de la Nature soit assidue, que la réflexion soit profonde, et que l'expérience soit exacte 56. On voit rarement ces moyens réunis. Aussi les génies créateurs ne sont-ils pas communs. XVI Le Philosophe, qui n'aperçoit souvent la Vérité que comme le politique maladroit aperçoit l'Occasion, par le côté chauve, assure qu'il est impossible de la saisir, dans le moment où la main du manoeuvre est portée par le hasard sur le côté qui a des cheveux 57. Il faut cependant avouer que parmi ces manouvriers d'expériences, il y en a de bien malheureux : l'un d'eux emploiera toute sa vie58 observer des insectes, et ne à verra rien de nouveau ; un autre jettera sur eux un coup d'oeil en passant, et apercevra le polype 59, ou le puceron hermaphrodite 60. XVII Sont-ce les hommes de génie qui ont manqué à l'Univers ? nullement. Est-ce en eux défaut de méditation et d'étude ? encore moins. L'histoire des sciences fourmille de noms illustres ; la surface de la terre est couverte des monuments de nos travaux. Pourquoi donc possédons-nous si peu de connaissances certaines ? par quelle fatalité les sciences ont-elles fait si peu de progrès ? sommes-nous destinés à n'être jamais que des enfants ? j'ai déjà annoncé la réponse à ces questions. Les sciences abstraites ont occupé trop longtemps et avec trop peu de fruit les meilleurs esprits ; ou l'on n'a point étudié ce qu'il importait de savoir ; ou l'on n'a mis ni choix, ni vues, ni méthode dans ses études ; les mots se sont multipliés sans fin, et la connaissance des choses est restée en arrière. XVIII La véritable manière de philosopher, c'eût été et ce serait d'appliquer l'entendement à l'entendement ; l'entendement et l'expérience aux sens ; les sens à la Nature ; la Nature à l'investigation des instruments ; les instruments à la recherche et à la perfection des Arts 61 qu'on jetterait au peuple pour lui apprendre à respecter la Philosophie.

« suit-il ? c'est ce qu'on ne saura que quand la Nature qui n'est pas également mystérieuse en tout et partout, se sera dévoilée dans une autre espèce : ce qui arrivera apparemment de l'une de ces deux manières ; ou les formes seront plus évidentes dans les organes ; ou l'émission du fluide se rendra sensible à son origine et sur toute sa route, par son abondance extraordinaire.

Ce qu'on a vu distinctement dans un être ne tarde pas à se manifester dans un être semblable.

En physique expérimentale, on apprend à apercevoir les petits phé- nomènes dans les grands ; de même qu'en physique rationnelle, on apprend à connaître les grands corps dans les petits.

XIV Je me représente la vaste enceinte des sciences, comme un grand terrain parsemé de places obscures et de places éclairées.

Nos travaux doivent avoir pour but, ou d'étendre les limites des places éclairées, ou de multiplier sur le terrain les centres de lumières.

L'un appartient au génie qui crée ; l'autre à la sagacité qui perfectionne.

XV Nous avons trois moyens principaux ; l'observation de la Nature, la réflexion et l'expérience.

L'observation recueille les faits, la réflexion les combine, l'expérience vérifie le résultat de la combinaison.

Il faut que l'obser- vation de la Nature soit assidue, que la réflexion soit profonde, et que l'expérience soit exacte 56 .

On voit rarement ces moyens réunis.

Aussi les génies créateurs ne sont-ils pas communs.

XVI Le Philosophe, qui n'aperçoit souvent la Vérité que comme le politique maladroit aperçoit l'Occasion, par le côté chauve, assure qu'il est impossible de la saisir,. »

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