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Roger Martin du Gard (1881-1958), Le Lieutenant-Colonel de Maumort, VIIe partie, chap. xxii, p. 743/744, Éditions Gallimard, Paris

Publié le 31/03/2011

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Le Français qui n'aime pas l'anarchie, qui a le goût de l'ordre et des choses bien organisées, se trompe lui-même en revendiquant une forme absurde, irréalisable, pernicieuse, de liberté totale. Ce sont des mots qui masquent la vraie réalité, les vraies nécessités de la vie nationale d'un peuple. Chaque Français, dans son bon sens privé, sait bien qu'il faut des règles sociales et des lois justes, pour que fonctionne la famille, la société, l'État. Mais il ne veut pas avouer qu'il a le goût des règles. Il fanfaronne et réclame une liberté anarchique, qui d'ailleurs ne lui a jamais été accordée, et dont il sait bien qu'elle serait néfaste. Au fond, le Français vit dans les règles, mais ne veut pas qu'on le lui dise. Il se soumet de lui-même aux disciplines nécessaires, à condition qu'elles ne soient pas exprimées, et qu'il puisse, en paroles, se dire libre de tout, n'obéissant qu'à sa fantaisie. Jusqu'à quand durera cet enfantillage ? Vous continuez à vous servir du vocabulaire périmé de la Révolution de 89, des mots creux de vos Encyclopédistes, d'un vocabulaire purement intellectuel, vous restez, vous croyez rester fidèles à un impossible et néfaste individualisme matérialiste et vous restez à l'écart du monde nouveau, de l'Europe nouvelle, née de réalités concrètes. Roger Martin du Gard (1881-1958), Le Lieutenant-Colonel de Maumort, VIIe partie, chap. xxii, p. 743/744, Éditions Gallimard, Paris, 1983.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, étudier comment Roger Martin du Gard exprime le goût des Français pour l'apparence de discipline.

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