Soir d'été.

Le ciel comme un lac d'or pâle s'évanouit ; On dirait que la plaine, au loin déserte, pense; Et dans l'air élargi de vide et de silence S'épanche la grande âme triste de la nuit. Pendant que çà et là brillent d'humbles lumières, 5 Les grands bœufs accouplés rentrent par les chemins ; Et les vieux en bonnet, le menton sur la main, Respirent le soir calme aux portes des chaumières. Le paysage, où tinte une cloche, est plaintif Et simple comme un doux tableau de primitif, 10 Où le Bon Pasteur mène un agneau blanc qui saute. Les astres au ciel noir commencent à neiger, Et là-bas, immobile au sommet de la côte, Rêve la silhouette antique d'un berger.

(Au Jardin de l'Infante, Évocations.) (Édition du Mercure de France.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I — L'ensemble. — Tableau de la campagne, un soir d'été. — 1° Sur quelle partie du paysage le poète attire-t-il nos regards, au commencement, puis à la fin de la pièce? (montrer l'obscurité grandissante); 2° Se borne-t-il à peindre? Ne donne-t-il pas une âme à la plaine, à la nuit? (dire pourquoi la plaine, au loin déserte, pense) ; 3° Quelles sont les visions qui forment comme la partie centrale du tableau? 4° Faites-en ressortir l'heureux choix, la sobriété; 5° Le paysage est-il silencieux? Quel son se fait entendre? 6° Quelle impression laisse en vous ce tableau? (calme, mélancolie...).

II — L'analyse du morceau. — 1° Distinguez les différentes parties du morceau : a) La nature, un soir d'été ; b) Le village, à la tombée de la nuit ; c) La silhouette du berger, au sommet de la côté) ; 2° A quoi le poète compare-t-il le ciel, — et pourquoi dit-il que le ciel s'évanouit? 3° Que devient progressivement la plaine, à l'heure du crépuscule? 4° Que voit-on briller çà et là dans le village? 5° Quels animaux rentrent par les chemins? 6° La vision des vieux, aux portes des chaumières, n'est-elle pas d'une grande exactitude? 7° A quelle comparaison a recours le poète pour montrer la simplicité et la sérénité du paysage? 8° Quelle figure fait-il apparaître, en terminant? 9° Montrez que cette vision, si nette, si pittoresque, fait en quelque sorte corps avec le paysage, dont elle est l'un des traits les plus caractéristiques.

III — Le style ;— les expressions. — 1° Faites ressortir la précision et la délicatesse du style; 2° Montrez la beauté des images (... comme un lac d'or pâle, les astres commencent à neiger, etc.); 3° Indiquez quelques mots de valeur (ex. : la plaine pense..., s'épanche la grande âme...); quelle place occupent-ils dans levers? (Pourquoi?) 4° Qu'appelle-t-on d'humbles lumières ? 5° Quelle différence y a-t-il entre sonner et tinter ? 6° Pourquoi les astres commencent-ils à neiger? 7° Qu'est-ce qu'une silhouette? Pourquoi le corps du berger apparaît-il comme une silhouette, et pourquoi cette silhouette est-elle antique? (le métier de berger est l'un des plus anciens de l'humanité, et l'image du berger est, depuis longtemps, bien connue) ; 8° Quel est le sens de rêve ? Montrer l'harmonie qui existe entre ce berger qui rêve, et la plaine qui pense.

IV. — La grammaire. — 1° Indiquez un adjectif de la même famille que chacun des noms : été, ciel, air, nuit, 2° Nature et fonction de chacun des mots suivants : Pendant que çà et là brillent d'humbles lumières. Rédaction. — Vos impressions, à l'heure du crépuscule, en été, à la campagne.