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Stendhal Le Rouge et le Noir, II, 10.

Publié le 27/04/2011

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Nous sommes sous la Restauration. Plébéien ambitieux, Julien Sorel a quitté la scierie paternelle où il travaillait dans l'ennui pour devenir précepteur chez le maire de son village jurassien, Monsieur de Rénal, un ultra. Il se bat pour ménager son indépendance jusque dans la liaison qu'il noue avec Madame de Rénal. Il entre ensuite au séminaire de Besançon dans l'espoir que le « noir « lui livre les clefs de la réussite. Le voici maintenant à Paris secrétaire du marquis de La Mole, un des seigneurs les plus influents du parti ultra, et qui pourrait être bientôt ministre. Il est amené à rencontrer souvent la fille du marquis, Mathilde, hautaine et méprisante. Entre les deux jeunes gens, les relations ne sont pas simples. En voici un exemple.    Les guerres de la Ligue sont les temps héroïques de la France, lui disait-elle un jour, avec des yeux étincelants de génie et d'enthousiasme. Alors chacun se battait pour obtenir une certaine chose qu'il désirait, pour faire triompher son parti, et non pas pour gagner platement une croix comme du temps de votre empereur. Convenez qu'il y avait moins d'égoïsme et de petitesse. J'aime ce siècle.  — Et Boniface de La Mole en fut le héros, lui dit-il.    — Du moins il fut aimé comme peut-être il est doux de l'être. Quelle femme actuellement vivante n'aurait horreur de toucher à la tête de son amant décapité ?    Madame de La Mole appela sa fille. L'hypocrisie, pour être utile, doit se cacher ; et Julien, comme on voit, avait fait à mademoiselle de La Mole une demi-confidence sur son admiration pour Napoléon.    Voilà l'immense avantage qu'ils ont sur nous, se dit Julien, resté seul au jardin. L'histoire de leurs aïeux les élève au-dessus des sentiments vulgaires, et ils n'ont pas toujours à songer à leur subsistance ! Quelle misère ! ajoutait-il avec amertume, je suis indigne de raisonner sur ces grands intérêts. Ma vie n'est qu'une suite d'hypocrisies, parce que je n'ai pas mille francs de rente pour acheter du pain.    — A quoi rêvez-vous là, monsieur? lui dit Mathilde, qui revenait en courant.    Julien était las de se mépriser. Par orgueil, il dit franchement sa pensée. Il rougit beaucoup en parlant de sa pauvreté à une personne aussi riche. D chercha à bien exprimer par son ton fier qu'il ne demandait rien. Jamais il n'avait semblé aussi joli à Mathilde ; elle lui trouva une expression de sensibilité et de franchise qui souvent lui manquait.    Stendhal Le Rouge et le Noir, II, 10.    Sans dissocier la forme et le fond vous ferez un commentaire composé de ce texte. Vous pourrez par exemple étudier le jeu subtil qui préside à l'échange des idées entre les deux personnages, les données psychologiques et sociologiques sur lesquelles s'organise la relation, l'attirance qui porte de plus en plus les deux jeunes gens l'un vers l'autre.

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