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Treitschke, sur l'unification allemande

Publié le 14/04/2013

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En 1864, alors qu’Otto von Bismarck cherche à constituer un ensemble allemand organisé autour de la Prusse, l’historien Heinrich von Treitschke (1834-1896), futur historiographe du royaume de Prusse et député de la droite nationale au Reichstag (1871), prononce un discours sur « L’unification de l’Allemagne «. Celui qui est l’un des principaux théoriciens du pangermanisme défend l’idée d’un centre de gravité prussien pour la future Allemagne et recourt à l’exemple italien pour exhorter les partisans de l’unification.

« L’unification de l’Allemagne « par Heinrich von Treitschke

 

Si, à Berlin, on reste fidèle aux anciennes et respectables traditions, si on possède l’inébranlable volonté de ne jamais détendre, sous aucun prétexte, les liens de l’alliance fédérative avec les peuples frères du Sud, l’agrandissement de la Prusse au Nord devient, sans conteste, le moyen le plus efficace d’empêcher le partage de l’Allemagne. Car il est certain qu’une Prusse fortifiée par des alliances combattra, avec plus de succès qu’aujourd’hui, l’influence française ou autrichienne sur les provinces du Sud. Il nous semble qu’un bastion puissant existe dès maintenant pour empêcher la dislocation des États du Sud et du Nord : c’est l’union douanière. Que l’on mesure avec calme l’importance immense de l’économie politique dans notre siècle ; que l’on se demande s’il est possible qu’à l’avenir Nuremberg cherche des débouchés commerciaux sur les chemins du Havre ou de Trieste, et l’on conviendra qu’un ciment très solide unit, malgré tout, les États du Nord et du Sud, et que la rupture des liens, au Sud, est chose plus vite dite que faite. Retenons quelque chose de l’esprit politique des Italiens. Ils ont reconnu que l’accroissement en force de l’État le plus puissant d’un groupe d’États secondaires est, de toutes façons, un bienfait pour un peuple divisé. […]

 

 

Considérons maintenant avec tout le calme possible, et bien en face, quels sont les faits du mouvement unitaire italien, pour mesurer s’il existe vraiment entre l’état des choses en Italie et en Allemagne une parenté aussi étroite que l’affirment nos unitaristes. Je dis — avec autant de calme que possible — car les temps ne sont pas encore venus où un patriote allemand pourra regarder ces luttes glorieuses d’où sont nées la liberté et l’unité italiennes, sans qu’une profonde émotion lui étreigne le cœur.

 

 

Celui qui n’a pas perdu toute notion de la grandeur de l’humanité par une trop humble soumission à la maison de Habsbourg, celui-là doit considérer avec une joie sereine cet événement merveilleux : comment un peuple moralement atrophié a, pendant cinquante ans, péniblement travaillé à conquérir de nouveau l’unanimité et le courage qui l’honorent, comment il a contraint le fait de l’unité géographique italienne à devenir une réalité politique.

 

 

Source : Texte de Heinrich Goothard von Treitschke sur l'unification allemande cité dans Andler (Charles), le Pangermanisme, Paris, Armand Colin, 1916.

 

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