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unification allemande

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

unification allemande, période de l’histoire de l’Allemagne qui a abouti au regroupement des États allemands sous l’égide de la Prusse (1806-1871).

Limitée chronologiquement par la dissolution du Saint Empire romain germanique (1806) et par la proclamation du IIe Reich (1871), la période du Zwischenreich (entre-deux-empires) est fondamentale dans l’histoire de l’Allemagne : marquée par le processus d’unification politique, elle est également durablement bouleversée d’un point de vue économique (avec le passage à une économie industrielle) et social (avec l’émergence du pangermanisme). Durant toute cette période, deux États germaniques s’affrontent pour la réalisation de l’unité sous leur direction, l’Autriche et la Prusse.

2   LES FACTEURS DE L’UNITÉ
2.1   Le sentiment national

En 1806, en mettant un terme au séculaire Saint Empire, Napoléon Ier donne naissance à une confédération d’États allemands, la confédération du Rhin. Mais l’instauration du français comme langue obligatoire et le poids de l’administration française suscitent une francophobie qui stimule, par un effet mécanique évident, le sentiment national allemand. Théorisé par Fichte (Discours à la Nation allemande, 1808), ce sentiment se cristallise progressivement dans les consciences.

2.2   La confédération d’États

Après la chute de Napoléon, les traités de 1815 redessinent et simplifient quelque peu la carte politique des pays germaniques, au profit des grandes principautés, notamment de l’Autriche et de la Prusse. Chancelier autrichien et champion de l’ordre européen issu du congrès de Vienne, le prince de Metternich impose aux États allemands la Confédération germanique, dont son conseil aux pouvoirs restreints, la Diète de Francfort, est sous le joug autrichien. Le système Metternich de haute surveillance des États de la Confédération laisse alors peu d’espace à tout sentiment national et pangermaniste.

Pourtant, durant les premières décennies du xixe siècle, les Burschenschaften (camaraderies) — associations universitaires d’inspiration libérale — et les écrivains se réclamant du mouvement « Jeune-Allemagne « revendiquent déjà une Allemagne unifiée et démocratique avant que les associations ne soient supprimées et leurs membres exilés. Le reste des populations germaniques subit durement le marasme économique dû, pour partie, à la complexité de la Confédération.

3   LES PREMIERS PAS VERS L’UNITÉ
3.1   L’union douanière, première étape vers l’unification

Dans une Allemagne morcelée, les frontières sont nombreuses et les péages qui les jalonnent brident considérablement le commerce, donc tout démarrage industriel. En 1834, la Prusse initie une union douanière, le Zollverein, qui impose un tarif douanier unique et devient rapidement une véritable zone économique couvrant la plupart des États allemands, à l’exception de l’Autriche.

Cette unité économique orchestrée par la Prusse est efficacement complétée par un réseau de chemin de fer qui est élaboré à partir de 1840. La Prusse brille bientôt par son dynamisme économique et par sa production industrielle : elle jouit, en effet, de la production du bassin houiller de la Ruhr et abrite des familles à fort potentiel — la famille Krupp, qui travaille dans l’acier depuis le début du siècle, prend son essor lors du décollage industriel du milieu du xixe siècle.

3.2   Le parlement de Francfort et l’échec de 1848

Le « Printemps des peuples « qui secoue l’Europe à partir de 1848 avive la question du nationalisme allemand. Les mouvements révolutionnaires prennent leur élan dans les régions du sud de l’Allemagne puis, manifestant l’existence de liens réels entre les différents États, s’étendent de la Bavière à la Prusse. L’insurrection est à la fois libérale et nationale : un parlement de Francfort est créé pour construire l’unité de la nation allemande. Comme le souligne l’historien François Roth, l’objectif unique de ce parlement est de « réaliser l’unité politique des peuples allemands dans un Empire dont les institutions seraient fondées sur la souveraineté populaire. À cette tâche, l’assemblée doit associer les États pour transformer la Confédération d’États en 1815 en un État fédéral. «

S’il ne règle pas clairement la question du régime, le parlement de Francfort nomme un gouvernement provisoire qui s’applique à donner à l’Allemagne une existence officielle (même s’il ne dispose d’aucun moyen financier ni de force armée propre). Il crée ainsi une diplomatie, abolit les douanes intérieures et prévoit l’annexion de tous les territoires germanophones, qu’ils soient suisses, luxembourgeois ou hollandais.

Au cours de cette période, des débats animés opposent les partisans d’une « Petite Allemagne « — strict pangermanisme à dominante prussienne — à ceux d’une « Grande Allemagne « intégrant l’Autriche — idéal austrophile de Mitteleuropa. En janvier 1849, le Parlement choisit la solution prussienne et élit peu après le roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV empereur d’Allemagne. Le refus de cette élection par le souverain prussien est motivé à la fois par la crainte de devoir sa couronne à une assemblée révolutionnaire (et non à une légitimité dynastique traditionnelle) et par la crainte de représailles du puissant voisin autrichien. En définitive, son refus est, d’une part, le coup de grâce du parlement de Francfort et, d’autre part, l’échec d’une unification réalisée par la voie libérale ; l’autre voie, choisie bientôt par le Prussien Otto von Bismarck, a pour critères l’autoritarisme et le conservatisme.

3.3   De l’« Union restreinte « à la reculade d’Olmütz

Pour sa part, l’Autriche n’a pas abandonné son ambition de réunir les États allemands sous sa direction. Aussi, lorsque Frédéric-Guillaume IV de Prusse crée, en 1850, une « Union restreinte « — fédération associant la Prusse, la Saxe et le Hanovre, mais à laquelle refuse d’adhérer la Bavière —, François-Joseph Ier le menace d’un conflit ouvert avec l’Autriche et son alliée la Russie. La reculade d’Olmütz de novembre 1850 renvoie alors l’Allemagne à la situation de 1815, régie par la Confédération germanique. Victorieuse sur le plan politique, l’Autriche n’est pas pour autant intégrée au Zollverein et, d’un point de vue économique, la Prusse demeure l’État le plus puissant de la Confédération.

4   LA CONSTRUCTION DE L’UNITÉ AUX DÉPENS DE L’AUTRICHE ET DE LA FRANCE
4.1   L’Autriche écartée à Sadowa

En octobre 1864, trois petits duchés germanophones sous domination danoise — le Schleswig, le Holstein et le Lauenburg — donnent l’occasion à la Prusse et à l’Autriche de s’allier pour les récupérer (voir guerre des Duchés). Ce qui pourrait apparaître comme un signe d’apaisement est en fait, pour le chef du gouvernement prussien Otto von Bismarck, l’occasion de discréditer l’Autriche. L’administration du Holstein revenant à l’Autriche et celle du Schleswig et du Lauenburg à la Prusse, Bismarck prétexte la mauvaise gestion autrichienne pour susciter un conflit et finit par déclarer la guerre à l’Autriche (voir guerre austro-prussienne). Mais, afin d’éviter la répétition de la mésaventure d’Olmütz, Bismarck a auparavant pris le soin de s’assurer de la neutralité des principaux États voisins.

Très rapidement, l’Autriche subit une sévère défaite à Sadowa (3 juillet 1866) et doit s’incliner ; par la paix de Prague (23 août 1866), elle doit laisser la Prusse s’emparer des États situés au nord du Main dans le cadre de la confédération de l’Allemagne du Nord et accepter la dissolution de la Confédération germanique.

4.2   La guerre contre la France

L’Autriche définitivement écartée du monde germanique, il ne reste plus à la Prusse qu’à dépasser les réticences des États du Sud. Louis II de Bavière, en particulier, ne souhaite pas être chassé du trône, même au nom de l’Unité allemande. Habile tacticien, Bismarck, qui a laissé espérer à Napoléon III des compensations territoriales pour son attitude pendant la guerre des Duchés, laisse ce dernier se rendre impopulaire en Allemagne, par ce qu’il est convenu d’appeler la politique des « pourboires « ; demandant successivement la Sarre, le Palatinat bavarois, la Hesse rhénane, la Belgique et le Luxembourg, le chef de l’État français suscite un sentiment francophobe dans l’opinion allemande et se pose en ennemi de l’intégrité territoriale allemande.

Fin manipulateur, Bismarck utilise la dépêche d’Ems pour pousser Napoléon III à commettre l’acte d’agression souhaité : la France déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870 (voir guerre franco-allemande). En trois semaines, les troupes françaises sont débordées de toutes parts et Napoléon III capitule le 2 septembre à Sedan.

4.3   La proclamation du IIe Reich

La guerre franco-allemande fournit à Bismarck une victoire fondatrice : alors que Paris résiste toujours, le 18 janvier 1871, le chancelier fait proclamer par les princes l’Empire allemand (Deutsches Reich), réunissant l’ancienne Confédération de l’Allemagne du Nord, les États du Sud ainsi que l’Alsace et la Lorraine du Nord nouvellement annexées.

La galerie des glaces de Versailles, lieu symbolique de la proclamation du IIe Reich, incarne clairement la façon dont s’est élaborée l’unité. S’appuyant sur une réalité culturelle et économique, la Prusse a concrétisé politiquement sa domination sur les États allemands « par le fer et par le sang «, selon les termes de Bismarck. Mais si l’unification politique de l’Allemagne est l’œuvre d’un État (la Prusse) et notamment d’un homme (Bismarck), l’union des peuples germanistes aux forts particularismes est encore longue.

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