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(Un paysan, Jourdan, est sorti la nuit pour travailler dans son champ, car il est convaincu qu'il va se passer quelque chose. D'où l'atmosphère particulière du passage.)

Publié le 23/04/2011

Extrait du document

   « ... Ils s'étaient arrêtés depuis un moment, Jourdan et le cheval, sans se rendre compte. Le temps ne presse pas. Espérer fait peut-être vivre.    « Maintenant, les étoiles étaient dans toute leur violence. Il y en avait de si bien écrasées qu'elles égouttaient de longues gouttes d'or. On voyait les immenses distances du ciel.    « Il pouvait être à ce moment-là trois heures du matin.    « Il finit son sillon. C'était le quatrième. Il tourna encore une fois le dos à la forêt et il commença à descendre le cinquième en direction de la ferme Fra-Josépine. Il n'y avait rien de changé. Le cheval marchait pareil, Jourdan marchait pareil, l'herbe craquait pareil. Ni les bruits, ni l'odeur, ni la nuit dorée.    « Pourtant il y avait quelque chose. Jourdan le sentait dans son dos. Il n'osait pas regarder. Plus il se forçait pour résister à l'envie de tourner la tête, plus il sentait qu'il fallait tourner la tête. Non. Il poussa le cheval.    « Déjà, il y avait quelque chose de changé : le froissement plus rapide de la terre fendue par le coutre et le fer du cheval qui tinta contre la chaîne de ridelle.    « Au bout du sillon il se dit : « Maintenant, regarde! « Le champ montait jusque vers la forêt, mais là-haut il était arrêté net contre la nuit. Juste sur la ligne on voyait le corps d'un homme. C'était un homme parce qu'il était planté, les jambes écartées, et, entre ses jambes, on voyait la nuit et une étoile. «    Jean Giono, Que ma joie demeure.    • Vous ferez un commentaire composé de ce texte en insistant particulièrement sur la progression dramatique du récit, sur la transfiguration poétique de la réalité, sur les traits caractéristiques de l'expression qui se veut simple.

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