VLAMINCK : Extrait de Paysages et personnages

« Après tout ce qui a été écrit sur l'art, sur l'Art avec un grand A, je n'aime pas parler d'art... « (Extrait de Paysages et personnages)

« La peinture pure ? La couleur sortant du tube ? Ces moyens élémentaires, dont je me servais instinctivement il y a cinquante ans, sont devenus des slogans et des théories intellectuelles !... Dans l'orchestre que je dirigeais, j'avais décidé, pour me faire entendre, de ne me servir que des cuivres, des cymbales, de la grosse-caisse, qui étaient en cette occurrence les tubes de couleur. De même que j'aurais donné l'ordre aux musiciens de souffler à pleins poumons dans le saxophone, le piston et le trombone à coulisse, de même je faisais éclater les tubes de couleur sur ma toile et n'employais que les vermillons, les chromes, les verts et les bleus de prusse pour hurler ce que je voulais dire«. (Ibid.)

« Devant les tableaux que compose la nature, tableaux qui disparaissent sitôt nés pour se recomposer différents, devant ce spectacle, des sentiments, des réminiscences, des souvenirs, des émotions oubliées, intransmissibles et fugitives, surgissent, naissent et s'évanouissent en laissant la certitude que jamais plus on ne pourra les ressentir à nouveau. Vibrations qui font par sympathie résonner les cordes d'une harpe cachée dans le subconscient et le tréfonds de l'être, de l'âme et du cœur. J'ai tenté toute ma vie de peindre ces sentiments intraduisibles pour la parole ou la plume en me servant de couleurs pour arrêter le film du temps et le fixer sur la toile. J'ai tenté de recréer, chez le spectateur, des émotions que l'on croyait à tout jamais enfouies et disparues en utilisant, comme supports, d'autres paysages, d'autres sujets, d'autres objets «. (Ibid.)

« Ce que je voulais peindre, c'était l'objet lui-même, avec son poids, sa densité, comme si je l'avais représenté avec la matière même dont il était formé. J'aspirais à faire vivre l'objet sous son aspect intérieur et réel, tel que l'être le lui avait assigné, en rapport avec l'émotion qu'il déclenchait en moi«. (Ibid.)

« La peinture n'est pas une occupation agréable qui doit infailliblement nourrir son homme«. (Extrait de Portraits avant décès.)

« Je n'ai jamais travaillé. J'ai peint. J'ai tenté de faire rendre à un don naturel tout ce qu'il pouvait donner. J'ai voulu qu'on me connaisse tout entier, avec mes qualités et mes défauts. Je n'ai rien dissimulé sous des formules, rien travesti par des emprunts faits aux musées, aux morts. Est-ce cela qu'on appelle « ne pas travailler « ? «