XXI Je jetai les yeux sur M.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
cabaret.
Cependant, jetrouvai queBarnard n’étaitqu’unespritsanscorps, ou,sivous préférez, unefiction, etson hôtel
le plus triste assemblage deconstructions mesquinesqu’onaitjamais entassées dansuncoin humide pouryloger un
club dematous.
Nous entrâmes danscetasile parune porte àguichet, etnous tombâmes, parunpassage decommunication, dans
un mélancolique petitjardin carré,quime fitl’effet d’uncimetière sanssépulture nitombeaux.
Jecrus voirqu’il yavait
dans celieu lesplus affreux arbres,lesplus affreux pierrots, lesplus affreux chatsetles plus affreuses maisons,au
nombre d’unedemi-douzaine àpeu près, quej’eusse jamaisvus.Jem’aperçus quelesfenêtres decette suitede
chambres, quidivisaient cesmaisons, avaientàchaque étagedesjalousies délabrées, desrideaux déchirés, despots à
fleurs desséchés, descarreaux brisés,desamas depoussière etde misérables haillons,pendant quelesécriteaux : À
LOUER –À LOUER –À LOUER –À LOUER, sepenchaient surmoi endehors deschambres vides,comme side nouveaux
infortunés nepouvaient serésoudre àles occuper, etque lavengeance del’âme deBarnard devaitêtrelentement
apaisée parlesuicide successif desoccupants actuelsetpar leur enterrement nonsanctifié.
Unlinceul, dégoûtant de
suie etde fumée, enveloppait cettecréation abandonnée deBarnard.
Voilàtoutcequi frappait lavue aussi loinqu’elle
pouvait s’étendre, tandisquelapourriture sècheetlapourriture humideettoutes lespourritures muettesqui
existaient delacave augrenier, également négligés,lamauvaise odeurdesrats etdes souris, despunaises etdes
remises qu’onavaitsouslamain, s’adressaient àmon sensolfactif etsemblaient gémiràmes oreilles :
« Voilà laMixture deBarnard, essayez-en. »
Cela réalisait sipeu lapremière demes grandes espérances, quejejetai unregard dedésappointement sur
M. Wemmick.
« Ah ! dit-ilenseméprenant, cetteretraite vousrappelle lacampagne ; c’estcomme àmoi. »
Il me conduisit paruncoin enhaut d’unescalier quime parut s’effondrer lentementsouslapoussière dontilétait
encombré ; desorte qu’au premier jourleslocataires del’étage supérieur, ensortant dechez eux,pouvaient setrouver
dans l’impossibilité dedescendre.
Surl’une desportes, onlisait : M. Pocket junior,etécrit àla main, surlaboîte aux
lettres : va
bientôt rentrer.« Il
nepensait sansdoute pasque vous seriez arrivésimatin, ditM. Wemmick.
Vousn’avez plusbesoin demoi ?
– Non, jevous remercie, dis-je.
– Comme c’estmoiquitiens lacaisse, ditM. Wemmick, ilest probable quenous nousverrons assezsouvent.
Bonjour !
– Bonjour ! »
J’avançai lamain, etM. Wemmick commençaparlaregarder, commes’ilcroyait quejelui demandais quelque
chose, puisilme regarda, etdit ensereprenant :
« Oh ! certainement oui...vousavezdonc l’habitude dedonner despoignées demain ? »
J’étais quelque peuconfus, enpensant quecela n’était plusdemode àLondres ; maisjerépondis queoui.
« J’en aisipeu l’habitude maintenant, ditM. Wemmick ; cependant,croyezquejesuis bien aisedefaire votre
connaissance.
Bonjour. »
Quand nousnous fûmes serrélesmains etqu’il futparti, j’ouvris lafenêtre donnant surl’escalier, etjemanquai
d’avoir latête coupée, carlescordes delapoulie étaient pourries etlafenêtre retomba commeuneguillotine
1 .
Heureusement celafutsiprompt quejen’avais paseuletemps depasser matête audehors.
Aprèsavoiréchappé
à cet accident, jeme contentai deprendre uneidée confuse del’hôtel àtravers lafenêtre incrustée depoussière,
regardant tristement dehors,etme disant quedécidément Londresétaituneville infiniment tropvantée.
L’idée queM. Pocket juniorsefaisait dumot « bientôt », n’étaitcertespaslamienne, carj’étais devenu presque
fou, àforce deregarder dehors,etj’avais écrit,avecmon doigt, monnomplusieurs foissurlapoussière dechacun des
carreaux delafenêtre avantd’entendre lemoindre bruitdepas dans l’escalier.
Peuàpeu cependant, parutdevant moi
le chapeau, puislatête, lacravate, legilet, lepantalon etles bottes d’ungentleman àpeu près semblable àmoi.
Il
portait souschacun deses bras unsac enpapier etun pot defraises dansunemain.
Ilétait toutessoufflé.
« Monsieur Pip ?dit-il.
– Monsieur Pocket ?dis-je.
– Mon cher !s’écria-t-il, jesuis excessivement fâché,maisj’aiappris qu’ilarrivait àmidi unediligence devotre.
»
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