Album de vers anciens Paul VALÉRY 1920

Valéry a publié sous ce titre une partie seulement des vers qu’il avait écrits dans les années 1890-1900. La composition du recueil a varié lors des rééditions. Il règne dans ces « vers anciens » une atmosphère précieuse et artificielle, très caractéristique des modes symbolistes. Jardins, marbres, bassins, cygnes, azur et clairs de lune fournissent le décor d’une permanente féerie (deux poèmes portent ce titre) autour de figures féminines rêveuses (cf. La Fileuse, Naissance de Vénus, Baignée, Au bois dormant, Épisode),

Aux pures recherches plastiques se mêlent cependant des thèmes typiquement valéryens, promis à de nombreux retours dans l’œuvre du poète. Ainsi voit-on apparaître, dans Narcisse parle, ce bel adolescent de la mythologie grecque qui s’est épris de son image découverte dans une fontaine; son aventure figurera, pour Valéry, les charmes et les pièges de l’attention exclusive à soi-même. Dans Été, autour d’une dormeuse, la mer, l’espace, le soleil s’imposent jusqu’à l’accablement comme ils feront dans Le Cimetière marin (cf. Charmes). Enfin, Air de Sémiramis développe l’idée chère à Valéry que l’on existe seulement dans la lucidité qui est, avec les actes créateurs qui en naissent, la réplique de l’homme au monde. Ce sont les prémices de l’œuvre à venir que l’on aime chercher parmi ces « vers anciens ».