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Capitale de la Douleur Paul ÉLUARD 1926

Ce recueil poétique fut ressenti comme l’heureuse expression des ambitions surréalistes. La première section, Répétitions, publiée dès 1922, est ainsi présentée par Eluard : « Il s’agissait de recueillir tous les déchets de mes poèmes à sujets, limités et forcément arides, toutes les parties douces comme des copeaux qui m’amusent et me changent un peu. » Éluard livre le lecteur au hasard des mots et des images, faisant dire à la Parole : «J’ai la beauté facile et c’est heureux. » Dans la deuxième, Mourir de ne pas mourir (1924), un chant plus continu s’élève, traduisant la ferveur du poète devant le monde et devant l’amour (Au cœur de mon amour, L'Amoureuse). L’intervention garde parfois un air classique : «L’eau se frottant les mains aiguise des couteaux. / Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots / Et le bruit de leurs coups est semblable à celui / Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux. » (Le Sourd et l'Aveugle.) La troisième, Les Petits Justes, est faite d’esquisses (six vers au plus) qui ont un air d’énigmes. La section la plus copieuse, Nouveaux Poèmes, rassemble des vers et des pages de prose où la disponibilité du poète à l’égard des images, des couleurs, des formes et des mots donne une allure, de délire à la quête de la beauté, du rêve et de l’amour. Beaucoup sont dédiés à des peintres — Picasso, André Masson, Max Ernst, Paul Klee — qui pratiquaient une invention de même esprit. Une structure quasiment classique vient aussi souvent discipliner l’élan lyrique (Les Gertrude Hoffmann girls, Leurs Yeux toujours purs, La Courbe de tes yeux).
Pour Éluard, l’important est d’enseigner une attitude plutôt que d’imposer une œuvre.

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