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FEU (symbole)

FEU la force vitale et cosmique
Première conquête de l’homme primitif, le feu présida aux débuts de la civilisation. On le produisait au moyen de deux bâtons et d’une roue, geste qui, dans les contes, légendes et folklore de nombreux pays, symbolise l’acte sexuel. • Le rite du feu permanent remonte à la préhistoire, où il répondait à une utilité pratique (remplacer le soleil et écarter les animaux féroces la nuit). A une époque plus tardive, il constitue un rite magico-religieux: il était destiné à empêcher la mort du soleil, à renforcer son énergie vitale ou assurer sa résurrection perpétuelle : feu perpétuel des Vestales romaines, rites mazdéens liés au culte du soleil... Cette permanence des feux terrestres devient une image de l’immortalité de la vie, similaire à la permanence du feuillage des arbres verts (pins, sapins). • Essence de la divinité et dispensateur de la lumière, adoré par les Celtes en Vulcain sous le double emblème du soleil et de la lune, le feu occupait la place du soleil au centre des temples orphiques, les colonnes l’entourant figuraient les parties de l’univers qui lui sont subordonnées.
• Symbole du dieu bon et considéré lui-même comme un être céleste, chef du monde qui se manifeste dans la flamme terrestre et le soleil, le feu était adoré par les Mazdéens. Le culte du feu perpétuel était, avec la préparation du haoma, le point central de leur religion. L’officiant qui l’allumait avec les baguettes sacrées (baresma) portait un voile (le panôm) devant la bouche pour que son souffle ne souille pas la flamme sacrée (19-191). Ce culte survit chez les Parsis et les Guèbres de l’Inde, pour lesquels le feu est toujours l’essence de tous les pouvoirs actifs, mais aussi dans les lampes des sanctuaires du monde entier : temples, flamme du soldat inconnu, flambeau des jeux olympiques... témoignages de l’éternité du principe énergétique de la force essentielle du Créateur. • Les Anciens le considéraient comme-la manifestation de Dieu, qui devient ainsi accessible à la perception et aux sens humains : les platoniciens démontraient les modes d’action de Dieu par les images de la lumière et du feu. • Dans l’hindouisme, le feu revêt avec Agni un triple aspect : générateur, purificateur et destructeur dans les feux céleste, terrestre, cosmique, magique et rituel.., dans la chaleur de la colère et de la digestion (50-275). Le feu représente ici l’illumination intellectuelle, la volonté de conquête du guerrier destructeur. • Le feu du ciel: éclair et tonnerre, est l’attribut d’Indra, puissance guerrière et agricole, et la chaleur dégagée par le feu s’associe à Surya. • La flamme du feu du foyer des Mayas remplit une fonction identique à la flamme d’Agni : sa lumière exprime la matérialisation de l’esprit divin, comme la lumière d’une bougie représente l’âme d’un mort. • Symbole de vie, par analogie avec la chaleur des rayons solaires, le feu, qui débarrasse la matière des impuretés, rejette les scories, est un agent de régénération et de purification (les langues de feu purificateur descendirent sur la tête des apôtres le jour de la Pentecôte). • Selon les gnostiques, le feu est lié à la génération: dans l’homme, le Feu, source de toutes choses, est l’origine dé l’acte générateur humain. Ce feu, comme le feu primitif, est un; mais il est double dans ses effets: chez l’homme c’est le sang chaud et rouge transmué en sperme; chez la femme, le sang se change en lait.
• En Egypte, génération et destruction formaient le double principe efficace des deux pouvoirs antagonistes du feu spécialement le feu éthéré concentré dans le soleil, agissant perpétuellement dans le monde, l’un créant (incarné par Osiris). • Psychopompe chez les Grecs, medium entre la vie présente et la vie future, le feu était le réel émancipateur de l’âme qu’il débarrasse de la souillure terrestre (comme le van sépare le blé de la poussière et de la paille). Aussi faut-il que le corps soit consumé par lui pour que s’effectue la séparation des deux principes, perception (pensée et intuition) et sensation. D’où la coutume de l’incinération. • Moteur de la régénération périodique, lié aux forces chtoniennes, le feu représentait pour les Mexicains la force profonde qui' permet l'ascension à partir des profondeurs. Aussi offrait-on des sacrifices humains au dieu du feu résidant dans lé nombril de la terre pour que la vie du soleil ne s’éteigne pas et afin de permettre au feu nouveau de s’allumer. L’allumage de ce feu (tous les 52 ans, marquant la coïncidence des deux calendriers lunaire et divinatoire, moment où le soleil risquait de disparaître) donnait lieu à un rite exceptionnel : après le sacrifice d’un captif à minuit au sommet d’une montagne et l’extinction de tous les feux, on faisait jaillir une flamme d’une planche où tournait un bâton. A ce brasier, des coureurs allumaient des torches de pin et portaient jusqu’aux villages éloignés la flamme nouvelle qui assurait la vie du soleil et du monde pour un nouveau cycle de 52 ans. Ce rite évoque la fête de Prométhée à Athènes avec ses coureurs, et la fête du feu nouveau qu'on va chercher dans le temple à l’occasion du nouvel an, qui se pratiquait encore il y a peu, à Kyoto, souvenir d’un rituel magique pour le solstice d’hiver. • Pour les tantristes, le feu est un symbole masculin, le foyer un symbole féminin. Parce qu’il fait passer ce qu’il embrase d’un état grossier et matériel à un état supérieur, ils l’assimilent à l’ascension de la kundalini, l’énergie vitale, le long des centres déjà colonne vertébrale (chakras), qui sont consumés par la transformation progressive de l’énergie séminale en énergie spirituelle.
• D’après la loi des analogies, en Occident, le feu correspond au Bélier, au sec, au chaud, à la planète Mars, au rouge, au masculin et au spirituel, à la joie (feux de joie). Et en Chine, le feu (hio) est l’un des éléments ou états de mutation fonctionnant en corrélation avec le Sud, le rouge, la saveur amère, l’odeur de brûlé, la poule et l’espèce des animaux à plumes. • Les alchimistes taoïstes ont appliqué la chaleur produite par le feu au contact de la matière au centre du cœur humain, creuset intérieur, anatomiquement localisé au plexus solaire. • La chaleur des rayons solaires peut s’avérer meurtrière et se comparer au feu de la passion dévorante et de la guerre. Tandis que la fumée qui obscurcit, étouffe, symbolise l’aveuglement et l’anéantissement de la conscience. L’incendie, comme les torches et les bombes incendiaires provoquent la panique et font fuir. Dans cette lignée, le feu devient instrument de châtiment : Lucifer, le porte-lumière est devenu le prince du feu infernal. • Les rêves de feu ne sont jamais insignifiants; ils touchent à de grandes puissances psychiques... témoignent d’une vie intense et puissante, mais indiquent aussi le péril... Si un grand feu clair peut exprimer la naissance d’un sentiment nouveau, un incendie indique qu’un feu a pris naissance dans l’âme... un feu de destruction. Le rêveur devra vivre avec la plus grande prudence et rechercher scrupuleusement de quel côté vient l’odeur de brûlé.

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